Une Commission électorale nationale indépendante (CENI) non consensuelle, décriée, incompétente et ignorante de ses missions.
Voilà l’institution qui va présider dans quelques mois à des élections décisives dans l’histoire de la Mauritanie. Depuis sa création, elle multiplie les bourdes en se faisant taper deux fois sur les doigts par la Chambre administrative près de la Cour suprême.
Près de deux mois après leur désignation, les membres de la CENI ne semblent pas toujours au frais de leurs prérogatives. La première décision que cette institution avait prise il y a plus d’une semaine, c’était de reporter de quatre jours, bien au-delà des délais légaux, la date de clôture du dépôt des candidatures pour les municipales et législatives de septembre 2018. Et elle se fendit au besoin par un communiqué largement diffusé.
Mais mal lui en sera pris, car quelques heures plus tard, le gouvernement par l’entremise du Ministère de l’Intérieur introduisit une plainte auprès de la Chambre administrative près de la Cour Suprême qui annula cette décision de report. Ce qui obligea la CENI à se fendre d’un deuxième communiqué, pour annoncer que la mesure qu’elle avait prise était nulle et non avenue. Mais le mal a déjà été fait, car plusieurs candidats qui avaient pris acte de la première décision, seront pris au dépourvu. Les listes qu’ils pensaient pouvoir déposer en faveur de la clémence de la CENI, ne le seront jamais.
Quelques jours plus tard, la CENI se fera rappeler à l’ordre. En effet, sa décision d’instituer l’inscription à distance sur les listes électorales pour les prochaines élections a été également annulée par la Chambre administrative près de la Cour Suprême.
Avec de telles bourdes, ajoutées à la démission de son président pour dit-on, raison de santé, et la nomination d’un ancien opposant en la personne de Mohamed Vall Ould Bellal, ex-ministre des Affaires étrangères durant les périodes les plus sombres de l’histoire de la Mauritanie, en disent long sur une CENI dont on doute fort de sa capacité à mener dans les règles de l’art, des consultations cruciales où pour la deuxième fois dans l’histoire du pays, les Mauritaniens auront peut-être l’opportunité de vivre d’importants bouleversements politiques et une alternance qui déterminera leur avenir.
Cheikh Aïdara
Source : Le Courrier du Nord (Mauritanie)