La Mauritanie de 2018 par El Hussein El Hassan DIENG, défenseur des droits de l’homme

La Mauritanie de 2018 par El Hussein El Hassan DIENG, défenseur des droits de l'homme2018, l’année de la première qualification de la Mauritanie à la Coupe d’Afrique de Nations. Le pays sortait d’un deuil qui a assombri l’année : la disparition subite de Ely Ould Mohamed Vall, le président de la transition de 2005. Le premier à remettre le pouvoir aux civils, après 40 année ans de règne militaire.

L’exploit de l’équipe nationale, les Mourabitounes, une première depuis l’indépendance du pays, il y a 58 ans, a offert un nouvel élan de visibilité à la Mauritanie qui lutte, depuis ces dernières années, pour sortir de l’anonymat.

Dans ce contexte, le pays a répondu cette année, à l’invitation des Nations unies pour relancer la paix au Sahara Occidental.

Egalement, Nouakchott a tenu plusieurs rencontres régionales et internationales en 2018. Il y a, par exemple, le forum de la société civile Africaine suivi de l’organisation de la 31 eme session de la commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, le sommet de l’Union africaine, tenu un an après le sommet de la ligue arabe.

Nouakchott a accueilli la conférence de Coordination des Partenaires et Bailleurs de fonds du G5 Sahel pour le Financement du Programme d’Investissements Prioritaires.

Et Nouakchott a repris, le commandement de la Force conjointe du G5 Sahel, confié au général mauritanien Hanena Ould Sidi.

Sur le plan économique, l’année 2018 marque l’introduction de la nouvelle monnaie avec de pièces et de billets, la mise en vigueur de la nouvelle vision du pays qui repose sur le SCAPP (stratégie nouvelle de la croissance accélérée et partagée) la finalisation de l’accord de partage, entre la Mauritanie et le Sénégal, du gaz découvert sur la frontière commune.

Ainsi, la Mauritanie est sous l’œil des investisseurs. La preuve, le 6e salon de Mauritanides, le le rendez-vous des entreprises souhaitant investir dans le pays, a attiré, cette année 2018, quatre majors pétrolières : Exxon Mobil, Shell, Total et BP – British Petrolium.

Le pays a d’ailleurs introduit en début d’année 2018 une un réforme monétaire global pour s’adapter aux perspectives de gaz.

Côté politique, 2018 est l’année des incertitudes sur la succession du président Mohamed Ould Abdel Aziz avec l’avènement de nouvelles initiatives régionales appelant à un troisième mandat. Ainsi, le débat sur un 3e mandat ne cesse de refaire surface. Malgré interdit par la Constitution.

Les relations restent aussi tendues entre pouvoir et opposition, à 5 mois des présidentielles de 2019, notamment, contre les islamistes: véritables adversaires du régime en place.

Encore l’opposition est affaiblie par l’exil de son bailleur, le milliardaire Mohamed Ould Bouamatou, et la détention de Biram DahAbeid, qui est arrivée deuxième lors de la dernière présidentielle.

Et plusieurs partis opposant risquent de disparaître, selon la loi de dissolution des partis ayant obtenu moins 1% lors des législatives de 2018. Des élections qui ont permis à l’UPR, le parti au pouvoir, de renforcer sa domination de l’Assemblée nationale.

Toutefois, l’opposition résiste en annonçant, pour la première en 2018, une candidature unique à la présidentielle.

En termes des droits de l’homme, la Mauritanie est pointée du doigt par les organisations des droits de l’homme qui dénoncent une société inégalitaire dans laquelle l’esclavage persiste.

Les Etats unis ont d’ailleurs exclut la Mauritanie de l’AGOA, qui offre aux pays africains des avantages en matière de préférence commerciale. Pour Washington, la Mauritanie n’a pas fait assez dans la lutte contre l’esclavage.

Et l’accord d’association avec la CEDEAO, n’a pas permis aux ressortissants des pays membre de l’organisation sous régionale de bénéficier de meilleurs conditions de séjour. Beaucoup se plaint de l’accès difficile à la carte de séjour et aux tracasseries régulières des forces de sécurité.

Source : Alakhbar (Mauritanie)