Le vice-président d’IRA : qui fait réellement de la question de l’esclavage un fonds de commerce ? Une évaluation rapide de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie

Le vice-président d’IRA : qui fait réellement de la question de l’esclavage un fonds de commerce ? Une évaluation rapide de la lutte contre l’esclavage en MauritanieTout mauritanien a le droit, pour ne pas dire le devoir, de prendre part à l’effort de lutte contre l’esclavage et ses séquelles pour combler l’énorme fossé que les gouvernement ont favorisé entre les composantes nationales depuis la nuit des temps.

Chacun a le droit de lancer son « initiative » et de se creuser les méninges pour sortir les meilleures idées mais il est inconcevable – pour ne pas dire immoral – d’ignorer le douloureux passé des hratins et, aussi, le combat mené par d’autres ainsi que leurs sacrifices. Des combats loin d’être suffisants, ou sans défauts, mais qui ont constitué tout de même le début d’un changement notoire.

Il est également inadmissible, voire ridicule, de commencer son entrée dans le monde du militantisme pour l’émancipation des hratins en utilisant le lexique dont usent et abusent les services de renseignements et les pseudos intellectuels craignant pour leurs privilèges bâtis sur la misère des autres et la falsification de l’histoire, pour qualifier l’action des antiesclavagistes de bonne foi.

Oui, il se peut que notre combat ait connu des insuffisances ou des erreurs mais personne ne peut nier les résultats tangibles auxquels nous sommes arrivés. Comme, par exemple, le fait que la Cause ait été portée sur tous les fronts et fini par ébranler les fondamentaux pseudos religieux et sociaux de l’Idéologie esclavagiste, éveiller les consciences, fait tomber les masques ; ce qui a fait peur aux propriétaires d’esclaves et mené certains d’entre eux en prison, malgré la protection que leur offre un pouvoir esclavagiste.

Notre combat a poussé certains à mentir, se mentir, et renier ce qui faisait hier leur fierté et le fondement de leur grandeur et suprématie présumée. L’esclavage est devenu une honte pour ceux qui le pratiquent mais aussi le tremplin pour certains hratins vers de grands postes, même s’il ne s’agit jusqu’à présent, que de cette nécessité de « colorer ». Un dosage que notre combat, nos privations et notre emprisonnement ont forcé.

La Mauritanie est aujourd’hui connue, selon Monsieur Google, comme « le pays le plus esclavagiste au monde » (ce qui est dommage) mais la faute revient au pouvoir et à tous ceux qui l’ont précédé qui, de l’indépendance à nos jours, ont préféré le déni à la reconnaissance du phénomène pour penser à l’éradiquer.

Tout ce qui a été réalisé jusqu’à ce jour au profit des hratins est le fait des années de sécheresse (1972-1980). La nature d’abord, puis le mouvement El Hor (Le libre), le MND (Mouvement national démocratique), le Parti Action pour le Changement (AC), SOS Esclaves et, enfin, IRA. Les efforts donc de personnes de différentes communautés dont certaines ne sont plus de ce monde, d’autres qui ont changé leurs positions ou attendent l’opportunité pour le faire !

Aucune personne de bonne foi ne peut nier les sacrifices d’IRA pour que la condition des hratins change en mieux et que le gouvernement appréhende les dangers qu’il y a à ne rien faire pour cela. Et elle continue à payer aujourd’hui le prix de son engagement. Cela ne veut pas dire qu’il y a probablement des erreurs comme dans tout travail humain.

Quant à ceux qui ont tiré un profit matériel de ces efforts, qui ont construit des villas dans les quartiers chics de la capitale Nouakchott, et qui ont changé de peaux (croyant pouvoir changer de statut social) en contractant un mariage « secret » avec une « noble », ils ont tourné le dos à leurs noms, leur communauté et leurs origines quand le pouvoir a eu recours à eux pour les besoins du dosage, pas plus. Ils tirent profit aujourd’hui de l’engagement des militants ayant tout sacrifié pour la noble cause. Ces suceurs de sang ont pourtant le culot de parler à la télévision et à la radio pour débiter leurs mensonges, prix de leur ralliement.

Nous respectons l’avis de chacun et sa volonté de prendre part, d’une manière ou d’une autre, au combat irréversible que nous menons contre les forces du mal et les hommes sans honneur. Le terrain est le seul moyen de nous départager. Parce que ceux qui veulent nous écarter doivent être capables de faire plus que nous, en termes de réalisations et de sacrifices. Nous n’hésiterons pas à saluer ces efforts, et même à les rallier, si cela arrive un jour. Mais il faut d’abord que nous voyons des réalisations sur le terrain dans le domaine de l’éducation, de la santé, au profit de larges franges de la société qui n’ont connu jusque-là que les privations, et dont les enfants subissent toutes sortes de brimades, d’injustices de toutes sortes (procès iniques), etc.

Les positions peuvent changer mais la réalité amère est qu’on est dans un pays (encore) esclavagiste, une société obscurantiste et un pouvoir qui dit plus qu’il ne fait.

Brahim Ould Abeid
Source : Elhourriya (Mauritanie)