Balla Touré, Chargé des Affaires Extérieures du mouvement a rappelé le contexte dans lequel s’est déroulée cette saignée dans les rangs de son mouvement qui a laissé plusieurs éclopés.
« Les militants d’IRA avaient organisé un sit-in pacifique le lundi 8 octobre dernier devant l’Assemblée Nationale lors de l’ouverture de sa première session pour demander la libération du président et député Birame Dah Abeid, lorsqu’ils furent sauvagement chargés par des policiers qui avaient visiblement reçu des ordres de casser du manifestant ».
Selon Balla Touré, la cruauté démesurée des forces de l’ordre face à des civils désarmés et pacifiques n’a épargné personne, même les femmes qui ont été rouées de coups de matraques et de coups de rangers, après une pluie de gaz lacrymogène.
Selon lui, toute cette violence est l’expression d’une indignation, celle d’un régime qui croyait en avoir fini avec un mouvement dont le président a été isolé pour empêcher la dynamique qui s’était créé entre son aile politique, le parti RAG et le parti Sawab, dynamique qui a permis l’entrée à l’Assemblée Nationale de trois députés de la coalition dont le président Birame Dah Abeid élu, alors qu’il était en prison.
Balla Touré a évoqué les multiples réactions, aussi bien au niveau national qu’international, suite aux exactions sans précédents que les militants d’IRA ont essuyé. Il a déclaré que les auteurs de telles violences sont identifiées, leurs photos et leurs noms seront publiés, précisant qu’une plainte internationale sera déposée à leur encontre auprès des instances en charge des droits de l’homme dans le monde. Tour à tour, les blessés de la répression du 8 octobre se sont exprimés.
Pour El Hadj Ould El Id, Coordinateur du mouvement IRA, « pourquoi, lorsque des centaines de personnes se sont assemblés pour accueillir Cheikh Ould Baya (ancien colonel élu président de l’Assemblée Nationale), la police ,n’est pas intervenue pour les disperser car il s’agissait d’un rassemblement non autorisé, et quand il s’est agi des militants venus réclamer pacifiquement la libération de leur président, ils sont chargés comme des ennemis à abattre. Nous allons porter plainte contre ces exactions qui semblent viser une seule communauté ». Pour lui, la lutte va reprendre ses droits après ce petit repos du guerrier.
Pour Abdallahi Abou Diop, blessé à la tête, « la répression est notre lot, nous les gens d’IRA, c’est notre pain quotidien depuis que notre mouvement a vu jour en 2008″. Pour lui, c’est l’acharnement des policiers sur Leïla Mint Ahmed, l’épouse de Birame qui lui a fait le plus mal, soulignant qu’à terre, elle subissait des coups de matraque et des coups de rangers et que lui-même s’est interposé pour en contrer plusieurs.
Sinon, son cas serait encore plus dur. « Qu’Aziz augmente ses effectifs, ses matraques et qu’il renouvelle son stock de grenades car nous n’attendrons pas que nos blessures se cicatrisent. Nous redescendrons dans la rue ! »
Pour sa part, Leïla Mint Ahmed a déclaré que les policiers l’ont visé personnellement. « C’est comme s’ils n’attendaient que moi, avec des ordres précis. Dès qu’ils m’ont vu, ils se sont jetés sur moi à coups de matraques et de coups de godasses. Je souffre de tout mon corps et n’eût été la pudeur je vous aurais montré les ecchymoses qui le tapissent ».
Selon elle, les blessés dont elle faisait partie sont restés des heures à l’Hôpital National sans le moindre soin, ce qui explique qu’arrivés à 12 heures, certains blessés n’ont regagné leur domicile que vers 21 heures.
C’est avec la même colère, la même détermination de reprendre le combat, que les autres témoins, Zoubeir Ould Mbareck , président du Comité de Paix d’IRA et Abdallahi Ould Mohamed, se sont exprimés, soulignant que le plus grand exploit qu’ils ont réussi, c’est d’avoir réussi une marche, alors que les forces de l’ordre pensaient avoir mis en place un dispositif sécuritaire qui rendait impossible un tel exploit.
Cheikh Aïdara
Source : L’Authentique (Mauritanie)