C’est dans la capitale mauritanienne que vont se réunir une quarantaine de chefs d‘états africains, auxquels se joindra le président français Emmanuel Macron.
Paul Kagame, président en exercice de l’UA, a déjà fait savoir qu’il tenterait de s’assurer du soutien de ses pairs à la candidature de sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en octobre.
Une démarche appuyée par Paris puisqu’elle permettrait de ramener la direction de l’OIF en Afrique, après quatre ans de mandat de la Canadienne Michaëlle Jean, candidate à sa propre succession.
Plusieurs sujets à l’ordre du jour : les crises qui secouent le continent, notamment la guerre civile au Soudan du Sud ou le Sahara occidental, dont le drapeau flotte pour la première fois sur Nouakchott à l’occasion de ce sommet, avec celui des autres membres de l’UA.
Autre sujet qui préoccupe : l’exode de centaines de milliers d’Africains, essentiellement vers l’Europe.
Le Congolais Joseph Kabila, dont l‘éventuelle candidature à sa succession lors du scrutin du 23 décembre est jugée inconstitutionnelle par l’opposition, ne devrait pas être présent. Un collectif catholique à l’origine de trois marches contre cette éventuelle candidature a réclamé la semaine dernière “une plus grande implication” de l’UA dans le processus électoral en RDC.
Parvenir à une indépendance financière
Également présent, le G5 Sahel (Mauritanie, Burkina Faso, Mali, Niger, et Tchad) qui discutera de la lente montée en puissance de la force conjointe mise en place par cette organisation régionale siégeant à Nouakchott pour lutter contre les jihadistes.
La France, qui conduit dans la région l’opération Barkhane, soutient ce projet, y voyant un possible modèle de prise en main par les Etats africains de leur propre sécurité.
Mais sa mise en œuvre est pour l’instant marquée par les problèmes de financement et les accusations de violations des droits de l’Homme par les troupes de la force conjointe, basée à Sévaré (Mali).
Le président rwandais présentera un nouveau rapport sur une réforme institutionnelle de l’UA visant notamment à garantir l’autonomie financière de l’organisation pour lui donner les moyens de sa souveraineté politique.
Le budget de l’UA provient à plus de 50 % des bailleurs étrangers et ses programmes sont financés à 97 % par les donateurs. Pour réduire cette dépendance, la réforme prévoit le prélèvement dans chaque pays d’une taxe de 0,2 % sur des importations.
Le libre-échange, un marché de plus d’un milliard de consommateurs
La création d’une zone de libre-échange (ZLEC), lancée le 21 mars à Kigali et qui pourrait représenter un marché de plus de 1,2 milliard de personnes en Afrique et la corruption, qui, selon l’ONU, fait perdre au continent 25 % de ses richesses annuelles, devraient également être au cœur des discussions.
L’ambassadrice rwandaise auprès de l’UA, Hope Tumukunde, qui préside les travaux préparatoires à la réunion des ministres, jeudi et vendredi, a salué la décision de faire de cette réunion le “rendez-vous africain pour vaincre la corruption”, appelant à la “mise en place d’une feuille de route pour éradiquer le phénomène en Afrique”.
Les dirigeants africains examineront le dossier de la ZLEC, projet phare de l’agenda 2063 de l’UA visant à créer un grand marché commun, approuvé par 44 pays sur 55, mais pas par deux poids lourds du continent, l’Afrique du Sud et le Nigeria, dont le président Muhammadu Buhari assistera au sommet.
Le projet, qui prévoit la levée progressive des droits de douane sur 90 % des produits entre pays africains doit entrer en vigueur en 2019, avec un délai de dix ans pour généraliser les mesures du traité de Kigali, alors que le commerce intra-africain ne représente que 16 % des échanges des pays concernés, selon des statistiques officielles.
Autre volet de cet agenda 2063, le projet de marché unique et libéralisé pour le transport aérien, incluant 23 pays, sera défendu par le président togolais Faure Gnassingbé.
Source : Africanews