Cette situation a continué avec l’avènement de l’Etat moderne à cause des politiques discriminatoires des différents gouvernements successifs depuis la déclaration de l’indépendance. Des politiques fondées essentiellement sur la pérennisation de la situation qui prévalait basée sur le maintien de la marginalisation d’une composante qui constitue la majorité du peuple et sa tenue dans la relation ancienne/nouvelle du « maître et de l’esclave ».
Une situation qui a conduit au blocage d’un horizon de changement à cause de la résistance des structures traditionnelles et leur infiltration aux démembrements de l’Etat moderne.
Des fondements qui sont restés rebelles à toutes les tentatives de reforme visant à la création d’un nouvel équilibre qui met fin aux dommages grandissants au sein du système des relations sociales et du partage des rôles économiques et politiques.
Le sentiment grandissant d’injustice au sein des fils de cette composante et de marginalisation systématiques dont ils souffrent est un secret de polichinelle. Cela apparaît clairement à travers leur accès limité aux services de l’éducation, de la santé, de la propriété foncière, aux ressources de financement et autres moyens et facteurs d’émancipation économique et sociale qui constitue le pivot de la justice sociale et de l’égalité véritable.
Face à ce sombre tableau et conscients du danger de la continuité de cette situation sur la paix sociale, de larges composantes du peuple mauritanien se sont retrouvés au sein d’un Manifeste rassembleur qui transcende les appartenances restrictives, régionales et raciales et prennent l’engagement d’entreprendre une lutte pour l’éradication définitive de l’esclavage et toutes les autres formes d’injustice dont souffrent les Harratines.
Ce vaste mouvement constituera le fondement et le départ pour l’éradication des facteurs de discrimination et de marginalisation envers toutes les autres composantes même autres que les Harratines.
Cette volonté et ce dessein se sont concrétisés à travers l’appropriation du contenu du document du 29 avril 2013 connu sous le nom du Manifeste pour les Droits Sociaux, Politiques et Economiques des Harratines au sein d’une Mauritanie juste et réconciliée avec elle-même. Le document a constitué aussi un engagement et une détermination de tous ses signataires et de tous ses sympathisants pour travailler à la réalisation des objectifs qui y sont contenus.
La composition de toutes les instances du Manifeste reflète l’esprit de participation de tous les Mauritaniens et leur engagement pour dépasser la souffrance du passé à laquelle une méconnaissance méthodique et une insouciance volontaire a beaucoup contribué. Ce projet de changement ne peut se réaliser qu’avec une foi effective de la fatalité de reforme de ce qui a été endommagé par des pratiques destructrices à travers le temps.
Les fondateurs du Manifeste y voient un vaste cadre fédérateur des organisations, des mouvements et des personnalités qui s’engagent dans la lutte contre l’esclavage et ses séquelles et pour la propagation de l’égalité en Mauritanie.
Conformément à cette vision, les fondateurs ont décidé que le Manifeste soit un Forum et un cadre global où se conjuguent tous les efforts et les énergies de ceux qui le composent suivant le principe de la solidarité, de la coopération et de la complémentarité, chacun selon sa spécialité et sa place de façon à ce que la référence dans toute action future reste le document précité.
Le Comité permanent
Source : Le Manifeste