28 décembre 2018 – C.R.I.D.E.M
Paralysée par le différend du Sahara, l’Union du Maghreb n’a jamais réellement réussi à séduire ses membres. L’Algérie est la dernière à manifester un intérêt pour la CEDEAO. Les pays du Maghreb font les yeux doux à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.
Après le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, c’est au tour de l’Algérie de frapper à la porte de la CEDEAO. C’est du moins ce qu’a annoncé jeudi 27 décembre le ministre algérien du Commerce, Said Djellab, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture d’une foire commerciale à Alger.
«Nous allons négocier sur un accord commercial préférentiel avec la Communauté économique des pays de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) permettant la facilitation d’accès des produits algériens à cette zone qui représente un marché de 300 millions de consommateurs», rapporte l’agence APS.
Le responsable gouvernemental du voisin de l’Est n’a pas pour autant donné une date précise pour le début de ces «négociations» entre les deux parties. Et il en est de même pour la nature précise de l’«accord».
Le Maghreb n’a jamais séduit
L’annonce du ministre Said Djellab ne devrait guère surprendre, d’autant qu’elle s’inscrit dans le cadre d’une politique algérienne visant à marquer sa présence sur le marché économique africain. Une politique lancée depuis quelques mois via une offensive sur la Mauritanie.
Un autre pays qui a déjà mis le cap sur la CEDEAO. Le 19 décembre, les parlementaires mauritaniens ont adopté l’accord, signé le 5 mai 2017, portant sur l’établissement d’un partenariat entre la Mauritanie et le bloc Ouest-africain.
La Tunisie lorgne également le même objectif. En novembre 2017, la Communauté lui a accordé le statut d’observateur. Ce qui lui ouvre la voie à prendre part aux réunions de l’organisation. Une première étape qui donne au gouvernement des raisons d’espérer une prochaine intégration complète.
Contrairement à Rabat, Tunis a une expérience avec le processus d’adhésion aux groupes économiques continentaux. La Tunisie a en effet intégré le Marché commun de l’Afrique orientale et australe, sous son acronyme anglais Comesa, couronnant avec succès plus de deux années de négociations, ponctuées de quelques rebondissements. Le 18 juillet 2018, la Tunisie a été officiellement proclamée le 20e membre de la COMESA.
Si les Etats de l’UMA ont décidé de mettre le cap sur la CEDEAO ou la COMESA, c’est justement parce que le Maghreb ne séduit plus. Le marché, en principe, riche de presque 100 millions de consommateurs est pris en otage par le conflit du Sahara occidental entre les deux frères ennemis : le Maroc et l’Algérie.