Ils font ainsi du tort à ce Sage qui, depuis un demi siècle (macha Allah) fait de la politique non pas pour lui-même, mais pour les autres : d’abord sa communauté laissée-pour compte depuis l’indépendance, ensuite pour une Mauritanie qui a plus que jamais besoin d’être réconciliée avec elle-même.
Pourquoi l’APP soutiendrait-elle le parti Tawassoul, ou même un quelconque parti de l’opposition ? Y avait-il une entente entre la coalition de l’APP, avec Al Wiam, l’AND, Sawab et l’autre opposition (FNDU) ? Evidemment que non !
On mettait même, le plus souvent, en avant les antagonismes entre ces deux « oppositions » (dialoguiste et « radicale »). Le pouvoir jouait l’une contre l’autre et tirait profit de cette « opposition » dans l’opposition.
Etant allé en rangs dispersés, les partis politiques des deux camps avaient la latitude de voir, après la sortie des résultats quelle attitude prendre, à partir de considérations de profits et de pertes. Uniquement. Et c’est ici qu’il faut comprendre le choix du président de l’APP.
Président du conseil économique et social, Messaoud Ould Boulkheir a la latitude céder son poste de député au secrétaire général de son parti, Ladji Traoré. Le parti devrait ainsi, au pire des cas, avoir trois députés à l’Assemblée. Le soutien à l’alliance Tawassoul-AJD/MR à Zouerate, s’il était assumé par le Sage Messaoud, pousserait l’APP à faire face à l’hostilité du pouvoir sans avoir, en retour, l’estime d’une opposition qui l’accuse de faire le jeu du président Aziz. Un pouvoir avec lequel il dialogue depuis 2011. Avec certes des hauts et des bas.
La conséquence de l’échec ou la victoire de l’UPR à Zouerate n’est pas un choix indifférent pour l’APP. Dans le premier cas, Tawassoul et l’AJD/MR, qui ne partagent avec l’APP que cette vague appellation « d’opposition » gagneraient, chacun, un siège de député ! Le soutien de l’APP à cette coalition pourrait provoquer la perte du conseil économique et social, et donc, du poste de député gagné par Messaoud mais qui devrait profiter au second sur la liste nationale (Ladji Traoré).
Ceux qui critiquent aujourd’hui le président de l’APP ont occulté cette situation de «qui perd-gagne » au profit d’un Idéal (l’opposition solidaire) qui n’existe malheureusement pas depuis que chaque parti (ou partie) a choisi de ne privilégier que ce qui l’arrange. Quand les uns boycottent, les autres participent ; quand la CUPAD dialogue, le FNDU se tient à l’écart…On voudrait alors que Messaoud sacrifie les acquis de son parti sur l’autel de principes (d’unité de l’opposition) que personne ne respecte !
Le soutien à l’UPR, dans la « bataille » de Zouerate, est, à mon humble avis, un choix stratégique qui préservent plus d’un acquis. Surtout que le parti au pouvoir n’accepterait jamais de perdre la cité minière, quitte à utiliser les moyens dont lui seul a le secret.
Sneiba Mohamed
Source : Elhourriya (Mauritanie)