Conséquence: une majorité de nos compatriotes « ne croient plus aux discours lénifiants et exigent des explications. Plus celle-ci tarde, davantage enflent l’acrimonie et la tentation de la rupture.
L’irresponsabilité des élites dirigeantes réside dans leur indifférence paresseuse face à ce défi », soulignent les deux organisations dans leur communiqué, rappelant qu’il s’agit « d’une réalité occultée par les gouvernements successifs, en vertu d’un optimisme de l’autosuggestion, à la fois suicidaire et de médiocrité ».
La déclaration rappelle la pendaison de 28 militaires négro africains, au cours de la nuit du 27 au 28 novembre 1990, dans la garnison d’Inal (Nord) et « l’impunité qui protège les présumés auteurs de ces crimes en dépit des changements de pouvoir ».
Le document CR-IRA soutient que la Mauritanie « est un pays à rebâtir, qui a besoin d’abord d’admettre la réalité de la discrimination comme l’essence de sa reproduction depuis 57 ans. Ensuite, il devra entendre et publier la vérité taboue, réparer les torts, enfin, envisager une forme d’organisation et de partage qui consacre les principes universels d’égalité ».
L’appel à la refondation aborde également la question de l’accès aux documents d’état civil et rappelle l’obligation pour une partie de la population de piétiner « devant les portes de l’état civil biométrique, la nouvelle technologie au service de l’exclusion ».
Les deux organisations expriment leur inquiétude face à la montée du sentiment extrémiste « d’une foule fanatisée en passe de gouverner au jour le jour, avant de baliser le chemin vers l’instauration d’une dictature des religieux, foncièrement réfractaire à la diversité culturelle et si réceptive à l’idée du bonheur ici-bas, d’ailleurs symptôme du délitement programmé de la Mauritanie« .
La publication de ce document intervient à un peu plus d’une année d’une échéance présidentielle « dont bien des Mauritaniens espèrent la délivrance, autant qu’ils craignent la partialité. Le moment est venu de rappeler l’imminence de la menace d’implosion, afin d’amplifier l’appel au sursaut. Il est à présent légitime de repenser la Mauritanie de demain selon la double urgence de survie et de l’aptitude à la pérennité ».
Cet appel s’adresse en priorité aux acteurs du premier cercle de décision « le président de la République en fin de mandat, les leaders de partis et d’opinion et toutes les personnalités reconnues pour leur aptitude à mener le vrai dialogue ».
Pour rappel, Conscience et résistance (CR) se présente comme une association social-démocratique, écologiste et laïque. Quant à l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie), elle se définit comme une association antiesclavagiste engagée dans la défense et la protection des droits humains et milite pour l’instauration de l’Etat de droit et le renouveau religieux. Ces deux organisations ne sont pas reconnues par l’Etat maurutanien.
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya
Source : Le360 (Maroc)