En Mauritanie, le tribalisme n’est pas un vestige du passé mais un pouvoir parallèle, organisé, qui défie l’autorité de l’État. Et ce, malgré le décret post indépendance et la circulaire récente interdisant les regroupements tribaux dans l’espace public. Des chefs continuent d’être intronisés en plein jour, des festivals tribaux exhibent leur puissance, et des parts du pouvoir se réclament comme des droits tribaux. Plus grave encore : cette transgression est tolérée, parfois encouragée, par un système politique qui y trouve son compte. Ainsi, l’archaïsme se travestit en coutume, tandis que la République s’efface derrière la logique clanique. La citoyenneté n’est plus un droit, mais un héritage tribal ; l’égalité n’est plus une promesse, mais une fiction. Le tribalisme n’est donc pas une relique du passé : il continue d’occuper l’espace public, parfois au grand jour. Autant de signes qui révèlent la persistance d’une logique archaïque en totale contradiction avec le projet républicain.
La question n’est donc plus seulement de savoir comment bâtir un État de droit, mais comment libérer la nation d’un carcan qui asservit l’avenir à des loyautés héritées du passé. Comment construire une démocratie véritable si la tribu demeure un cadre principal d’appartenance, d’exhibition de pouvoir et de puissance ? Continuer la lecture →