Chers collègues députés
Je n’ai pas marché le mercredi 09 janvier 2019. Je m’en félicite. Le refus de prendre part à cette mise en scène, c’est pour moi affirmer et réaffirmer mes convictions.
Ne pas participer à cette supercherie démocratique, c’est pour moi, être en harmonie avec moi-même et avec les citoyens mauritaniens qui m’ont élu et que je représente à l’Assemblée Nationale. Cette marche est pour moi et même pour beaucoup de mauritaniens d’une absurdité kafkaïenne.
Elle est la manifestation d’un pouvoir qui ne se trompe pas de diagnostic mais qui cherche à distraire les citoyens, en se moquant d’une certaine manière de sa misère : c’est du sadisme !
Le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz est difficile à cerner. Rien n’est constant, tout est fait au gré des humeurs et des contingences opportunistes. Dans la lutte contre le terrorisme, on a cherché à identifier les causes pour mieux combattre le fléau. Cette démarche scientifique a été vite oubliée volontairement lorsqu’il s’agit du racisme et des discours de haine.
Personne n’est dupe ! On a tout compris. La vérité, monsieur le Président et chers collègues députés est que le pouvoir est le maitre d’œuvre de la fracture de la cohésion nationale.
Ne chercher pas loin. L’origine de la haine de l’autre, de son concitoyen est la cristallisation des frustrations qui a pour paroxysme le mal être. En organisant cette marche, le pouvoir vient de se désavouer. Il vient de montrer sa mauvaise foi à rassembler et à réconcilier les mauritaniens.
Ce qui l’intéresse, c’est le populisme, faire foule au nom d’une cause juste, mais utilisée comme prétexte pour se satisfaire : c’est de l’hypocrisie. Ce n’est pas en fin de mandat que Mohamed Ould Abdel Aziz cherche à régler la question lancinante de la cohabitation et de l’unité nationale.
Monsieur le président
Chers collègues députés
Une nation, c’est d’abord son unité nationale, l’harmonie nationale exprimée par l’entente et l’osmose naturelle entre les différentes communautés qui la composent.
Mais cela suppose un État fort, juste, impartial et impersonnel qui se met au dessus de la communauté, de la tribu et de la région. Un autre régime saura peut être bâtir les bases de ce modèle d’État auquel aspirent les mauritaniens.
En effet, les mauritaniens ont plus besoin de justice que de l’eau potable. Ils ont plus besoin d’égalité et de citoyenneté que de routes ou d’hôpitaux. Justice, Justice et encore Justice !
Madame Coumba Dada KANE
Vice-présidente IRA-Mauritanie
Député à l’Assemblée Nationale