Il s’agit d’une femme enceinte de huit mois, battue à mort par un ex-policier et d’un jeune homme mort en détention à l’Antidrogue. Ces deux cas ont eu lieu entre le 7 et le 12 juin dernier.
En présence de quelques correspondants de presse étrangère et locaux et d’un parterre de militants, Birame Dah Abeid, président du mouvement IRA a déploré le refus des deux Parquets de la République, celui de Nouakchott Nord et de Nouakchott Est, d’ouvrir une enquête ou de recevoir la plainte de deux familles dont des membres ont subi des violations grave des droits humains.
Marième Mint Mohamed Sidi, 33 ans
Selon lui, le premier cas est celui de Marième Mint Mohamed Sidi, enceinte de huit mois. Sortie pour jeter sa poubelle dans un dépotoir public à Toujounine, le jeudi 7 juin 2018 vers 18 heures, elle a été agressée par un ancien policier qui l’aurait battue à mort avant d’appeler la police. Des éléments du commissariat de Toujounine seraient venus récupérer le corps inerte de la femme pour la conduire au poste. Sur place, une réquisition médicale lui aurait été délivrée. Lorsque les membres de sa famille l’ont conduite à l’Hôpital Cheikh Zayed, le frère du policier, un garde qui les avait suivis aurait menacé les médecins si jamais ils l’examinaient. Devant le refus du corps médical de se pencher sur le cas de leur fille, la famille s’est rendue à l’Hôpital « Mère et Enfant » où le même scénario s’est produit.
Voulant déposer une plainte contre le policer et exigeant l’ouverture d’une enquête, la famille se serait heurtée au refus du Parquet. Cette version de la famille aurait été, selon Birame, confirmée par la police qui aurait souhaité à ce que le coupable soit déferré et traduit devant la justice. Mais tel n’a pas été le cas. La victime est actuellement chez elle, sans soins, entre la vie et la mort, selon sa déclaration. La sœur de la victime, Vatimetou Mint Mohamed Sidi, présente lors de la conférence de presse n’a pas pu s’exprimer, tellement elle était secouée par de violents sanglots.
Mohamed Ould Brahim, 37 ans, charretier
Le deuxième cas est celui d’un charretier, Mohamed Ould Brahim, 37 ans. Il a été arrêté le mardi 12 juin 2018 sur son lieu de travail au marché par des policiers en civil. Conduit au Commissariat de l’Anti-drogue, il a été ramené chez lui, où les policiers ont procédé à la fouille de la modeste bicoque où le jeune homme habite avec ses parents. Puis, retour au commissariat. Le lendemain, le père du jeune homme, Brahim Ould Maatalla reçoit un appel téléphonique du commissaire de l’Anti-drogue qui lui demande de venir récupérer le corps de son fils à la morgue de l’hôpital. Une fois sur place, le Procureur lui demande de signer un papier attestant de la « mort naturelle » de son fils. En contre-parti, lui aurait-il dit, la famille n’aura aucun frais à dépenser pour ses funérailles.
Le père, qui estime que son fils est mort sous les tortures, aurait refusé de signer le papier et de récupérer le corps de son fils qui serait jusqu’à l’heure où ces lignes sont écrites, encore à la morgue de l’hôpital National. Selon Birame, cette version de la famille, qui était venue le voir chez lui pour lui soumettre le cas de son fils, a été démentie par les autorités qui soutiennent que le jeune homme est mort de crise lors de sa détention en cellule. La mère du jeune homme et sa sœur étaient toutes les deux présentes à la conférence de presse.
Violations à caractère raciste
Commentant ces deux faits, Birame estime que ces deux cas sont des violations très graves des droits humains à caractère raciste, car les victimes sont tous Harratines, et les coupables des Arabo-berbères protégés par de puissantes tribus et un régime esclavagiste et raciste qui assure l’impunité totale à ses membres. Si dans le premier cas, celui de Marième Mint Mohamed Sidi, le constat des autorités sécuritaires rejoint, selon Birame, la demande des parents de la victime pour une poursuite judiciaire contre l’ancien policier auteur de l’agression, dans le deuxième cas, celui du jeune homme, il réclame un éclairci par voie de communiqué des autorités sur leur version des faits.
Dans tous les cas, il a souligné que si l’aile politique d’IRA, le parti RAG, s’est investi pour les prochaines élections, cela n’entrave nullement le mouvement IRA dans sa mission première et la primauté de son action qui consiste à défendre le droit des victimes de l’arbitraire, du racisme et de la discrimination raciale. Des séries de manifestations, sit-in et marches de protestation seraient programmés dans les prochains jours par IRA pour dénoncer ces deux.
Cheikh Aïdara
Source : L’Authentique (Mauritanie)