Le Calame poursuit, en exclusivité, la publication des bonnes feuilles du nouveau livre de Moussa Hormat-Allah, intitulé : « Conflit du Sahara : Dans le premier cercle de Driss Basri, l’ancien ministre marocain de l’Intérieur ». Ce livre sortira très prochainement.
Dans la livraison d’aujourd’hui, l’auteur fait d’importantes révélations. Entre autres :
- Comment est née l’idée de l’autonomie interne proposée par le Maroc pour régler le conflit du Sahara ?;
- Laayoune, le Boeing royal et le SAM7 ;
- Le général Dlimi et le coup d’Etat manqué contre Ould Haïdalla…
Note de l’auteur
Courrier adressé par DHL à Monsieur Mohamed Yasssine Mansouri, directeur général de la DGED en vue de porter à la connaissance de SM le Roi, certains des importants services que l’auteur a rendus au Maroc.
Cher Yassine,
Après mon départ du Maroc en 2007, je me suis installé à Nouakchott où je me suis consacré à l’écriture. J’observais avec une certaine distance les péripéties politiques dans la sous-région.
Cependant, je constatais, avec regret, qu’au fil du temps, le scénario que j’appréhendais prenait lentement forme. L’Algérie continue à s’armer à coups de milliards de dollars tout en préparant le terrain politique et diplomatique pour un objectif ultime : imposer son diktat au Maroc en vue d’une nouvelle redistribution des cartes sur le plan géopolitique.
Pour ce faire, la stratégie d’Alger est simple : affaiblir durablement le Royaume chérifien, son rival potentiel – même au prix d’une guerre au Sahara – et, accessoirement, fragiliser ses autres voisins notamment la Mauritanie et le Mali. Avec, peut-être, le dessein de jouer la carte du Polisario pour fédérer, à terme, sous sa bannière tous les Maures de la sous-région : ceux de Tindouf, du Maroc de la Mauritanie et, probablement, ceux du Mali (Azawad). (cf. l’étude L’Algérie et ses voisins : Une stratégie évidente de satellisation)
En relisant mes écrits, on s’apercevra que je n’ai jamais cessé de tirer la sonnette d’alarme. Mieux, j’ai balisé ce qui me semblait être la voie à suivre.
Mais force est de reconnaître que je naviguais souvent à contre-courant. Car certains responsables à Rabat ont érigé, consciemment ou inconsciemment, l’inertie en stratégie, pensant sans doute, que le statu quo au Sahara allait perdurer pour déboucher, in fine, comme par enchantement, sur une solution fiable et pérenne.
Je n’ai jamais partagé cette approche. Ce sens de la prospective, cette absence de complaisance et ce franc-parler quand l’essentiel est en jeu, m’ont souvent valu beaucoup d’inimité auprès de certains responsables au Maroc.
J’exprimais souvent, arguments à l’appui, un avis opposé avec le point de vue qui prévalait. Ce qui, parfois, énervait Driss Basri lui-même. Pourtant, lors de ses fréquentes grosses colères, le ministre ne m’a jamais « ramassé », comme il le faisait fréquemment avec ses collaborateurs.
Je n’ai donc jamais souscrit à cette habitude bien établie qui consistait à ce que toute opinion dissidente doit être tue ou, pour le moins, bien encadrée et exprimée sur un ton cotonneux et convenu. D’autant, qu’on disait souvent, après coup : « Hormat-Allah avait raison ».
- La rue d’Ifrane et le dossier du Sahara
Sans flatterie personnelle aucune, c’est probablement, cette maîtrise du dossier et cette honnêteté intellectuelle qui amenèrent le ministre à me faire une proposition qui allait déplaire à un collègue au Ministère de l’Intérieur.
Un jour, alors que je me trouvais avec lui dans sa voiture sur l’avenue Iman Malik, Driss Basri me tint ces propos : « Hormat-Allah, qu’est-ce que ça te dirai de travailler dans une villa ? » Je répondis : « M. le ministre, j’irai là où vous me demanderez d’aller ». Et le ministre d’ajouter : « Tu vas t’installer rue d’Ifrane (annexe du ministère) et tu vas t’occuper de la cellule du Sahara. Mais je veux une synthèse quotidienne pour SM le Roi ».
Cette information pourra être recoupée auprès des témoins cités ci-dessous.
Sur instruction du ministre, je pris alors contact avec M.Boulouiz, directeur du budget et du matériel, pour l’équipement de la villa et avec M.Benkirane, directeur de la DAG1 (agents d’autorité) pour le personnel de la cellule.
Je commençais, parallèlement, à dresser un nouvel organigramme de la cellule et à réfléchir sur un plan d’action.
Plus d’un mois après, alors que je m’apprêtais à aménager, le directeur des affaires politiques, dans son bureau, me demanda de lui remettre les clés de la cellule. Je lui répondis que c’est le ministre qui me les a données et que c’est à lui seul que je les remettrais. Il appela alors l’un de ses collaborateurs, le caïd Yazale et lui dit en ces termes : « Vas à la rue d’Ifrane, force la serrure de la porte d’entrée et remplace-la ! ».
J’ai compris alors qu’il a mis plus d’un mois pour convaincre Basri car il ne pouvait accepter qu’on le dessaisisse d’un dossier aussi important…
Instinctivement, je revis une scène qui était restée gravée dans ma mémoire : C’était lors d’une cérémonie d’allégeance à Marrakech. Les proches collaborateurs du ministre de l’Intérieur, saluaient, à tour de rôle, SM le Roi Hassan II.
Quand je me présentai devant le Souverain, il me dit en ces termes : « Si Moussa bikheïr ». Emu, j’ai balbutié, en réponse, quelque chose dont je ne me souviens même plus. Je me demandais alors comment le Roi pouvait me parler si aimablement en m’appelant par mon prénom. Puis, je rejoignis le groupe des collègues qui ont déjà salué le Monarque.
Je pris alors en aparté le directeur des Affaires politiques et lui répéta les paroles du Roi. Son visage prit une étrange expression qui est restée gravée dans ma mémoire.
Après un instant de flottement, il finit par marmonner : « Le Roi connaît tout le monde ». J’ai compris, plus tard, que j’aurais mieux fait de me taire. J’ai appris, par la suite, que le Souverain connaissait personnellement les auteurs de certaines fiches sensibles.
Cousin du Roi, le directeur des Affaires politiques, était, dans la pratique le véritable numéro 2 du Ministère. Commissaire de police comme Driss Basri, on dit que le Souverain l’aurait placé à l’Intérieur pour bien surveiller le puissant ministre. Dès lors, il n’y a rien d’étonnant qu’il ait eu, in fine, le dernier mot.
Driss Basri, qui connaissait parfaitement la valeur intrinsèque de chacun de ses collaborateurs, était conscient qu’en me confiant le dossier du Sahara, il inaugurait une nouvelle approche de ce dossier. Une approche novatrice en rupture avec la torpeur ambiante.
D’autant que je fus l’architecte de la proposition marocaine de l’autonomie interne qui allait, sur les plans politique et diplomatique, donner un répit au Maroc et ouvrir une nouvelle perspective pour le règlement du conflit du Sahara.
- SM Hassan II : Le modèle d’autonomie interne de type catalan est-il transportable au Sahara ?
Si Yassine, au risque d’abuser de votre temps, permettez-moi de porter encore à votre connaissance certains faits que j’ai toujours tus.
Driss Basri me dit un jour que SM Hassan II était fasciné par le modèle catalan d’autonomie et qu’il voulait savoir s’il est transposable au Sahara. Le ministre me demanda alors d’animer un groupe de travail à cette fin.
Je proposai les noms de deux amis : Malaïnine Mohamed dit Debba Salem qui fut ambassadeur notamment en Argentine et en Australie et Mohamed Saleh Tamek qui fut ambassadeur en Norvège puis gouverneur au Ministère de l’Intérieur. Allabouche, le directeur général de la DST, nous a adjoint l’un de ses collaborateurs, le commissaire divisionnaire Arsalane.
Le petit groupe se réunit, plusieurs jours dans différentes villas de la DST. Mais le travail n’avançait pas. On faisait du sur-place.
Je proposais alors qu’on s’accorde 3 à 4 jours de pause afin que chacun amène un canevas pour servir de base aux discussions. On agréa la proposition.
Puis, lors de la réunion qui suivit, les regards se tournèrent, d’emblée, vers moi. Je commençai alors à lire les quelques quinze pages de mon manuscrit.
A la fin, mes trois amis dirent d’une seule voix : « C’est génial ! Il n’y a rien à ajouter. C’est parfait ». Puis, Arsalane téléphona à une personne, probablement, de son administration et lui dit : « Prépare le Macintosh ». Je crois avoir entendu pour la première fois ce mot.
Quelques années plus tard, un parent qui travaille au ministère des Affaires étrangères à Rabat, de passage à Nouakchott, vint me rendre visite et me dit qu’il a rencontré à l’aéroport de Casablanca un gouverneur sahraoui du nom de Tamek qui lui a demandé de mes nouvelles et lui a dit : « Ce monsieur a été l’architecte de l’autonomie interne proposée par le Maroc pour régler le problème du Sahara ».
Ce témoignage de Tamek, Driss Basri l’a déjà fait, publiquement, devant un groupe de Sahraouis, en présence notamment de M. Cheikh Biadi-Llah, le président de la Chambre des Conseillers (Sénat): « Hormat-Allah est notre meilleur spécialiste de la sous-région ».
Après mon départ du Maroc et à ma grande surprise, quelqu’un me téléphona de Rabat pour me dire que le journal Al Ousboue – le plus informé et le plus lu au Maroc – de Moulay Moustapha Alaoui m’a consacré sa Une avec ce titre en gros caractères en rouge :
« موسى حرمت الله: الفيلسوف الصحراوي، عراب القضية الوطنية، يغادر المغرب نهائيا ويكشف عن الخبايا الحقيقية للحكم الذاتي ».
Ce titre peut être traduit en français, grosso modo, comme suit : « Moussa Hormat-Allah, « le parrain » de l’affaire du Sahara quitte définitivement le Maroc et dévoile les dessous de l’autonomie proposée aux Sahraouis ».
Cf. Al Ousboue du 5 décembre 2008 (Document ci-joint).
- Le général Dlimi et le coup d’Etat manqué contre Ould Haïdalla (16 Mars 1981)
La tension entre le Maroc et la Mauritanie était à son paroxysme. Non seulement les relations diplomatiques ont été rompues, mais Ould Haïdalla, le président mauritanien est même allé jusqu’à faire inscrire sur les passeports de ses compatriotes cette mention infamante : « Passeport interdit en Israël, en Afrique du Sud et au Maroc ».
En représailles, le Maroc accueillit sur son territoire l’AMD, un mouvement d’opposition, proche de l’ancien président Mokhtar Ould Daddah. Ce parti déclarait ouvertement œuvrer pour renverser Ould Haïdalla.
L’AMD était composée d’une aile politique et d’une aile militaire. En tout, une vingtaine de personnes prises en charge par la DGED du puissant général Dlimi.
Ce général, en dépit du bon sens le plus élémentaire et contrairement à tout ce qu’on enseigne dans les académies militaires, décida d’attaquer, en plein jour, avec un commando de 8 hommes, Nouakchott, une capitale qui compte près d’un million d’habitants.
Circonstance aggravante, tout le monde à Nouakchott s’attendait à une attaque imminente d’un commando venu du Maroc. La radio nationale et les médias mauritaniens relayaient sans cesse l’information et on ne parlait que de ça dans les salons de la capitale.
Plus de trois mois avant cette opération et alors qu’elle se préparait encore dans le plus grand secret, j’en ai informé Driss Basri au golf royal Dar Es-Salaam de Rabat.
Je lui ai expliqué qu’il s’agit d’une entreprise à la fois grave et contreproductive…Le ministre n’était, apparemment, au courant de rien. Il avait l’air surpris et effrayé. Je dis effrayé car la peur se lisait sur son visage.
Silencieux, le corps raide, les bras ballants, l’œil hagard, les traits tirés, je vis pour la première fois, après l’avoir côtoyé tant d’années, Driss Basri dans une situation de détresse. Je continuais à parler, mais mon interlocuteur semblait absent…
Il était face à un dilemme : la peur d’interférer dans les affaires de Dlimi avec tous les dangers que cela comporte et le courroux du Roi quand il apprendra que « l’homme le plus renseigné du Royaume » n’a rien vu venir.
Plus tard, après le raid suicidaire du commando à Nouakchott, tout me laisse penser qu’il n’en a jamais référé à SM le Roi.
Je me rappelai alors un fait anodin. Lors des fêtes religieuses, une habitude bien établie veut que les proches collaborateurs du ministre de l’Intérieur se rendent chez lui pour lui présenter leurs vœux.
Un jour, une fois les salamalecs terminés, Basri me demanda de venir avec lui dans sa voiture. Nous partîmes ensemble mais je ne savais pas où il allait. Peu après nous arrivâmes chez Dlimi dans le quartier de Bir Kacem. Le ministre voulait présenter ses vœux au Général. Je compris alors, qu’au-delà des apparences, les relations au sommet de l’Etat étaient bien hiérarchisées.
Le jour du coup d’Etat manqué en Mauritanie, le B.16 (1) m’appela. Je devais me rendre tout de suite au Ministère de l’Intérieur où on me considérait comme le spécialiste de la sous-région.
A peine ai-je entrouvert la porte du bureau, je vis que presque tout le monde était là. Avant même de refermer cette porte derrière moi, on m’apostropha : « Alors, Hormat-Allah qu’est ce qui se passe à Nouakchott ? »
Je répondis : « Si j’avais l’honneur de comparaître devant SM le Roi, je lui demanderais de traduire le général Dlimi en cour martiale pour haute trahison ! »
Ces paroles ont assommé l’assistance. Tout le monde s’est tu pendant un long moment. Après la réunion, un collègue me confia, en aparté : « Hormat-Allah, ne dors pas chez toi ce soir ».
Probablement que cette personne laissait sous-entendre que le général Dlimi pourrait chercher à m’éliminer physiquement. Dlimi avait des oreilles partout. On lui a, probablement, déjà rapporté les propos que j’ai tenus à son sujet.
A cette époque, je résidais dans les « immeubles des princesses » (Immeuble Kortoba), près du cinéma Zahwa.
Je me rendis tout de suite à l’Agdal, avenue Fall Ould Oumeïr où habitait alors Mohamed Ould Jiddou (un ancien ambassadeur), un homme de confiance, originaire comme moi, de Boutilimit.
Je lui fis part de ce qui s’est passé et de cette menace éventuelle d’une liquidation physique. Je tenais à laisser une explication sur ce qui pouvait advenir.
En accusant, un peu plus tôt, Dlimi de haute trahison lors de la réunion au ministère de l’Intérieur, j’avais en tête le précédent d’Oufkir avec la signature du traité sur les frontières entre le Maroc et l’Algérie. En poussant à la signature de ce traité, défavorable au Royaume, Oufkir usait là d’une de ces tactiques machiavéliques dont il avait le secret pour faire d’une pierre plusieurs coups :
- Ternir l’image de la monarchie ;
- Déstabiliser le pays en cherchant à dresser les Marocains contre leur Roi ;
- Exacerber les velléités subversives de l’opposition ;
- Et, in fine, préparer le terrain à un coup d’Etat.
Mais Hassan II, en fin stratège, a tout compris. Il a retourné avec beaucoup d’habilité la situation en jouant le jeu, engrangeant les avantages qui pouvaient l’être notamment au sujet de la position de l’Algérie sur le Sahara, pour finir par faire bloquer le processus dans sa phase ultime, celle de la ratification de ce traité par le parlement marocain et, surtout, celle de sa promulgation.
Dlimi a agi, probablement, dans le même esprit en commanditant le coup de force avorté de Nouakchott.
Mais personne n’a fait ce rapprochement. On regarde rarement dans le rétroviseur. On chercha même à disculper l’ex-directeur général de la DGED.
Le jour du coup d’Etat manqué en Mauritanie, Driss Basri que j’avais moi-même informé plusieurs mois à l’avance des intentions de Dlimi, dira pourtant devant tout le monde, du bout des lèvres et sans grande conviction : « Le général n’y est pour rien ».
La suite des événements montrera que, bien au contraire, le général y était pour beaucoup.
Lors de la réunion de cette cellule de crise au Ministère de l’Intérieur sur le coup d’Etat manqué à Nouakchott, je mis en exergue, pour la énième fois, les deux points importants qui doivent, à mon avis, régir les relations entre le Maroc et la Mauritanie :
- La Mauritanie est un Etat indépendant et souverain, membre de l’ONU. C’est sur cette base et seulement sur cette base qu’on devra traiter avec elle. D’autant que Nouakchott reste une pièce maîtresse dans tout règlement durable de l’affaire du Sahara et son soutien dans cette affaire est des plus précieux.
- Faire table rase des réminiscences d’un passé révolu où on caressait l’idée de la « reconstitution du Grand Maroc ». Hassan II, lui-même, en adepte de la Realpolitik, n’a-t-il pas fini par dire dans un célèbre discours télévisé : « On ne peut administrer Néma à partir de Rabat ».
- Laayoune, le Boeing royal et le SAM 7
Novembre 1985. C’était la fièvre des grands jours. Les préparatifs battaient leur plein. Tout le monde était sur le pied de guerre. L’événement était historique. SM le Roi Hassan II devait se rendre en visite à Laayoune.
Je regardais la Télévision où on montrait des ouvriers en train de repeindre la piste d’atterrissage de l’aéroport de Laayoune.
En regardant les images de cette piste, un déclic se produisit dans ma tête. J’appelai immédiatement le B.16 et demandai au préposé de me passer M. le Ministre. On répondit au bout du fil : « Oui, Hormat-Allah. Qu’est-ce qu’il y a ? » – « Monsieur le ministre, c’est urgent ! Je dois vous voir tout de suite ». Il me demanda de le rejoindre chez lui.
D’entrée de jeu, j’en viens au vif du sujet. – « M. le Ministre, vous savez très bien que les murs de sécurité ne sont pas encore tous terminés et que des éléments du Polisario peuvent encore se trouver dans les parages. Par ailleurs, tout le monde est au courant de la visite royale. Le Polisario a suffisamment eu le temps de préparer un coup d’éclat. Le Roi ne peut pas se rendre à Laayoune par avion. Sa vie est en danger ».
Le ministre croyant, sans doute, que je parlais d’une attaque terrestre rétorqua avec une certaine suffisance : «Les FAR ont bien la situation en main et le terrain est bien quadrillé. Il n’y a aucun danger ».
Mais quand je lui ai expliqué qu’il ne s’agit pas d’une attaque terrestre mais aérienne, probablement, par un SAM 7 qui transforme la cible, en l’occurrence le Boeing royal, en une boule de feu, son visage devint exsangue et donnait l’impression d’avoir vieilli de plusieurs années.
Je continuais mon explication : – « Le SAM 7 est un petit missile portatif de la taille d’un gros fusil. Il est fait pour être porté à dos par un fantassin. Ce petit missile peut être rangé à même le plancher, dans le coffre de n’importe quelle voiture.
Le SAM 7 est le plus petit de la famille des SAM. Il est l’équivalent du redoutable STINGER, l’autre petit missile américain. Le SAM 7 peut atteindre tout avion à une altitude de 3000 (trois mille) mètres. L’assaillant n’a pas besoin d’être à proximité de l’aéroport. Avec un SAM 7, il peut être posté à quelques dizaines de kilomètres de l’aéroport. Ainsi quand un avion amorce sa descente pour l’atterrissage, il perd, naturellement, de l’attitude et il devient à la portée du SAM 7.
Après le décollage, l’avion reste également sous cette même menace pendant une durée de 3 minutes.
Il s’agit donc pour le tireur de se placer à quelques kilomètres dans la trajectoire de l’atterrissage ou du décollage de l’aéronef visé. Une fois, le forfait accompli, l’assaillant disparait dans la nature.
Le SAM 7 est guidé par le rayonnement infrarouge émis par la tuyère de l’avion. Le SAM 7 est tirable à l’épaule. Il s’agit donc d’un missile léger (une quinzaine de kilogrammes), facilement transportable et indétectable tant qu’il n’est pas tiré. Le Polisario, qui possède toute une panoplie des missiles SAM, dispose, en particulier, d’une grande quantité de SAM7 ».
Le ministre était toujours là, assis devant moi, pratiquement dans un état second. A quoi pensait-il ? Je ne sais pas. Il était sans doute, tiraillé par une foule d’interrogations. Il était, probablement, conscient de l’extrême gravité de la situation que je décrivais.
Mais tout puissant qu’il était, que pouvait-t-il faire ? Comment annuler, au pied levé, une opération qui a mobilisé tant de moyens humains et matériels ? Et quel va être l’impact psychologique et médiatique de cette annulation sur l’opinion nationale et internationale ? Surtout, qu’il lui faudra, à tout prix, éviter d’offusquer les militaires qui sont les maîtres d’œuvre de la visite royale et qui sont censés être, dans cette zone, les responsables premiers de la sécurité du Roi…
Le ministre avait demandé au B.16 de ne plus lui passer de communications. Après ce qui m’a semblé une longue cogitation, Basri me demanda d’un ton défait : « Qu’est-ce que tu proposes ? ».
Je lui répondis qu’à mon avis la visite royale devra être maintenue mais faite par voie terrestre. Ce sera l’occasion pour SM le Roi de rendre visite à tous ses sujets du Grand Sud marocain.
Mais j’ajoutais que cette visite devra se faire dans des conditions de sécurité draconiennes. Sans oublier de préciser que par voie terrestre, le danger pouvait venir d’une incursion du Polisario à Goulimine ou Tan-Tan.
Sans rentrer dans les détails techniques que je ne maîtrisais pas, j’avais en tête le canevas d’une alternative que j’estimais fiable. Aux militaires et aux services de sécurité de l’affiner.
J’expliquais qu’à mon avis, le cortège royal devrait être précédé par des détachements des FAR en éclaireurs pour un ratissage systématique du terrain.
Quant au cortège, il devra être scindé en trois : deux escortes des FAR, l’une devant et l’autre derrière et le cortège proprement dit au milieu. Le Roi devra monter dans une voiture banalisée.
La voiture officielle arborant le drapeau national avec son escorte de motards sera un leurre.
Trois hélicoptères doivent survoler constamment le cortège. L’un de ces hélicoptères devra être réservé pour exfiltrer le Souverain, le cas échéant.
Naturellement, pendant le périple royal, toutes les forces de sécurité doivent rester en alerte constante et doivent pouvoir communiquer en temps réel entre elles.
Le Ministre me demanda de lui faire une fiche sur tout cela. A peine rentré chez moi, je commençai à rédiger cette fiche en mettant bien en exergue les points importants.
Puis, j’appelai le B.16 pour m’envoyer un motard de la police pour remettre le pli au ministre. Mais une interrogation me taraudait l’esprit. Et si le ministre, de peur de heurter la susceptibilité des militaires ou pour une toute autre raison n’avisait pas qui de droit ? Que faire ?
Convaincu en mon âme et conscience que la vie du Roi était en danger, je ne pouvais pas me fier à ce seul canal de transmission. Il me fallait, à tout prix, trouver une deuxième sûreté.
Je passai et repassai mentalement en revue, les responsables proches du Souverain qui ont le courage de pouvoir lui expliquer, sans détours, l’urgence et la gravité de la situation.
Je pris alors la décision, malgré les risques, de rédiger une autre fiche à l’attention personnelle de Mohamed Médiouri, le chef de la Sécurité rapprochée du Roi. Bien que je le voyais, de temps à autre, lors de certaines cérémonies au Palais royal, je ne connaissais pas personnellement M. Médiouri. Mais le temps pressait et il fallait faire vite.
Je fis déposer par mon chauffeur ce pli au Palais royal. Il portait la mention « A n’ouvrir que par M. Mohamed Médiouri ».
A mon grand soulagement, la voie aérienne fut abandonnée au profit de la voie terrestre. Mais jusqu’à ce jour, je n’ai jamais su si cela s’est fait par l’entremise de Driss Basri ou par celle de Mohamed Médiouri.
Ai-je sauvé la vie du roi ? Je n’en sais rien. Ce qui est sûr, c’est que l’intention était bien là.
Tout ce qui précède pourra être recoupé facilement car mes fiches précitées sont conservées dans les archives spéciales du Ministère de l’Intérieur et dans celles de la Sécurité royale.
- Le livre posthume de Feu SM Hassan II : « Hassan II, le génie de la modération »
Monsieur Mohamed Allal Sinaceur, conseiller de Sa Majesté, me contacta un jour par l’intermédiaire d’un ami commun (Cheikh Bensidha) qui était chargé de mission dans la même administration.
Sinaceur voulait me rencontrer. J’ai accepté, naturellement, cette invitation et je me suis rendu à son bureau.
Je découvris en face de moi un homme posé, affable et d’une culture encyclopédique. Mais il m’apparut encore beaucoup plus frêle qu’à la télévision.
Après avoir parlé de tout et de rien, il me dit qu’il lisait régulièrement mes écrits dans la presse marocaine. Puis, il ajouta : « Vous avez une belle plume ». Tout en écoutant le conseiller royal, je me demandai si ce qu’il venait de dire n’était pas un compliment de circonstance. Je le remerciai, toutefois, pour ces paroles aimables à mon endroit, mais je lui fis remarquer qu’un intellectuel de sa classe, de surcroît, agrégé de lettres, restait la référence en matière d’écriture.
Lors d’une deuxième entrevue – il n’y en aura plusieurs par la suite –, il me confia qu’il travaillait sur un ouvrage de feu SM Hassan qui doit paraître prochainement.
Et il ajouta qu’il serait ravi si j’acceptais de l’aider dans cette tâche. Je lui répondis que je suis honoré et que j’apporterai volontiers ma modeste contribution à cet ouvrage.
Par la suite, il m’envoyait, régulièrement, avec un motard du Cabinet royal, les chapitres les uns après les autres à mon domicile sis rue Jbala, quartiers des Ambassadeurs au Souissi.
Je me permis de lui faire quelques remarques sur la forme ajoutant que le style était trop académique pour le lecteur moyen. Je lui fis également d’autres observations sur le fond, politiques celles-là.
Je me rappelle avoir insisté notamment sur deux points. Le premier point concernait la Mauritanie. Il s’agissait d’un petit paragraphe qui me semblait contreproductif et totalement décalé par rapport au contexte politique apaisé d’alors. Il finit par me donner raison et on réécrit le paragraphe incriminé.
Le deuxième point concernait l’Iran, plus précisément Khomeiny, la révolution islamique et le chiisme. Je luis fis remarquer que ces passages incendiaires doivent être édulcorés car ils sont trop crus et peuvent valoir durablement l’animosité de Téhéran. Et que c’est là un legs sur le plan de l’échiquier politique international dont se passerait sans doute, SM Mohammed VI, le nouveau Roi.
Là, il devient inflexible. Il me répondit : « Ce sont les propos de SM Hassan II et je ne peux pas les changer… ».
Alors que le travail touchait à sa fin, il me confia qu’il a proposé à SM Mohamed VI plusieurs, titres pour cet ouvrage dont celui-ci : « Hassan II, le génie de la modération ». Puis, il ajouta avec une certaine amertume : « J’ai été dessaisi. Le livre a été confié à Hassan Aourid… ».
- Le Roi : « Une plaidoirie très détaillée en défense du Souverain », selon l’AFP
Au lendemain de l’intronisation de SM Mohammed VI, j’ai écrit un article intitulé : « Le Roi ». Cet article a été écrit en réaction à une virulente campagne de dénigrement du Souverain, orchestrée par certains milieux hostiles à la monarchie.
Ce papier a été largement repris par les médias nationaux et étrangers, notamment l’AFP (Dépêche du 18 décembre 2002).
D’aucuns ont parlé d’un coup de tonnerre dans le ciel médiatique marocain. Pour la première fois quelqu’un a osé affronter les redoutables plumitifs de la gauche marocaine d’alors, Boubker Jamaï, Aly Lemrabott et autres qui semaient la terreur dans les colonnes de la presse marocaine.
Ces journalistes, en service commandé, s’en prenaient, en des termes pour le moins irrespectueux, à la personne sacrée du Roi.
Dès la parution de cet article, les félicitations – certaines sincères, d’autres de circonstance – pleuvaient de toutes parts. Au ministère de l’Intérieur, c’était l’euphorie. On entendait dans les couloirs la même question : « As-tu lu « Le Roi ?»
J’avais l’impression d’être fêté un peu comme un champion qui venait de remporter une couronne mondiale…Je fus contacté par la secrétaire de M. André Azoulay qui me dit que le conseiller de SM voudrait me voir.
Je n’ai jamais rencontré M. Azoulay auparavant. Je le voyais tout juste, de temps à autre, lors de certaines cérémonies au Palais. Il m’accueillit, souriant, à l’entrée de son bureau.
J’ai été impressionné par son calme et par la propreté de son bureau. Comme on ne se connaissait pas, il n’y avait pas matière à deviser.
A peine assis, il me dit : « On a lu, ici, votre article. Fond et forme impeccables ! J’ai rarement lu un papier aussi persuasif et aussi bien écrit. On vous recontactera ». Puis, je pris congé de lui.
En milieu de journée, je reçus un autre coup de fil de Casablanca. C’était M. Chafik Laâbi, chef du service politique du journal des milieux d’affaires marocains : La Vie Economique : « Vous êtes bien Untel ? » Je répondis : « Oui, je suis bien Untel ». Puis, il ajouta : « On va organiser un débat national sur l’article que vous venez de publier ».
J’étais flatté par cette initiative mais je voulais plus de précisions. Mon interlocuteur me répondis sur un ton tranchant : « Nous avons reçu des instructions « d’en haut ». Nous avons déjà contacté à cette fin, deux historiens (Mohamed El Ayadi et Mohamed Ennaji), deux constitutionnalistes (Najib Ba Mohamed et Omar Bendourou), un politologue (Mohamed Tozy) et un militant de la société civile (Salah El Ouadie). »
Le débat en question fut effectivement organisé avec la participation de tous les professeurs précités. (cf. La Vie Economique du vendredi 19 janvier 2003, pages 1, 4, 5, 6 et 7).
Voici l’entame de cet article qui, pour certains, est passé à la postérité : « Une campagne de dénigrement à peine voilée, malveillante et pour le moins irrespectueuse est orchestrée depuis un certain temps contre la personne sacrée de Sa Majesté le Roi.
Cette campagne au départ diffuse, souterraine, sournoise, commence à affleurer avec les conséquences incalculables qu’elle pourra engendrer.
Au fil des jours, elle monte chaque fois d’un cran avec une propension affichée d’être, à terme, frontale.
Entretenue à petit feu par un travail de sape continu comme l’effet du ressac sur une digue, elle vise au-delà de principes forts louables qui tendent à dénoncer dans l’intérêt général les défaillances, les irrégularités et certains abus des pouvoirs publics, à ébranler, consciemment ou inconsciemment, les fondements même de la Nation marocaine.
Cette campagne est en train de franchir toutes les limites de la décence et du respect dus à n’importe quel chef d’Etat, dans le cas d’espèce un monarque, de surcroît Amir Al Mouminine. Il s’agit d’un fait unique dans les annales de la vie politique du Royaume.
L’objectif recherché est d’intégrer le Souverain comme un simple élément dans une équation et de banaliser ainsi Sa personne et Son statut. En d’autres termes, essayer de biffer d’un trait de plus une légitimité populaire, nationale et religieuse qui fait la force et la fierté des Marocains depuis plus de mille ans.
L’accumulation des allusions, des insinuations, des non-dits de plus en plus nombreux et de moins en moins évasifs à l’adresse du Monarque devient à la fois choquante et insupportable. A ce titre, elle ne peut laisser aucun Marocain indifférent.
Cette campagne qui surfe sur les frustrations, les ressentiments et le mécontentement probablement dus, en partie, à certaines maladresses de l’appareil d’Etat est, en fait, une offense à la dignité et à l’amour propre de chaque Marocain.
Car elle s’attaque à ce que les Marocains ont de plus cher, de plus sacré et de plus intangible, c’est-à-dire à leur Guide et, par ricochet, à la cohésion et à l’unité nationales forgées, à travers les siècles, dans la sueur et le sang (…). »
- Le Roi-Mohammed VI ou l’espoir d’une nation
Après la parution de cet article, on me suggéra l’idée d’écrire carrément un livre sur SM Mohammed VI. Je souscris, sans hésiter, à cette suggestion. Je m’attelai aussitôt à cette tâche. Le titre de cet ouvrage était tout trouvé : « Le Roi Mohammed VI ou l’espoir d’une nation ».
Après un long travail de recherche où j’ai eu à compiler pendant deux ans un tas de documents en tous genres, je commençais la rédaction de cet ouvrage qui tombait au bon moment : SM Mohammed VI venait d’achever ses cinq premières années de règne. La Providence a bien fait les choses. Ce livre de plus de 500 pages dressait, entre autres, le bilan de ce quinquennat et mettait en exergue les importantes réformes et réalisations du Souverain sur les plans politique, économique et social en un laps de temps aussi court.
L’ouvrage comprenait deux grandes parties. La première partie est intitulée : Institutions et débats. La deuxième partie : Les premiers joyaux de la Couronne.
L’éditeur marocain –probablement sur instructions- décida de l’imprimer en Italie à Milan, à l’imprimerie de Silvio Berlusconi, la plus grande d’Europe sous la forme d’une édition particulièrement luxueuse. A sa sortie, cet ouvrage suscita beaucoup de réactions.
Le professeur Abdallah Saâf parlera d’un « travail impressionnant ». Dans sa préface, le professeur Khalid Naciri, professeur de droit constitutionnel et de science politique écrit : « Le Roi », c’est en effet d’abord l’expression d’une réaction sentimentale d’un citoyen qui aime son pays et s’insurge contre les dérives d’une pensée « politique » immature qui, au nom de la liberté d’expression, tire sur tout ce qui bouge… de préférence ce qui bouge dans le bon sens. Ce n’est, toutefois, point une hagiographie empruntée. Que l’on ne s’y trompa pas. « Le Roi » est tout sauf un exercice de langue de bois convenu. C’est une construction intellectuelle méthodiquement menée, qui s’articule sur une finalité et une ligne directrice. C’est en cela que nous évoquons la démarche objective (…) ».
Pour sa part, le professeur Mohamed Benalal, professeur de relations internationales et de stratégie écrit dans sa postface : « L’auteur de par les nombreuses années qu’il a passées comme professeur à l’ENA fait aussi de la pédagogie, et il a raison : érudition d’une part, interpellation de l’histoire d’autre part. Il aurait pu se contenter d’une narration purement descriptive, non, il analyse l’événement. Erudition et questionnement et pas seulement de l’enthousiasme car nous sommes tous témoins d’une transformation politique, économique et sociale novatrice. Hormat-Allah est un juriste qui s’engage dans le combat politique, mais dans un combat politique intelligent ».
A la sortie de ce livre, M. Chraïbi, directeur du Cabinet de SM le Roi Mohammed VI, me téléphona pour me transmettre les vives félicitations du Souverain. Il me demanda, par ailleurs, de prendre contact avec le Ministère de l’Intérieur car des instructions royales me concernant ont été données aux responsables de ce département.
Je fus alors reçu successivement par le ministre de l’Intérieur puis par le secrétaire général. Je leur fis part de la teneur de la communication téléphonique avec M. Chraïbi. Mais, à ma grande surprise, mes deux interlocuteurs n’étaient au courant de rien. Jusqu’à ce jour, ces instructions sont restées lettre morte.
Plus tard, j’appris, grâce à Internet que ce livre était en vente aux Etats-Unis au prix de 95 dollars (je dis bien quatre vingt quinze). Cet ouvrage a fait découvrir aux Américains notamment aux sphères officielles et privées, le Maroc et son jeune roi. (Document ci-joint).
Soit dit en passant, l’éditeur ne m’a jamais versé aucun centime sur la vente de cet ouvrage aux Etats-Unis. Il est vrai que ce n’était pas là, mon objectif premier.
Avec ce livre, j’ai croisé le fer – au moment où beaucoup se dérobaient – avec la poignée de détracteurs du Souverain qui voulaient, dans une vaine tentative, stopper son élan pour une mise à niveau salutaire du Maroc.
J’ai montré que face à un Roi qui solde les comptes du passé, qui libère les énergies et les espaces d’expression, ces détracteurs n’ont plus de prise.
J’ai montré qu’avec un Roi populaire, qui réussit et qui, de surcroît, n’a pas de talon d’Achille ça dérange et ça bouleverse beaucoup de plans. Désormais, SM Mohammed VI ne pourra plus être interpellé que sur le terrain du concret, du tangible. Car les avancées sont réelles, mesurables et chiffrables.
J’ai montré comment le monarque est en train de tourner la page de l’archaïsme makhzénien pour faire entrer le Maroc de plain pied dans la modernité.
Si avec « Le Roi », j’ai voulu apporter ma modeste contribution pour la consolidation de la monarchie, je n’ai pas, naturellement, oublié l’autre question nationale, l’affaire du Sahara.
- « Chroniques sahariennes » : un livre au programme
à l’université de Georgetown à Washington
Avant d’écrire « Le Roi », j’avais déjà écrit un livre intitulé « Chroniques sahariennes/Les enjeux géopolitiques et géostratégiques du conflit du Sahara ». Ce livre est devenu une référence mondiale sur la question du Sahara. On verra, plus loin, document à l’appui, comment.
Pour ne pas rentrer dans des développements trop longs, donnons d’abord la parole à trois grands intellectuels marocains qui connaissent bien ce livre pour la bonne raison qu’ils en sont les préfaciers. Voici de brefs extraits de leurs appréciations respectives :
Dans la préface, Ahmed Osman (ancien premier ministre) écrit : « (…) En fin connaisseur au fait des moindres détails de l’affaire du Sahara, M. Hormat-Allah apporte un éclairage salutaire – c’est le mot approprié – sur un dossier aussi complexe que compliqué (…) Dans une analyse prospective, il anticipe les événements et tire la sonnette d’alarme pendant qu’il est encore temps.
(…) J’engage tout le monde à lire « chroniques saharienne ». Un livre bien écrit, bien documenté et qui est résolument tourné vers l’avenir ».
Dan la postface, Abdallah Saâf (professeur de science politique) écrit : « Il convient de saluer le courage et la générosité de cet effort d’exploration stratégique qui entend sortir des sentier battus et rebattus qui enserrent les multiples agitations autour du dossier depuis trop longtemps déjà.
Cette prospection constitue une réponse concrète et un essai de meilleure maîtrise de l’affaire du Sahara face aux risques de l’avenir.
(…) La connaissance approfondie des enjeux nationaux, régionaux et internationaux du dossier, ainsi que sa prise en charge des accords de principe, des négociations d’étapes, des engagements du Maroc, atteste d’une grande maîtrise du sujet dans cet essai. L’écriture est claire et attrayante, la démarche est logique et le raisonnement séduisant. Le texte est lourd en informations ».
Dans l’Avant-propos, Mohamed Moatassime (professeur de Relations Internationales) écrit : « Il y a déjà près d’un quart de siècle que je connais mon ancien et brillant étudiant, M. Moussa Hormat-Allah. Au risque de manquer de modestie, voire d’humilité, je me suis très rarement trompé sur l’avenir universitaire de certains de mes étudiants (…).
Aujourd’hui, je suis à la fois fier et flatté d’avoir à verser ce modeste témoignage en guise « d’Avant-propos » au dossier remarquable qu’il a mis des années à constituer et à concevoir et qu’il nous propose aujourd’hui sous le titre modeste mais combien édifiant de « Chroniques sahariennes » (…).
« Chroniques sahariennes » vient combler un vide à la fois historique, stratégique et géopolitique occulté ou ignoré jusqu’ici dans l’examen des problèmes de toutes sortes que cache l’affaire du Sahara marocain. Or, l’un des mérites essentiels de M. Hormat-Allah est de nous ouvrir, au-delà des sentiers battus, une voie nouvelle et inédite dans l’approche du Sahara marocain et qui consiste à placer désormais ce Dossier au cœur de l’enjeu stratégique américain avec tous ses paramètres : sécuritaire, stratégique et surtout économique ».
Ce live écrit en défense de la position du Maroc sur le Sahara, a été un grand succès. Au Maroc, il a été montré à la télévision nationale au moment où le président de la Chambre des Représentants le remettait à une délégation britannique, venue s’informer sur l’affaire du Sahara.
Et le journaliste de la TVM de préciser qu’il s’agit d’un ouvrage écrit par un universitaire marocain qui explicite et analyse la position du Royaume sur cette question nationale.
Maâouya Ould Tayaâ, dans le cadre de sa politique « la promotion du livre en Mauritanie », en a acheté 1000 (mille) exemplaires d’un seul coup. Le lecteur mauritanien a pu ainsi découvrir certains aspects méconnus de la genèse du conflit du Sahara.
Ces mille exemplaires ont été distribués aux services de la Présidence de la République, aux ministères, aux états-majors des armées, aux universités, aux ambassades de Mauritanie à l’étranger…
En France, ce livre a été commercialisé par la FNAC, la prestigieuse enseigne parisienne. Il a longtemps figuré parmi les meilleures ventes de cette maison. (Documents ci-joints).
Ce genre de livres qui traite de géopolitique et de géostratégie dans la sous-région a, sans doute, été acheté par la classe politique, les journalistes, les universités et les centres d’études français…
Soit dit en passant, je n’ai jamais perçu un seul centime sur les ventes de ce livre. Comme pour « Le Roi », ce n’était pas là mon objectif premier.
Mais c’est aux Etats-Unis que ce livre a eu le plus franc succès.
Il a contribué à faire connaître aux Etats-Unis, le bien fondé de la position du Maroc sur l’affaire du Sahara. Il a, par ailleurs, démasqué les manœuvres dilatoires des ennemis de l’intégrité territoriale nationale.
Par l’un des plus grands hasards, j’appris que « Chroniques sahariennes » était au programme de Georgetown, la prestigieuse université de Washington.
En effet, un soir, alors qu’elle naviguait sur la toile, ma fille vint me trouver en disant à haute voix : « Papa ! Papa ! On parle de ton livre aux Etats-Unis ! » Je lui demandai de me tirer des copies de tout cela. Mais je ne pus m’empêcher de jeter un coup d’œil sur l’ordinateur. On pouvait lire que ce livre a été inscrit au programme de Georgetown : « matière : Western Sahara-History-1975. Author : Moussa Hormat-Allah ». (Documents ci-joints).
« Chroniques sahariennes » est, probablement, enseigné dans d’autres universités américaines. Il va sans dire que beaucoup de centres de décision aux Etats-Unis ont, sans doute, dû se procurer ce livre, avec au premier chef, les Agences fédérales.
Avec ces deux livres, « Le Roi » et « Chroniques sahariennes », je crois avoir fait mon devoir en apportant une modeste contribution aux deux questions qui tiennent le plus à cœur pour les Marocains : la Monarchie et le Sahara.
J’ai écrit, par ailleurs, plusieurs autres ouvrages notamment : Relations Maroc-Mauritanie : contenu socio-économique et implications géostratégiques, Rabat 1987 et Sahara : que faire ? Rabat 2000.
J’ai également élaboré plusieurs études de fond sur des problèmes spécifiques en relation avec l’affaire du Sahara. On peut en citer : Baker et le Sahara : le dessous des cartes. (Dossier de 70 pages) Rabat 2000.
M. El Himma, alors secrétaire d’Etat à l’Intérieur qui a été l’un des destinataires de cette étude me téléphona pour me féliciter et me dire que SM le Roi, Mohammed VI a vu ce document et qu’il en a été très content.
Puis, il me demanda de lui envoyer 12 exemplaires de cette étude, probablement, pour les membres de la délégation marocaine qui devaient se rendre l’ONU.
Voilà, rapidement relatés, quelques uns des importants services que j’ai rendus au Maroc. Toutefois, force est de constater qu’en retour, ces services n’ont pas toujours été appréciés à leur juste valeur par le Royaume…
Cher Yassine, en vous remerciant pour tout le temps que vous avez bien voulu consacrer à la lecture de ce papier, je vous prie, d’agréer mes salutations cordiales.
- – B.16 : Centre de communications et de transmissions sécurisées, hérité du temps où le général Oufkir était ministre de l’Intérieur.
Le B.16 peut mettre en contact téléphonique en mode duo ou en mode conférence, 24 heures sur 24, les principaux responsables du Ministère : ministre, membres du cabinet, walis, directeurs des services centraux : DGSN, DST etc. Peu importe que ces derniers soient au Maroc ou à l’étranger. Un système beaucoup plus efficient que le téléphone à 3 chiffres.
Le B.16, peut, par ailleurs, mettre en communication les responsables du Ministère de l’Intérieur avec tous les autres responsables du Royaume.