« Leur seule faute est le combat qu’ils mènent contre toutes les formes d’esclavage et pour la défense des opprimés», déclare le sénateur qui dénonce « le double langage des autorités mauritaniennes », qui « devant les instances internationales affichent une posture contre l’esclavage et, en même temps, emprisonnent les militants anti-esclavagistes ».
Sur les antennes de la 2STV (chaîne privée sénégalaise), Sylla a invité le président Mohamed Ould Abdel Aziz à respecter la constitution et par conséquent à ne pas briguer un troisième mandat précisant que le pays n’a pas besoin d’un changement ni de drapeau, ni d’hymne.
« Par contre, la Mauritanie a besoin de changements profonds à tous les niveaux. Nous aspirons à une justice sociale, à l’édification d’un Etat de droit. Les injustices sont criantes à travers le pays(…) Au sein des forces armées et de l’administration, les noirs sont marginalisés. Ils n’occupent que des portions congrues». Le pouvoir occulte le vrai débat, selon lui.
Sylla a dénoncé les persécutions à l’encontre des militants des droits de l’homme et des opposants privés d’espace de liberté non sans s’appesantir sur le fossé social qui se creuse davantage. Le Sénateur de Mbout a demandé à la communauté internationale, à travers ses représentations diplomatiques à Nouakchott, d’intervenir pour la libération des détenus abolitionnistes.
Selon Sylla, le régime actuel, pour se maintenir au pouvoir et dans sa stratégie de diversion, dresse les différentes communautés sociales les unes contre les autres, infiltre et débauche dans les rangs des organisations et mouvements et octroie des récépissés.
« Le pouvoir n’aime pas la contestation. Tout mouvement de protestation même pacifique est réprimé de manière brutale. Quand on dénonce à l’étranger cette situation, on est accusé d’être des non patriotes. Nous aimons notre pays mais pas de la façon avec laquelle il est géré», déplore-t-il.
Le sénateur a aussi précisé: « notre démarche n’est pas de séparer les maures et les noirs. Notre premier souci, c’est l’unité nationale, la cohésion sociale dans le respect des droits de tout un chacun. » Pour lui, « il n’y a pas de problèmes entre les communautés en Mauritanie. Il y a un problème entre les noirs et le gouvernement mauritanien. » Il a ajouté: « nous allons continuer à revendiquer nos droits dans une démarche non violente. »
Pour l’unité nationale et la cohésion sociale, le sénateur demande aux autorités mauritaniennes de s’attaquer sérieusement au dossier du passif humanitaire qui a été marqué par des centaines d’exécutions sommaires. « Pour ce dossier, Il urge de mettre sur pied une commission vérité et réconciliation pour faire la lumière sur les exactions extra judiciaires qui ont été commises durant les années de plomb et la traduction de leurs auteurs devant des juridictions. C’est seulement après que ce dossier pourra être réglé. Les autres remèdes qui consistent à donner un peu par-ci un peu par-là n’aboutiront jamais. »
Comme il fallait s’y attendre, le Sénateur de M’Bout a réprouvé la suppression en vue du sénat qui constitue, dit-il, un « acquis démocratique » et non une « institution inutile ».
Source : Le Calame (Mauritanie)