Interview de Hachim Diacko, membre de la coalition Biram Président 2024

Interview-express avec Hachim Diacko, membre de la coalition Biram Président 2024

Le Calame – La coalition Biram Président 2024 vient de boucler une tournée dans les quatre régions de la Vallée. Pourquoi ce périple ?

Hachim Diako : Effectivement, la coalition vient de rentrer à Nouakchott, au terme d’une tournée de plusieurs jours dans la Vallée. Comme vous le savez, cette partie de notre territoire national est affectée par de graves inondations. Beaucoup de villages sont envahis par des eaux et leurs populations souffrent. Il nous revenait donc, en tant que force politique majeure, d’aller au chevet de ces concitoyens pour les réconforter, compatir à leur détresse et leur offrir le peu que nous avons.

– Comment vous ont paru les populations sinistrées ?

– Les populations des villages sinistrés que nous avons visités sont désemparées ; certaines localités sont complètement encerclées par des eaux et donc isolés de leurs voisines ; leur bétail ne peut plus pâturer en certains cas, les cultures sont dévastées. Une situation fréquente, dans toutes les régions visitées, à savoir le Trarza, le Brakna, le Gorgol et le Guidimakha.

La situation est désespérée pour ne pas dire dramatique. Certains ont été obligés de quitter leur localité pour s’installer dans des zones non inondées et craignent perdre leurs terres, une fois que les eaux se sont retirées. Nous les avons mis en garde contre de tels risques. Enfin, bref, les populations victimes des inondations se disent tout simplement abandonnées à elles-mêmes.

Les autorités brillent par leur absence et nous nous demandons pourquoi l’État et ses structures ne se sont pas plus mobilisés, en appelant notamment à l’aide internationale d’urgence. N’avait-il pas réagi avec célérité pour Tintane envahie par les crues le 7 Août 2007 ? N’avait-il pas lancé un appel à l’aide internationale moins d’une semaine après la catastrophe ? L’attitude actuelle du gouvernement prouve qu’il ne traite pas ses concitoyens de manière égale. C’est plus que regrettable : inadmissible.

– Quelle aide les pouvoirs publics ont-ils apporté aux populations ?

– Partout où notre mission est passée, elle a constaté, comme je viens de le dire, que les populations sinistrées sont comme abandonnées à leur propre sort. Aucune visite de membres du gouvernement ; aides des autorités locales réduites à « l’aumône », déplorent certains : quelques kilos de riz, sucre, huile, tentes et moustiquaires…

C’est très loin de couvrir les besoins. Dans le regroupement de villages à Taaga, près de Maghama, les gens n’ont pas reçu de quantité suffisante de tentes ; le manque de latrines est partout criant et cela augmente le risque de maladies.

Nous déplorons fortement que le gouvernement n’ait pas fait grand-chose et, surtout, qu’il n’ait pas mobilisé les hommes d’affaires pour soutenir les sinistrés, comme il s’y employa en d’autres occasions. Se contenter de proposer aux victimes de déguerpir vers des lieux non inondables, c’est une solution à haut risque dans la mesure où, une fois, la décrue amorcée, elles risquent de perdre leur village et leurs terres de culture lors de la réinstallation.

Le 5 novembre 2024
Propos recueillis par Daay Lam
Source : Le Calame