Chers frères et sœurs, mesdames , messieurs, chers compatriotes
Nous voici à nouveau réunis pour commémorer la proclamation du « MANIFESTE POUR LES DROITS POLITIQUES, ECONOMIQUES ET SOCIAUX DES HRATINE ».
Cette proclamation a constitué un événement marquant de l’histoire du peuple mauritanien qui aspire à la justice, au progrès social et à une prospérité partagée et inclusive.
Permettez moi avant de poursuivre de vous demander d’observer une minute de silence et de réciter la Fatiha en mémoire de notre regretté frère Mohamed Said Ould Hamody qui a présidé ce grand mouvement émancipateur depuis sa naissance.
SILENCE
Merci.
Chers frères et sœurs
Le « MANIFESTE POUR LES DROITS POLITIQUES, ECONOMIQUES ET SOCIAUX DES HRATINE » est à la fois un constat qui met à nu l’oppression, les injustices et l’exclusion dont sont victimes le Haratines, définit les grandes lignes d’un programme d’action en vue de la réparation de ces injustices et lance un appel aux autorités, à l’ensemble des acteurs nationaux pour qu’ils agissent enfin contre une telle situation.
Mais c’est avant tout aux Hratine et à l’ensemble des mauritaniens épris de justice et soucieux de l’avenir de leur pays que cet appel est destiné, car sans leurs luttes, leur solidarité et leur esprit de sacrifice, il ne saurait y avoir d’émancipation réelle et de progrès social véritable.
Depuis la déclaration du 29 Avril 2013 des structures ont été mises en place pour assurer le suivi du manifeste qui a bénéficié d’un large écho et suscité une profonde espérance au sein des couches les plus pauvres et les plus opprimées du peuple mauritaniens dont les Hratine constituent la principale composante.
Les instances mise en place pour assurer le suivi des objectifs du manifeste ont poursuivi leur action quotidienne et les organisations qui ont contribué à sa conception ont continué leur lutte contre l’esclavage, et toutes les autres formes d’injustice et d’exclusion. Nous saluons ici leur action et les invitons à la poursuivre sans relâche.
C’est l’occasion pour nous ici de saluer les organisations anti-esclavagistes et l’ensemble des mauritaniens attachés à la justice pour leur combat multiforme mené depuis des décennies et qui a favorisé l’inscription, dans la Constitution, de l’esclavage comme crime contre l’humanité. De même, ce combat a permis aussi la reconnaissance du droit pour les associations des droits de l’homme non seulement d’assister les victimes dans les procédures judiciaires, mais aussi la faculté de se constituer partie civile.
Nous attirons cependant l’attention des autorités sur le fait que l’élaboration des textes juridiques ne suffit pas et que seule la traduction dans les faits constitue un réel progrès. Or force est de constater tel n’est pas encore le cas et que les demandes raisonnables et légitimes présentées dans le Manifeste ne sont toujours pas satisfaites.
La marche que nous avons effectuée ce jour est désormais une tradition nationale qui a pour vocation de s’étendre à l’ensemble du pays et à se poursuivre jusqu’à la réalisation des objectifs du Manifeste. C’est une marche pour la justice, une marche pour l’égalité, une marche pour la dignité, car c’est seulement dans la justice, l’égalité et la dignité que nous édifierons uneMauritanie « unifiée, égalitaire et réconciliée avec elle-même » comme le proclame le Manifeste du 29 Avril 2013.
Chers frères et sœurs,
Notre souffrance dure depuis des siècles et nous savons que notre combat ne sera pas aisé ; que notre chemin est semé d’obstacles et seule la persévérance nous permettra d’atteindre nos objectifs légitimes qui sont l’émancipation des Hratine et celles de toutes les victimes de l’injustice dans notre pays.. C’est à cette persévérance, à cette fermeté et à cette endurance que je vous appelle aujourd’hui.
Par ailleurs, et au risque de répéter notre frère Mohamed Said Ould Hamody, « je voudrais, en votre nom à tous saluer la mémoire des frères et sœurs qui nous ont quitté et qui ont participé, peu ou prou, à l’éveil des consciences des victimes de l’esclavage et de l’exclusion de toutes nos composantes socio cultrurelles à se battre pour leurs droits. En votre nom à tous je salue, également, la mémoire de toutes les victimes de l’injustice, en ce pays, quelles que soient leurs ethnies ou leurs conditions sociales et j’implore Allah le tout puissant de les recompenser à côté des justes ».
« Car même si le Manifeste dans son intitulé à singularisé les hratine et l’esclavage, en particulier, il reste un outil, un exemple et un cri de cœur contre toutes les servitudes, contre toutes les injustices ».
Enfin je ne saurais terminer cette adresse sans dire merci du fonds du cœur à tous ceux qui se sont associés à nous aujourd’hui et à tous ceux qui nous ont apporté leur soutien qu’il s’agisse de personnalités, d’organisations de la société civile, de partis politiques mais aussi de simples citoyens attachés à la justice.
Poursuivons donc notre combat « pour les droits politiques, économiques et sociaux des Hratine au sein d’une Mauritanie unie, égalitaire et réconciliée avec elle-même ».
Je vous remercie
Nouakchott le 29 avril 2016
Source : Comité Permanent du Manifeste