Aujourd’hui le lien nation-nation est menacé à cause du système inégalitaire et la résurgence des voix abolitionnistes dans une société mauritanienne fragile et même en péril. Même si nous avons la même religion, les coutumes et les us sont presque les mêmes ; notre unité nationale demeure très fragile.
Oui, la Mauritanie est menacée par une politique de gestion raciste basée sur un système semblable à celui de l’apartheid. Outrageusement notre armée qui est fondée sur l’exclusion illustre parfaitement cette politique. Les crises actuelles que traverse la Mauritanie sont essentiellement d’ordre social et économique : esclavage et ses séquelles, l’inégalité des chances dans l’emploi, délinquance, insécurité et dégradation de l’éducation.
À l’instar des autres institutions du pays notre armée dite nationale exerce une politique de clientélisme et d’exclusion sinon où sont les généraux Haratines, Poulars, Wolofs et Soninkés ? un ou deux, même si l’armée est composée majoritairement de ces entités pré citées.
Le rôle d’une armée est de défendre l’intégralité du territoire national mais elle est aussi une force sociale, politique voire économique. Sur le plan moral, le citoyen se jouit d’avoir une armée forte et capable de le défendre.
Mais, la discrimination au sein de l’armée menace non seulement le présent mais aussi le futur du pays. Dans une situation pareille, le peuple aura des suspicions sur l’importance d’une telle armée. Les militaires eux-mêmes et les soldats en particuliers ne seront jamais aussi motivés pour jouer pleinement leurs rôles.
Alors que les armées représentent la dimension nationale, la disponibilité et le sacrifice ; notre armée elle de par sa composition discriminatoire rend le lien entre forces armées et citoyens très distant.
Il faut noter aussi les recrutements ciblés qui écartent les candidats Haratines et négro africains surtout au niveau des rangs d’officiers et d’officiers supérieurs.
La méfiance s’élargit surtout si on sait que les commandements de l’armée sont issus de la bourgeoisie esclavagiste. Les subalternes issus des classes inférieures sont sujets de discriminations, d’intimidations, de travaux forcés et d’exclusions dans les promotions.
Une personne issue de la classe dite inférieure ne peut émerger du fait de cette chape de plomb impitoyable. Le verrouillage mise en place est systémique et même encouragé par l’état.
Cheikh Abdel Ahad
Source : Rimweb (Mauritanie)