22-07-2014
Ornithomedia – Des garde-côtes mauritaniens ont découvert des milliers de Fous de Bassan congelés dans la cale d’un chalutier chinois. Le journal d’ornithologie allemand Der Falke a publié dans son édition de juillet 2014 un article de Thomas Krumenacker consacré à un massacre de Fous de Bassan (Morus bassanus) au large des côtes de la Mauritanie : ces oiseaux de mer seraient capturés par dizaines de milliers par les filets de chalutiers chinois, congelés puis exportés illégalement vers l’Asie.
En 2013, au cours d’un contrôle dans le port de Nouadhibou, des garde-côtes ont découvert dans la cale d’un chalutier de la société chinoise Poly Hon Done Pelagic Fisheries des caisses censées contenir des Maigres (Argyrosomus regius) (des poissons) mais qui en fait étaient pleines de fous congelés !
Les autorités ont tenté de minimiser l’ampleur de cette information, les produits de la pêche industrielle représentant 50 % des exportations du pays, devant le fer, l’or et les hydrocarbures.
Et la Chine est devenu depuis quelques années un investisseur très important pour le pays. Mais un journaliste local a estimé qu’en réalité 21 conteneurs de six mètres de long auraient été remplis d’oiseaux (soit près de 95 000 fous)
Les fous sont faciles à capturer dans les filets car ils plongent en groupe sur les bancs de poissons. En outre, les individus pris dans les mailles, en s’agitant, donneraient l’impression à leurs congénères que leur pêche est fructueuse, ce qui les encourageraient eux aussi à plonger.
La population européenne nicheuse de cette espèce pourrait être à terme touchée par ces captures, même si cela ne semble pas être le cas actuellement. Des ornithologues ont en effet découvert que les oiseaux nichant sur l’île allemande d’Heligoland hivernaient dans les eaux mauritaniennes.
Selon l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches(IMROP), 325 000 fous hiverneraient au large des côtes de ce pays, et pour laRoyal Society for the Protection of Birds, un tiers des fous nichant en Europe y passeraient l’hiver.
Norbert Schäffer, rédacteur en chef de la revue Der Falke, ajoute : « la capture de dizaines de milliers de fous dans leur aire d’hivernage pourrait annuler tous les efforts de conservation menés en Allemagne et en Europe« .
Rory Crawford, de la RSPB, s’inquiète aussi : « les eaux côtières de la Mauritaniefont partie des écosystèmes marins les plus riches du monde, et il est important de savoir qui organise ce trafic et de le faire cesser« .
Certaines pêcheries chinoises ne se contenteraient donc pas des généreux permis de pêche pluriannuels (trois ans généralement) accordés par les autorités de Nouakchott (la capitale du pays), ils capturent aussi les oiseaux marins ! Les navires européens et coréens sont aussi très actifs dans les eaux mauritaniennes : des journalistes suggèrent même que les fous capturés par les chinois pourraient être revendus (NDLR : comme appâts ?) à certains thoniers de l‘Union Européenne !
D’autres cas de captures délibérées d’oiseaux marins dans le monde ont déjà été révélés, mais leur ampleur était bien moindre : on a par exemple appris en 2005 que des chalutiers asiatiques capturaient entre 1 700 et 5 200 oiseaux annuellement dans les eaux de l’archipel des Falkland (au large de l’Argentine), sûrement pour la consommation des membres d’équipage.
Et n’oublions pas également qu’au moins 200 000 oiseaux marins meurent chaque année dans le monde suite à des captures accidentelles dans les filets.
Source : Ornithomedia