Corruption, népotisme et conflit au centre paramilitaire de contrôle et de renseignement

Corruption, népotisme et conflit au centre paramilitaire de contrôle et de renseignement Des documents et des données obtenus ont révélé des cas de corruption, de népotisme et de conflit qui ont considérablement affecté les performances du centre paramilitaire créé en 2015, à des fins de contrôle, de collecte d’informations et de renseignements.

Outre les marchés conclus par ledit centre, caractérisés par l’acquisition d’équipements insuffisants pour mener à bien sa mission, une forte présence des fils et des proches des hommes influents dans les listes de son personnel, avec des salaires rémunérateurs, ont été également constatés.

La double inspection menée de part et d’autre par l’IGE et l’inspection des forces armées et de sécurité a révélé par ailleurs une corruption financière qui a occasionné la disparition de sommes appréciables.

Le Centre de commandement, de contrôle et de services du ministère de la Défense nationale, aux initiales CCCI, dont la direction avait été confiée au Colonel Sidaty Ould Hamadi avait été créé en octobre 2015 afin de doter le pays des capacités de contrôle et de protection de l’espace aérien national du pays.

Le centre avait commencé ses activités en recrutant 10 enseignants, 7 civils et 3 officiers de l’armée (un capitaine et deux lieutenants).

Les civils avaient été choisis sur un groupe précédemment formé par l’Agence Nationale de l’Aviation Civile (ANAC).

Le centre avait conclu un accord pour acquérir des radars auprès de la société brésilienne « Embraer », avec laquelle, le Chef d’État-major de l’armée de l’air, le Général de division Mohamed Ould Hreitani est accusé d’entretenir des relations particulières, allant des marchés de l’aviation militaire à ceux de la compagnie aérienne Mauritania Airlines.

Le marché a été attribué sans appel d’offres garantissant une concurrence entre les célèbres sociétés internationales en matière de fourniture des appareils les plus performants et aux prix les plus bas. Résultat : acquisition de radars permettant de détecter les avions qui violent l’espace aérien national sans possibilité toutefois, d’entrer en contact direct avec eux, puisque le centre était contraint dans les cas de figure de passer par l’agence de l’ASECNA pour entrer en contact avec l’avion intrus.

Les radars acquis avaient été déployés dans tout le pays, dont un dans la capitale Nouakchott, le deuxième à Nouadhibou, le troisième à Zouerate et deux à F’Derick, tandis que quatre autres radars mobiles avaient été installés sur des véhicules pour couvrir des régions éloignées du pays, en particulier les frontières avec les deux voisins l’Algérie et le Mali.

Le contrat liant le centre à la société brésilienne Ambraer impose par ailleurs à la Mauritanie de payer 6 millions de dollars tous les trois mois, alors que des parties militaires accusent le chef d’État-major de l’armée de l’air d’être à l’origine du maintien du contrat, en dépit des grandes pertes subies par le CCCI.

Déception du personnel

L’état de léthargie dans lequel s’est trouvé le projet, des mois après son lancement, en raison de la corruption, du népotisme et des conflits, avait conduit au mécontentement de son personnel, eu égard à l’incertitude de l’avenir du centre et de la précarité de l’emploi, eu égard à l’ambiguïté des contrats.

Certains employés avaient écrit à ce propos pour rencontrer la direction du projet, en vue de recevoir des explications sur leur situation professionnelle.

Corruption et népotisme

Les données obtenues montrent l’attachement du projet à l’accord signé avec la société brésilienne « Ambraer », en vertu duquel, cette dernière perçoit annuellement des millions de dollars, tandis que le centre a régulièrement besoin de l’assistance de l’ASECNA pour accomplir la mission pour laquelle il a été créé.

Le projet naissant a recruté également de nombreux fils et proches des personnalités influentes au cours de ses premières années, notamment des proches du Chef d’État-major de l’armée de l’air, de l’ex-ministre de la défense nationale et actuel président du Conseil constitutionnel, en plus du premier directeur du projet.

Parmi les noms des employés cités et recrutés de manière non transparente par le projet à cachet militaire et sécuritaire figurent Ély Cheikh Egheilass, Adouba Ahmed baba Abdi, Amal Gharaby, Sektou Bouamatou, qui sont tous des proches du Chef d’État-major de l’Armée de l’air en plus de son neveu dit Cheikh Amma Said Cheikh Yahya.

On compte aussi parmi le personnel Aicha Mint Minny, fille du Général commandant de l’École militaire d’Atar, Wehba Mint Ahmed Ould Kaba, fille de l’ex-aviateur et Commandant Ahmedou Ould Kaba, Sidi Mohamed Ould Abdel Kader, frère de l’épouse de l’ex-directeur de l’ANAC et délégué de l’agence Taazour Mohamed Mahmoud Bouasriya, en plus de Bechir Ould Hamadi, frère de l’ex-Colonel et ancien directeur du projet et Fatou Diallo Mamadou Bathia, fille de l’ancien ministre de la Défense et actuel président du Conseil constitutionnel.

Il y a aussi parmi les salariés du centre certains qui ne réalisent aucun service à son profit, voire n’assurent aucune permanence ou ponctualité. Le projet accorde à son personnel des salaires élevés, malgré la torpeur qui paralyse ses activités depuis une période.

Rejet de la hiérarchie et de la spécialisation

Le projet ne s’est pas conformé à la règle de la hiérarchie militaire, transgressant la spécialisation, à travers la nomination d’un commandant pilote d’hélicoptère pour succéder au Colonel Sidati Ould Hamadi, qui dirigeait le projet depuis sa création.

La nomination du Commandant Hamda Ould Cheikhna à la tête du centre avait suscité par ailleurs un mécontentement parmi les employés du projet et une dénonciation dans les rangs des officiers aux grades supérieurs, plus expérimentés et satisfaisant plus à la spécialisation.

Parmi les officiers marginalisés dans le cadre de ces coptations, on parle de celle, au sein de l’état-major de l’armée de l’air du commandant de la base aérienne d’aviation, le lieutenant-colonel pilote Mohamed Ould Abdi, le plus ancien pilote de l’armée de l’air mauritanien après le chef d’état-major, le général de division Mohamed Ould Hreitani, ainsi que le lieutenant-colonel pilote Cheikh Hella Camara et le Commandant Professeur en aviation Isselmou Ali Jah.

Toujours à propos de ces nominations qui avaient suscité tant de grincements de dents au sein du projet, celle de l’officier au grade de capitaine Hadrami Ould Jeireb sur le radar de Nouadhibou, dont l’activité avait été lancée et qui a fait l’objet d’inauguration au cours d’une cérémonie officielle.

Ces pratiques ont affecté le travail du centre en gestation, épuisé les marchés conclus sans respect des procédures légales.

Il y a aussi ces recrutements opérés loin de tout critère et spécialisation et ces noms prédominants du personnel en connexion avec des personnalités influentes embauché sans concours pour sélectionner les meilleurs et les plus compétents pour assurer le succès du centre.

Refus de commentaires

Contacté pour avoir l’avis du centre avant la publication des révélations de cette enquête, son directeur s’est excusé de tout commentaire, pretextant le caractère militaire du projet, recommandant toutefois de s’informer auprès de la tutelle.

Contactée à son tour, la direction de la communication et des relations publiques à l’Etat-major général des armées, a demandé de lui accroder un temps avant la publication pour apporter des clarifications, avant de s’excuser 48h après.

Par Al-akhbar,
Traduit de l’Arabe par Cridem

Source : Al-akhbar (Mauritanie)