Le projet de document continuellement mis à jour aurait tranché pour le profil du candidat du pouvoir pour cette échéance, dévolu à l’actuel Président du Parlement Cheikh Ould Baya, qui sera du coup le joker du Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz, de l’Union Pour la République (UPR), le parti au pouvoir et de la Majorité présidentielle, engagé dans la course pour gagner ces futures présidentielles, avec le soutien de tous les segments du système en place.
Toutefois, la feuille de route a attribué à Ould Baya un « mandat » très court, de 5 mois au maximum, après lequel, il annoncera sa démission ; qu’il aurait déjà signée par anticipation, de la Magistrature Suprême, ouvrant ainsi la voie à des consultations anticipées pour l’élection de son successeur.
Eu égard à cette stratégie, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz ne se présentera pas directement pour un troisième mandat, malgré les appels et les manifestations réclamant sa candidature à sa propre succession, en commençant d’abord par un amendement de la Loi fondamentale.
Des appels et une effervescence populaire généralisée qui s’inscrivent selon des sources dans le cadre d’une dynamique politique continue afin d’assurer le Président Ould Abdel Aziz d’une légitimité populaire acquise lui garantissant un retour apaisé au palais présidentiel au premier empêchement qui créera un vide légal ou non à la Magistrature suprême.
Toujours selon les indiscrétions rapportées sur le document précité, Boidiel Ould Houmeid fera, en récompense de sa loyauté et de sa discipline, ainsi que de la fusion de son parti El Wiam démocratique et social à l’UPR, en plus de sa rupture avec l’Opposition Dialoguiste (APP, en particulier), qui rejette le maintien du pouvoir à sa forme actuelle, son atterrissage à la Présidence de l’Assemblée nationale.
La suite du scénario est facile à imaginer après la démission de Ould Baya, puisque des élections présidentielles anticipées seront convoquées, donnant Ould Abdel Aziz favori pour reprendre son siège de Président de la République, fort probablement à la fin de l’été 2019.
C’est d’autant vrai compte-tenu de la dynamique créée par les appels à son maintien au pouvoir lancées avec force depuis la fin de 2018 et qui sont restées en veilleuse même au cours du mandat écourté de Ould Baya, mobilisant et sensibilisation pour un retour de Ould Abdel Aziz au pouvoir ; qui pourrait aussi être présenté comme un motif de pression sur Ould Baya pour démissionner et à rendre à César ce qui appartient à César.
Ainsi, Ould Abdel Aziz sera réélu sans grande peine, pour poursuivre sa marche triomphale, qui nécessite encore une décennie pour tirer les dividendes et les fruits de son ère, dés lors où les grands projets de société ne montrent leur pertinence qu’à long terme et que tout changement précipité même constitutionnel à la tête du pouvoir pourrait ramener le pays au précaire d’antan, dont tous les citoyens n’en gardent que des mauvais souvenirs.
Avec ses qualités du Monsieur du Tout sécuritaire, de l’homme de confiance de l’Occident, de la bête noire régionale et internationale pour le terrorisme dans toutes ses dimensions et d’acteur incontournable de la transformation de la Mauritanie en Etat émergeant et industriel avec l’exploitation attendue du pétrole et du gaz, Ould Abdel Aziz est assuré d’un retour digne d’un Roi à la Magistrature suprême.
Cette feuille de route se trouve aussi renforcée par cette nomination d’Ould El Ghazouani au poste de ministre de la Défense nationale, tout en ayant une mainmise sur le commandement de toutes les forces armées et de sécurité du pays.
La nomination du Colonel Mohamed Ahmed Mahmoud Bennani au poste du DIRCAB de l’Etat-major général des armées est aussi un autre facteur rentrant dans la concrétisation de cet objectif, dés lors où ce haut officier servira de connexion sûre et sécurisée entre les forces armées et le duo inséparable Ould Abdel Aziz – Ould Ghazouani, de sorte à assurer leur commandement rapproché, considéré comme étant indispensable pour diriger d’une main de fer une Nation en proie à des tiraillements multiples, sur fond de racisme, de tribalisme, de régionalisme et d’autres maux qui peuvent la basculer dans le chaos, si elle n’est pas mise à l’abri contre ces séismes qui secouent dangereusement les Etats de la sous-région.
Source : Taqadoum (Mauritanie)