Cela dit, 28 Novembre 1960, 12/12, 5/7, 6/8, 10/7 ou 13/10, ça leur restera longtemps énigmatique. Exactement comme certains sigles : CMRN, CMSN, PKM, MND, CMJD, HCE, FNDU, FDUC, FLAM, El HOR ou G8. Redressement, Salut militaire ou civil. Il s’agit toujours de fermer la bouche, serrer les fesses, exécuter avant de réclamer et d’organiser des marches de soutien, chaque fois que les gradés de l’armée se fâchent contre les civils.
Qui parle aujourd’hui du 28 Novembre, du 10 Juillet ou du 12/12 ? Peut-être vieux dont les têtes sont « cassées ». Bon, tout ça, c’était un peu pour ne pas trahir l’histoire, puisqu’entre Juin et Août, il se passe toujours quelque chose, chez les NouZ’autres. Surtout avec le réveil de l’opposition qui a décidé, enfin, à va-t-en-guerre.
Le temps de la victimisation est fini. Vingt-six ans de va-et-vient, de compromis et de compromission, basta ! Vous savez, on n’en parle pas beaucoup, nous les pseudo-journalistes – surtout nous, les gens du Calame : d’ailleurs, nous ne sommes pas des journalistes, disent les autres, nous sommes des opposants, mais, à l’opposition, il y a à boire et à manger.
Les gens sont comme les gens comme on dit. Il y a de tout à l’opposition. Comme il y a de tout à la majorité. Même si opposition n’est pas systématiquement opposée à majorité. Normalement, si l’on n’est pas opposé, c’est qu’on est d’accord. Alors, on peut appeler les gens de l’autre côté les OK. Donc, l’opposition, d’une part, et l’Accord, d’autre part. Le problème, c’est qu’à l’opposition, il y a aussi l’opposition.
C’est depuis 1992 que ça existe. Ça a continué en 2003 puis encore en 2007 puis encore en 2009 puis encore en 2011 puis encore en 2014 puis encore en 2017… et ça continue encore !
L’opposition a trois problèmes. En un, les plus grands employés de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et du bureau des études et de la documentation (BED) s’y recrutent. Opposants le jour, indicateurs et espions la nuit. Une véritable pépinière de taupes.
Avec ça, impossible de s’entendre sur le fait que la semaine compte sept jours. Ou que ça, c’est le soleil et pas la lune. En deux, c’est un ascenseur gratuit. Juste un petit détour.
Juste pour bien sauter. La preuve : combien sont-ils venus au RFD, en 2007 ? Combien s’en sont-ils fait élire députés, maires ou quoi encore ? Tous ces gens-là – suivez mon regard, remontez autant que vous voudrez, partez même à l’étranger, dans les institutions internationales… –vous les retrouverez tous OK, aujourd’hui, tout crémeux, tout d’accord.
Naïve opposition ! En trois, l’opposition aime beaucoup la routine. Depuis son fameux « Rahil », elle n’a plus cessé ses interminables va-et-vient entre les mosquées : mosquée marocaine/marché Capitale/mosquée Ibn Abbas.
Et ça va, et ça parle, et ça vient, et ça reparle. Puis encore meeting puis meeting puis marche puis marche puis sit-in, et sit-in et encore sit-in. Jusqu’à problème : Certains opposants vont ici, D’autres là-bas, un troisième groupe se fait appeler quelque chose comme « opposition-responsable-qui-ne-jette-pas-de-pierres-et-ne-se-déshabille-pas-dans-la- rue ».
Mais, à l’intérieur même de cette responsabilité présumée ou réelle, il y a encore de l’animosité. Puis il y a, encore, une autre opposition qui n’est ni de nous, ni d’eux, ni de ceux-là-bas. Une autre opposition qui ne s’oppose à rien et qui n’est jamais OK pour rien.
Comme ça, chaque opposition est dans son rôle. Servir le pouvoir, suivant les moments de surenchère ou de souplesse. Selon ses besoins en grossièretés, platitude ou entre les deux. Opposition tantôt boycottiste, tantôt participante, tantôt dialoguiste, tantôt imperméable, tantôt ceci, tantôt cela. Puis, subitement, opposition va-t-en-guerre, arme sur épaulettes de militaires et pieds dans les rangers. Salut.
Sneiba El Kory
Source : Le Calame (Mauritanie)