A Monsieur le Président Mohamed Ould Abdel Aziz

A Monsieur le Président Mohamed Ould Abdel AzizIl y’a plus d’une année, mon père a été emmené à la prison civile de Nouakchott (sans avis judiciaire) puis transféré à Bir Moghrein où il a subi des tortures physiques et psychologiques. 

On l’avait trempé dans une affaire dont il était complètement innocent.

Voici les faits :

Mon père, receveur du Trésor à Timbédra, avait reçu la visite d’une mission d’inspection interne. Après vérification des documents, les agents sont partis à Nouakchott et mon père les y a rejoints. 

Quelques jours après, il a été interpellé par la Police des crimes économiques. On lui a remis un avis de l’Inspecteur Général des Finances lui exigeant de rembourser la somme de 89.735.625 Ouguiyas, dont il n’a aucune connaissance. Il fut amené par la suite en prison.

Après vérification du rapport des inspecteurs (mon père en a eu une copie) il s’est avéré que l’affaire concernait une dépense de 54.876.018 Ouguiyas, faite par les maires en 2011, soit avant que mon père n’ait été nommé au poste de receveur. Il a été donc inculpé et emprisonné contrairement à la procédure légale.

Il y a eu un accord entre les maires d’une part et l’IGF d’autre part selon lequel les premiers étaient tenus de rembourser le montant en question, l’IGF devra déduire ce montant sur les fonds alloués aux communes.

Le montant se composait comme suit :

– Commune de Timbédra / 14.681.852 ouguiyas, (contrat n° 664/2013) ;

– Commune de Bousteila / 15.393.258 ouguiyas, (contrat n° 663/2013) ;

– Commune de Hassi M’Hadi : 6.685.772 ouguiyas, (contrat n° 665/2013) ;

– Commune de Touil / 12.414.513 ouguiyas, (contrat n° 755/2013) ;

– Commune de Koumbi Saleh : 5.700.623 ouguiyas, (contrat n° 664/2013) ;

Il convient de noter que les maires avaient commencé par rembourser une bonne partie des montants convenus, ceci juste après l’entrée de mon père en prison. Celui-ci a été sommé ensuite par des inspecteurs de rembourser un montant de 30.317.239 ouguiyas qu’il aurait payé aux communes. Il s’agissait en fait de montants remis à ces communes (PV de passation de service entre mon père et son prédécesseur en date du 23/09/2012 et qui se répartissaient ainsi :

– Commune de Bousteila : 12.133.106 ouguiyas,

– Commune de Koumbi Saleh : 7.282.503 ouguiyas,

– Commune de Hassi M’Hadi : 2.494.826 ouguiyas,

– Commune de Timbédra : 8.406.804 ouguiyas,

La somme de ses deux montants atteint donc 93.193.257 ouguiyas. En la déduisant du montant pour lequel mon père est poursuivi, il reste 4.542.368 ouguiyas qui ont été dûment dépensés (voir mandats No. 100750/2012, 11953/212 , 0011/2012, 12894/2012.

On conclut de ce qui précède que mon père est poursuivi pour zéro ouguiya. Il a été tout simplement victime d’une machination.

Monsieur le Président,

Je me suis trouvé dans l’obligation de vous écrire pour vous éclairer sur cette affaire, et attirer votre attention sur les agissements et comportements de certains agents publics qui, prétendant être au dessus de la loi, portent atteinte à la dignité et à l’honneur du l’individu,

L’enquête judiciaire à eu lieu enfin et l’affaire est depuis trois mois devant la justice. Jusqu’à ce jour, il n’ ya aucune information sur la date de l’audience.

Il ne m’intéresse nullement si l’IGF n’ait pas obligé les maires à rembourser les montants convenus, comme je n’ai pas non plus à accuser l’Inspecteur général des Finances d’avoir failli à sa mission. Ce que je veux exprimer est que mon père appartient à une communauté bien connue, et d’une formation politique reconnue.

Nous n’avons d’autre recours qu’à Allah d’abord, et à l’Etat de droit dont vous vous portez garant, Monsieur le Président. Nous espérons que justice soit rendue et que les pauvres et les opprimées recouvrent leurs droits, loin de toute intimidation, et de toute intervention.

Allah le Très Haut dit : « ceux qui, si Nous leur donnons la puissance sur terre, accomplissent la Salât, acquittent la Zakât, ordonnent le convenable et interdisent le blâmable. Cependant, l’issue finale de toute chose appartient à Allah. » (sourate 22 verset 41).

Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

El Arbi Ould Saleck Ould M’Haimed

Source : Nouakchott Info (Mauritanie)