Les malfrats s’ingénient à miroiter à ces personnes issues d’une communauté qui a vécu l’esclavage et qui continue à souffrir de ses séquelles dans les quartiers pauvres ou dans les bidonvilles, des jours meilleurs, en leur proposant un travail bien rémunéré, ainsi que pèlerinage et Oumra à la Mecque.
Une fois en face de la réalité, ces malheureuses personnes découvrent qu’elles ont été piégées par des escrocs sans vergogne et que les monts et merveilles promis ne sont qu’esclavage, abus de tout genre et exploitation sexuels.
La déception puis l’inquiétude sont toujours au rendez-vous, comme ce fut le cas pour les parents des victimes des précédents épisodes 2015 (confère dossier du parquet n° 103/2015). Le nombre de personnes concernées par ce dossier sont 25 femmes et la liste devrait encore être plus élevée si certaines victimes n’avaient pas été empêchées de s’inscrire.
Ce dossier se perd souvent dans les méandres de la justice qui empêche les avocats et la partie civile (l’AFCF) d’en prendre connaissance et de s’en saisir. Cette année, l’AFCF a introduit une plainte pour de nouveaux cas de traite de femmes en Arabie Saoudite (dossier n°266/2018). Plus de 20 personnes victimes des arnaques du même propriétaire de cette agence d’escroquerie (monsieur Néma Ould Monak) se sont jointes à ce dossier, pour exiger le remboursement des sommes qu’ils ont versées à cet escroc qui s’est engagé à les envoyer en Arabie saoudite pour travailler.
Monsieur Néma Ould Monak, avait promis à la famille Ehel Mohamed Ould Med Vall de trouver un emploi de domestique pour la femme et un poste de gardien pour l’époux et qu’ils vont partir ensemble ; mais ce trafiquant d’êtres humains a prétendu que ce dernier ne peut occuper le poste à cause de son âge et que seule la femme fera le déplacement.
A l’instar de nombreuses autres familles de victimes, dont le nombre est inconnu sauf, la femme de Ould Med Vall Mme Lalla qui a été convaincu , par les trafiquants de personnes se présentant en bienfaiteurs d’envoyer sa femme pour travailler là-bas pour gagner un bon salaire afin d’entretenir toute la famille ; mais depuis quatre mois elle n’arrive plus à joindre par téléphones son mari. Les rares fois où la victime de la traite Mme Lalle m/ Med Vall a téléphoné, elle a déclaré qu’elle est chargée de l’entretien d’une femme malade mentale et que le chef du foyer lui inflige régulièrement un châtiment corporel inhumain et dégradant.
Par la suite, elle a été transférée dans un autre immeuble où elle est contrainte aux abus et exploitations sexuels et lors que la Présidente de l’AFCF a téléphoné, au Saoudien qui la séquestre il lui a avoué avoir acheté Lalla et que pour la libérer il va falloir payer de l’argent !!!!
Dès que le mari a été informé du calvaire de sa femme, il ne cesse de pleurer et il remue ciel et terre pour délivrer sa femme de ce crime abject pour la ramener dans son foyer ; mais peine perdue. Lorsqu’il a contacté son ”maître” il a fait mine de compatir avec les victimes et affirmé qu’elles sont entre de bonnes mains.
Constatant que le supplice se prolonge, le malheureux mari s’adresse au parquet qui se saisit de l’affaire et demande la garde à vue de monsieur Néma, alors tout l’establishment se mobilise pour le libérer. Le juge d’instruction du 5eme cabinet piétine le droit pour satisfaire les sollicitations des personnes influentes et les alliances tribales qui protègent ce trafiquant détenteur d’une agence qui se charge du convoyage de la traite humaine.
Malgré le nombre élevé de victimes de ce trafic des humains, l’auteur reste à l’abri des poursuites judiciaires et les souffrances des victimes de ses forfaits perdurent, loin de leurs familles et de tous ceux qui peuvent leur venir en aide. Cette complicité de notre justice avec les auteurs de la traite des humains prouvent que l’Etat ne respecte pas les conventions internationales qu’il signe et encore moins la loi rendant l’esclavage un crime contre l’humanité qu’il a promulguée.
Le cas de Mme Lalla Mint Mohamed Vall victime parmi tant d’autres de l’impunité, dont bénéficie Mme Mariem Mint Namou qui a envoyé des centaines de femmes en Arabie Saoudite et qui a vu la plainte contre elle classée sans suite, alors que plusieurs autres domestiques de retour n’ont pas eu accès à la justice pour déposer leurs plaintes.
La grande surprise fut pour l’AFCF la signature de la convention sur l’envoi de 15 000 travailleurs, signée avec l’Arabie Saoudite qui n’est autre qu’un pacte inhumain pour légaliser une traite qui ne dit pas son nom des domestiques descendants d’esclaves. Ce genre de procédés explique, en partie, l’origine de l’esclavage en Mauritanie.
-L’AFCF dénonce avec énergie la libération de monsieur Néma Ould Monak par le juge d’instruction du 5ème cabinet et exige justice pour Mme Lalla dont le mari pleure toute la journée dans les couloirs de la justice.
– Rappelons à l’état mauritanien qu’il est garant de la sécurité de ces citoyens comme le stipule les accords bipartites avec l’Arabie Saoudite et à travers la ligue Arabe.
– Lançons un appel pressent aux autorités judiciaires mauritaniennes en leur enjoignant de prendre la mesure de la gravité du cas de cette mère de famille et de prendre les mesures nécessaires pour son retour dans le pays
-Nous affirmons notre compassion avec la victime et sa famille en espérant que la justice soit rendue à cette pauvre dame et à son mari.
La présidente
Aminetou Mint El Mokhtar
Source : AFCF