La Mauritanie est une nation plurielle fruit d’une cohabitation séculaire et d’un savoir vivre ensemble cimenté par une religion commune et des valeurs sociales marquées par des similitudes dans les modes de vie tant nomades que sédentaires.
Cette image que les générations passées avaient jalousement préservée s’est écornée au fil des années au point de se dégrader du sommet à la base de la pyramide sociale et politique. Les sirènes de la discorde sont passées par là attisant les passions et l’animosité. Mais c’est surtout l’Etat qui a failli à son devoir de fédérateur et de juge impartial.
Bafouant les règles et principes du fonctionnement correct des institutions de la République, les hommes censés restaurer l’ordre normal des choses, par leur incurie, leur calamité débile ont en véritables pyromanes dirigé le pays. Si bien que l’image de l’Etat à travers ses incarnations et ses démembrements reflète fidèlement cette dynamique de destruction des rapports communautaires pérennisant et consacrant dans la pratique flagrante et éhontée la suprématie des uns sur les autres.
Comme si la constitution n’a pas à leurs yeux la moindre importance. Comme si la Mauritanie est un Emirat qu’ils gèrent capricieusement comme d’un héritage patrimonial. Comme si les principes d’un Etat moderne respectueux des droits élémentaires de la dignité humaine relèvent d’une chimère s’est incrustée dans leurs schèmes mentaux frelatés par leurs comportements schizophrènes.
Si des régimes autocratiques ont joué aux fossoyeurs de l’unité nationale dont ils ne veulent entendre parler et qu’ils dédaignent comme du camembert l’exception du pouvoir actuel dirigé par Mohamed Ould Abdel Aziz a confirmé la règle. Des épisodes se suivent et se ressemblent depuis l’avènement de son règne. On a jamais assisté autant à une marginalisation des franges issues des communautés noires du pays qui n’ont droit qu’à une part congrue des postes nominatifs, des redistributions d’avantages économiques et de privilèges sociaux.
Les fauteuils de président de l’assemblée nationale et du sénat qui revenaient traditionnellement à ces communautés ont été remis en cause. Tournant banalement la page des accords entre les fondateurs de la nation mauritanienne. Les rares acteurs encore en vie, témoins séniles de la création d’une Mauritanie plurielle versent des larmes de regrets et de douleurs de voir leur héritage saccagé par des pilleurs des valeurs qu’ils ont gracieusement laissées à leurs enfants et petits enfants.
L’armée est tombée dans l’escarcelle des tribus qui se disputent rageusement la succession à la tête de l’Etat. Les purges ethniques des années 90 ont débarrassé les casernes d’une partie importante de sa cavalerie liquidée sans autre forme de procès. Les hauts gradés rescapés de cette hécatombe et encore sous le drapeau se comptent au bout des doigts, relégués à l’arrière plan du commandement. Ce tableau très sommaire des inégalités trouve sa logique morbide dans une politique d’exclusion cynique des composantes noires du pays.
Il suffit que dans une administration publique et curieusement dans les institutions non –étatiques que des cadres ou agents subalternes se retrouvent en nombre important pour que cela provoque un tollé épidermique. Et si c’est le contraire cela est normal !
Quand c’est le Président qui admoneste une Directrice d’hôpital aux compétences avérées au point de la pousser à la porte de sortie, là où partout ailleurs tout est monocolore, ou «monofamilial» la logique de deux poids deux mesures traduit bien la complexité de la pathologie. Surtout le manque de discernement et de résistance face aux manipulations politiciennes et raciales.
Source : Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie)