Ainsi, Mohamed Abdel Aziz a enterré définitivement toute mémoire, jusqu’à la dernière brique, du seul contre-pouvoir à son omniscient et plénipotentiaire pouvoir, le Sénat, institutionnellement assassiné au détour d’un coup d’état constitutionnel en août 2017.
Après les blocs, les écoles historiques qui ont formé des générations de Mauritaniens, les entreprises publiques de la première génération, Sonimex par exemple, le régime qui est aujourd’hui lancé dans une opération de sape qui vise à se donner la légitimité d’une éternité aux affaires, à travers la levée programmée des mandats limitatifs, poursuit sa macabre démolition du passé.
Pour que ne reste que la stèle à l’effigie de son Chef qu’il compte construire sur la mémoire collective des futures générations. En ligne de mire pour la prochaine dé-historisation de la Mauritanie, le vieux bâtiment qui abrite l’Assemblée Nationale, menacé de destruction, pour que la boucle soit vraiment bouclé.
Que peut-on attendre d’un peuple débarrassé de sa mémoire ? Des zombies qui vont déambuler dans l’obscurité cosmique d’un présent sans attache, tel un navire lâché dans un océan en furie, sans repère. Jusqu’à ce que sa coque vient se briser contre un roc et voler en éclats.
Telle est cette Mauritanie aujourd’hui perdue entre les mains d’hommes qui ne veulent ni opposition, ni opinion publique libre, ni contestataires pliant sous le poids de son inique gouvernance. Rien que le Chef, pour que son règne perdure dans l’immense bêtise des monstres qui le hissent au sommet d’un piédestal de plus en plus haut, de plus en plus lointain, pour que sa chute soit encore plus mortelle.
Cheikh Aïdara