Sénégal : Kémi Seba en voie d’être expulsé vers la France

 Sénégal : Kémi Seba en voie d’être expulsé vers la France L’activiste Kémi Seba a été interpellé ce mercredi 6 septembre à Dakar et était ce mercredi soir dans les locaux de la police de l’aéroport de Dakar. Il est sous le coup d’une procédure d’expulsion vers la France qui lui a été notifiée en milieu d’après midi.

Kémi Séba est dans les locaux du commissariat spécial de l’aéroport de Dakar. Il attend d’être expulsé vers la France « par le premier avion », a déclaré Me Koureichi Ba, son avocat. « L’expulsion lui a été notifiée vers 14h [heure locale] », assure l’avocat, qui promettait ce mercredi soir avoir l’intention d’utiliser « toutes les voies de recours possibles » pour empêcher une expulsion de son client vers la France d’ici la fin de la soirée.

« Mais les délais sont très courts, tout est allé très vite », note Me Ba. L’arrêté d’expulsion a été pris par le ministre de l’Intérieur, et est daté du 5 septembre au soir.

Les policiers sont venus chercher Kémi Seba à son domicile en milieu de journée pour l’emmener au poste de la police des étrangers de Dakar, à Dieupeul. « Ils lui ont demandé de le suivre pour vérifier sa situation administrative.

Il les a accompagné sans faire d’histoires », raconte à Jeune Afrique un militant de la société civile, proche de Kemi Seba, qui était avec lui au moment de l’interpellation et l’a suivi jusque devant les locaux de la police des étrangers, avec d’autres soutiens de cet activiste qui défraie la chronique à Dakar et au-delà depuis qu’il a brûlé un billet de 5 000 francs CFA, le 19 août dernier.

Les services de police ont « pu constater qu’il a un passeport français ainsi qu’un passeport béninois qui, lui, n’est actuellement plus valable », a expliqué à JA une source au sein de la police sénégalaise.

« Trouble à l’ordre public »

La procédure aurait été initiée sur la base du « trouble à l’ordre public » que constitue la présence de Kemi Seba sur le territoire national sénégalais. L’appel lancé par le collectif d’organisations constituant le Front anti-CFA à une manifestation le 16 septembre prochain aurait servi d’accélérateur à la décision d’engager une procédure d’expulsion.

Kemi Seba a été poursuivi en justice – suite à une plainte déposée par la BCEAO – pour avoir brûlé un billet de 5 000 francs CFA, le 19 août dernier lors d’une manifestation. Jugé par le Tribunal des flagrants délits de Dakar, après quatre jours passés en détention, il avait finalement été relaxé, le 29 août. Mardi 5 septembre, le parquet de Dakar a fait appel de cette décision. Aucune date n’avait encore été fixée pour le procès en appel.

Le débat sur le CFA relancé

Le président de l’ONG Urgences Panafricanistes a, par son geste, relancé de manière spectaculaire le débat sur le franc CFA, qu’il accuse d’être un instrument au service du néocolonialisme français. En décembre 2016, il s’était vertement attaqué au chef de l’État sénégalais Macky Sall, après une déclaration de celui-ci sur son attachement au franc CFA.

Il avait alors accusé le président sénégalais d’avoir livré une déclaration d’« amour pour l’esclavage économique, la soumission politique et la dépendance endémique vis-à-vis de l’oligarchie française », comme le rappelle Jeune Afrique dans son édition du 3 au 19 septembre.

Dans la voiture de police qui l’emmenait dans les locaux de la police des étrangers de Dakar, Kemi Seba a eu le temps d’envoyer un texto : « C’est démesuré tout ça ».

Source : Jeune Afrique