Le député qui est en détention préventive depuis le 7 août dernier a été évacué ce lundi matin à l’hôpital suite à un malaise cardiaque. Mr Birame est apparu menotté et encadré de près par des éléments de la garde nationale.
Ces images ont soulevé un grand tollé au sein de la classe politique et de l’opinion publique Mauritanienne qui ne comprend pas pourquoi tant d’acharnement contre un député jouissant de l’immunité parlementaire.
Au cours d’un premier face à face avec le juge d’instruction, ce dernier demanda à Birame s’il était prêt à présenter ses excuses au plaignant qu’il avait accusé d’être un agent au service des renseignements de l’Etat, il répondit non, ce qui justifierait son maintien en prison et sa privation d’un procès équitable.
Contrairement à ses collègues, le député en détention est privé de ses salaires. Ce n’est pas la première fois que Mr Birame est envoyé au bagne. C’est un habitué des prisons mauritaniennes dont il demeure l’un des plus fidèles abonnés.
En effet, l’homme dérange par son combat virulent contre l’esclavage en Mauritanie et au fil des ans il n’a cessé de monter en grade et de gagner des galons, devenant du coup une menace incontestable pour l’establishment et le système en place en Mauritanie.
Candidat à la dernière élection Présidentielle, il réalisa un score conséquent malgré les anomalies qui avaient entouré le scrutin.
Et à l’occasion des récentes élections générales en Mauritanie, son alliance avec le parti nationaliste SAWAB a fait mouche car non seulement Birame a pu décrocher son fauteuil à l’Assemblée Nationale, et ce malgré le fait qu’il soit en prison, mais ce parti qui n’avait jusque là pas pu avoir des élus au Parlement a gagné plusieurs sièges grâce à l’électorat du militant anti-esclavagiste.
Il y a lieu de noter par ailleurs que Mr Birame jouit d’un vaste soutien international allant du Congrès américain au Parlement européen en passant par les organisations africaines et internationales les plus en vue dans le domaine de la lutte en faveur des Droits de l’Homme, c’est dire que les autorités mauritaniennes ont été très mal inspirées en s’octroyant cette mauvaise publicité avec à la clef des images aussi choquantes et à la limite de l’indécence.
Il s’agit là d’une erreur monumentale, qui révèle au grand jour l’amateurisme des services chargés de la communication au sein du pouvoir Mauritanien.
Cette bavure médiatique est d’autant plus inacceptable que le régime Mauritanien vient d’être épinglé par le Congrès Américain qui a retiré à la Mauritanie le régime préférentiel accordé à certains pays dans le cadre de l’AGOA. Cette exclusion est motivée par un recul dans le domaine de la lutte contre l’esclavage héréditaire.
C’est dire que le traitement réservé au porte étendard de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie, ne va pas arranger les choses.
Nouakchott par Bakari Guèye
Source : Lakoom-info (France)