Dans un entretien avec Rmi-info, le chargé de communication de Ganbanaaxun- Feddé, Koundou Soumaré a assuré que le mouvement s’inscrit « clairement dans la voie droit-de-lhommiste ». Il a précisé que le mouvement milite pour la fin de la violence symbolique et l’avènement des réformes sociétales chez les Soninké. Il a également rappelé la mort de 4 militants le 1 septembre dernier dont un responsable de Ganbanaaxun-Feddé dans un violent affrontement communautaire. En effet, il a dénoncé la détention arbitraire de l’un de leurs militants à Bouanzé dans le Guidimakha.
Au sujet des circuits de médiation traditionnelle, Soumaré précise que « de timides rencontres ont eu lieu entre notre mouvement et certaines associations communautaires en France mais sans aboutir à quelque chose de conséquent. » Avant d’ajouter que la présence des réserves au sein des rangs des progressistes qui sont liées aux pressions et pesanteurs sociales dans le milieu Soninké.
Selon le leader, même s’il y a des progrès enregistrés dans la première année du règne de Mohamed Cheikh El Ghazouani, les autorités doivent avoir le courage de libérer les rouages étatiques du prisme tribal et communautaire.
RMI-info : Comment se porte aujourd’hui le mouvement Ganbanaaxun -Fedde après ces quelques années d’existence?
Koundou SOUMARÉ : D’abord mes salutations à toute l’équipe RMI-INFO et à vos lecteurs. Et j’introduis mon propos par une pensée pieuse à nos 4 camarades antiesclavagistes lâchement assassinés par une horde haineuse des miliciens féodalo-esclavagistes le 1er septembre dernier à Djandjoumé au Mali. 4 vaillants pères de famille de 44 ans à 73 ans, dont Monsieur Mountakha Diarrisso qui était le responsable local Ganbanaaxun. Je pense à leurs familles actuellement à Nioro et parmi elles, des blessés à qui je souhaite un prompt rétablissement. Aujourd’hui je dirais que l’éveil abolitionniste et anti-esclavagiste porté par GANBANAAXUN FEDDE, est plus que jamais porteur à travers le monde soninké et même au delà. Le caractère tabou et complexé qui entourait l’esclavage coutumier par ascendance qui fait partie d’une certaine structuration sociale dans nos communautés faites des castes et des hiérarchies, est levé comme jamais. Ainsi Ganbanaaxun FEDDE suit sa dynamique pacifiste de sensibilisation humaniste et citoyenne autour des problématiques liées à cet esclavage statutaire malgré les gesticulations nuisibles des voix réactionnaires nostalgiques d’un temps moyenâgeux.
Pouvez-vous rappeler le contexte de sa création, ses orientations et les victoires enregistrées jusqu’ici ?
KS : le mouvement GANBANAAXUN FEDDE avait été créé le 5 octobre 2016, sous son aspect forum Whatsapp de sensibilisation, par Monsieur Gaye Traoré qui occupait à l’époque le poste de secrétaire général d’ARMEPES-France (Association des ressortissants mauritaniens pour L’éradication de pratiques de l’esclavage et ses séquelles). Monsieur Traoré est actuellement le président d’ARMEPES-France qui est la structure mère de ce mouvement devenu aujourd’hui transnational. Par la suite le mouvement GANBANAAXUN FEDDE est déclaré en cadre fédératif regroupant plusieurs associations antiesclavagistes évoluant principalement au sein des communautés soninkés en Mauritanie, au Mali, au Sénégal et dans la diaspora. Aborder les données sur le mouvement GANBANAAXUN FEDDE nous ramène nécessairement à l’association ARMEPES qui a été fondée courant 2010 à l’initiative de ressortissants mauritaniens majoritairement d’ethnie soninké . Dans la communauté soninké, l’esclavage coutumier par ascendance est bien ancré dans la stratification sociale. Et le phénomène couvert d’un certain tabou surgit souvent dans des débats crispés et contradictoires, notamment au niveau de sa légitimation religieuse. Dans les années 2000, un lettré religieux malien d’ethnie soninké du nom de Mohamed Touré (vivant en Arabie Saoudite à l’époque) avait abordé dans plusieurs cassettes la question de cette légitimation de l’ordre coutumier de l’esclavage chez soninkés. Et sa compréhension penchait vers l’affirmatif laissant entendre que les individus castés esclaves statutaires vont le demeurer religieusement s’ils ne vont pas aller quémander leur affranchissement auprès leurs maîtres féodalo-esclavagistes. C’était de ce constat d’une argumentation ouvertement apologiste de l’esclavage entre personnes d’un même groupe sociolinguistique professant une même confession censée être fraternelle et solidaire, que des personnes avaient eu l’inspiration de fonder l’association ARMEPES- France. Parmi les initiateurs, je peux citer l’oncle Ibrahim Cissokho, l’oncle et Ustaz Abdoulaye Traoré, l’oncle Tougué Traoré, l’oncle Dramane Camara entre autres. Une mobilisation militante est axée sur la sensibilisation, les débats , les demandes de réformes sociétales et les actions de développement multidimensionnel au service de la communauté et voire à l’échelle nationale. Je dirais que la phase de la sensibilisation et de l’éveil militant font le succès du mouvement. Et en grande partie, c’est grâce à l’émergence et aux facilités communicationnelles via les réseaux sociaux notamment whatsapp et Facebook.
Avant d’aborder le fond, parlons un peu de la forme, en l’occurrence, des vos méthodes souvent décriées par vos détracteurs? Ganbanaaxun-Fedde est de quelle inspiration ? Êtes-vous une organisation de défense de droits de l’homme, une congrégation religieuse ou une association caritative?
KS: Effectivement, nous avons tant entendu la fameuse réplique aux relents douteux d’ailleurs dégainée par certains « votre cause est juste mais vos méthodes sont mauvaises ». Je peux comprendre certaines voix extérieures à la communauté et ses réalités, mais d’autres personnes ne sont que dans une posture bien connue consistant à éviter le fond des choses. Ainsi pour certains milieux détracteurs issus de la communauté, aborder publiquement les problèmatiques liées à l’esclavage coutumier par ascendance, serait en soi une « mauvaise méthode ». Indexer les assignations sociétales qui discriminent les gens en fonction d’un passé accidentel de l’esclavage, peut perturber certains parce qu’ils y voient une menace pour leur hégémonie sociale et statutaire.
Les associations qui composent GANBANAAXUN FEDDE évoluent clairement dans la voie droit-de -lhommiste. Dans le volet sensibilisation, certains membres connaisseurs du fait religieux y développent une réflexion discursive de délégitimation de cet esclavage coutumier en convoquant des sources prouvées issues du Coran et de la tradition prophétique. Autrement, nous ne demandons que la primauté de l’égalité citoyenne à travers l’ordre régalien de nos États sur les velléités dominatrices du régime féodalo-esclavagiste intracommunautaire.
Vous êtes présents en Europe et en Afrique? Mais où compte-t-on plus adhérents aujourd’hui? Avez-vous des liens avec la diaspora notamment des organisateurs du festival annuel des Soninké de l’Afrique l’Ouest?
KS : j’hésiterais me lancer dans un chiffrage concernant nos adhérents proprement dits entre la France et dans nos pays d’origine. L’éveil GANBANAAXUN FEDDE a eu son envol en France autour de nos activités militantes et la mobilisation a eu ses effets positifs en matière de la prise de conscience dans nos terroirs. Ainsi le régime coutumier foncièrement trompeur a été dévoilé et nos familles s’affirment en citoyens dignes en revoyant les rapports symbolisant la subordination sociétale entre les castés esclaves et leurs maîtres féodaux. Dans plusieurs villages face au refus systématique de milieux féodalo-esclavagistes à se remettre en question sur la nouvelle donne antiesclavagiste, émerge une communauté Ganbanaaxu aspirant à une autogestion sociale sans les humiliations symboliques liées au ladalenmaxu (rapports de domination féodale symbolique qui maintiennent les descendants d’esclaves dans une subordination perpétuelle).
Dans les premières années d’ARMEPES-France, un des responsables avait été dépêché à Kayes lors d’une édition de Fiso (festival international de soninkés). En la personne de Monsieur Brahim Cissokho qui s’y était rendu pour sensibiliser la communauté soninké sur la problématique de l’esclavage coutumier par ascendance. D’après son retour d’expérience, l’accueil au message n’était pas à la hauteur, il avait constaté un certain évitement et de l’indifférence. Nous sommes ouverts et notre appel est destiné à tout Soninkara. Malheureusement certains milieux sont piégés par une légendaire suffisance quasi maladive en considérant que tout est parfait dans la société, chacun a sa place. J’espère que les choses vont évoluer progressivement chez eux afin qu’ils mettent à jour leur logiciel d’approche par rapport aux réalités de notre époque. Quelques timides rencontres ont eu lieu entre notre mouvement et certaines associations communautaires en France mais sans aboutir à quelque chose de conséquent.
Ces derniers mois, votre engagement a commencé à avoir des échos retentissants sur la scène internationale. Une note des Nations unies a demandé aux dirigeants maliens de régler définitivement la question de l’esclavage? Pouvez-vous revenir sur cette affaire et le contexte ayant provoqué l’interpellation onusienne de l’État malien?
KS : Dans mon propos introductif, j’ai abordé cette affaire de Djandjoumé, avec l’assassinat de 4 membres Ganbanaaxu par les milieux féodalo-esclavagistes sur place. D’après mes sources tenues de nos partenaires maliens, les familles de victimes de la soirée funeste du 1 septembre 2020 vivaient déjà dans une ostracisation sociale à cause de leur engagement antiesclavagiste. L’une des victimes, feu Mountakha Diarrisso (73 ans) avait été sauvagement attaqué et sa maison saccagée courant 2018. Un jeune homme d’une trentaine d’années l’avait agressé grièvement parce qu’on lui reproche d’oser ouvrir sa maison pour une réunion du mouvement anti-esclavagiste. Et ils étaient fréquemment entre Djandjoumé et Nioro sur des affaires judiciaires liées aux conséquences de leur rejet de cet esclavage par ascendance. Fin août et début septembre, une décision judiciaire de Nioro en faveur des familles antiesclavagistes au détriment des milieux féodalo-esclavagistes, avait intensifié l’acharnement haineux à l’encontre d’elles. La suite , on la connaît, un lynchage à mort de 4 pères de famille par les miliciens féodalo-esclavagistes du village et même certains proches (subalternes et obligés de l’ordre féodal) de victimes avaient pris part au massacre.
C’était dans la suite de cet événement cruel que d’experts Onusiens avaient publié leur note à l’endroit des autorités maliennes. Dans nos pays, un certain lobby politique et intellectuel gesticule en coulisses pour soutenir le déni et distordre les réalités de cet esclavage intra-africain qui persiste pourtant dans nos communautés sahéliennes. Au Mali, l’instabilité sécuritaire et politique n’arrange pas l’engagement Ganbanaaxu, car une fois le régalien étatique faillit dans certaines zones comme dans la région de Kayes, les féodaux sont tombés avec une certaine impunité dans la violence brute contre les militants abolitionnistes. L’interpellation réitérée des autorités sur ce phénomène abject par des voix extérieures comme le cas des experts Onusiens, est une lueur d’espoir afin que ces violations des droits humains soient stoppées en protégeant des citoyens qui n’aspirent qu’à vivre dignement.
Dans le Guidimakha, on vous accuse souvent d’être des « fauteurs de troubles » par les notabilités locales. Et souvent même, elles n’hésitent pas à faire intervenir les autorités administratives et sécuritaires.Il n’y a-t-il des voies et moyens pour engager un dialogue interne ? Qu’est-ce qui bloque au de là de la survivance des pratiques et esprit esclavagistes que les Soninké ont en partage les autres communautés nationales du pays?
KS : Nous ne sommes pas des << fauteurs de trouble >> , ce sont des accusations fallacieuses utilisées par certains esprits suprématistes dans le but de nous salir et de vaines tentatives à discréditer un engagement pacifique qui a déjà gagné la bataille morale. Ce que vous appelez « notabilités locales » ne représentent qu’une faction de l’ordre féodalo-esclavagiste. Cette faction est dans la belligérance aujourd’hui face à notre engagement d’éveil humaniste et citoyen qui revendique l’application de l’état de droit. Historiquement cette faction qui s’arroge l’exclusivité de positions d’honneurs et de dignités sociales, profitait d’une omerta intracommunautaire et se donnait une légitimité représentative auprès des autorités régionales. Nos dispositions au dialogue sont réelles et sérieuses dès le départ à l’échelle villageoise, mais les facteurs bloquants sont dûs en grande partie au refus de la faction réactionnaire à se remettre en question sur la vie sociétale devenue problématique aujourd’hui . Notamment l’ordre ségrégationniste et discriminatoire qui sévit hermétiquement en considérant qu’un descendant d’esclave ne peut avoir d’héritage social qu’une subordination coutumière de générations en générations. Diverses manœuvres d’intimidations sont ourdies auprès des autorités régionales contre nos familles et militants mais le temps passant avec la détermination et la résilience, notre engagement pour l’avènement d’une communauté soninké harmonieuse sans les violences symboliques de cet esclavage par ascendance. Je pense à un membre de notre mouvement emprisonné à Selibaby depuis quelques semaines. Ressortissant du village de Bouanze, il est une énième victime des pratiques fallacieuses d’intimidations avec une plainte venant de l’ordre réactionnaire local. Nous sommes confiants dans la noblesse de notre engagement et le Temps sera Juge d’ici bas et dans l’au-delà, In sha Allah.
D’ailleurs, certains progressistes au sein de la communauté Soninké partagent avec vous la noblesse de votre combat. En revanche, ils expriment des réserves quant à la virulence de vos méthodes. Que répondez-vous à ceux-là?
KS : je crois avoir abordé cette donnée brièvement dans l’une de mes réponses tantôt. Effectivement il y a des voix sincères qui expriment leur bonne volonté mais restent bloquées non par nos supposées « mauvaises méthodes » mais plutôt par les pressions et les pesanteurs sociales exercées par les milieux réactionnaires. Notre discours militant est structuré autour de la demande d’égalité citoyenne entre membres d’un même groupe sociolinguistique. D’ailleurs ce même groupe sociolinguistique peut s’estimer discriminé à une autre échelle (étatique notamment pour la Mauritanie), dans ses spécificités culturelles ou communautaires. Et d’ailleurs un activisme revendicatif est incité dans ce sens par tout le monde mais certains esquivent bizarrement dès qu’il s’agit des inégalités sociales causées par l’ordre féodal en interne . Des paradoxes et contradictions qui sont insupportables et heurtent le bon sens.
On a vu qu’au centre du Mali, certains groupes armés ont instrumentalisé la question peule pour rallier des combattants dans leurs rangs. Des chercheurs et spécialistes crédibles craignent une certaine récupération de votre mouvement. Surtout, il a été observé ça et là, une dispute sur la gestion de certaines mosquées sans parler des prêches de certains de vos prédicateurs qui se revendiquent d’obédience wahhabiste?
KS : Je réitère mon propos, notre engagement s’inscrit dans la mouvance droit-de-l’hommiste classique et de demande de réformes sociétales. Nous sommes légalistes et tenons aux lois et dispositions prévues dans les textes fondamentaux de nos pays. Par exemple en Mauritanie, République islamique, nous réclamons qu’une gestion égalitaire à notre endroit en corrigeant les discriminations et les humiliations sociales héritées de l’ordre féodalo-esclavagiste d’antan. Les affaires communautaires dans nos villages de 2020 ne doivent pas être gérées comme 1920. Ainsi basant sur la loi nationale relative à la gestion du culte et des mosquées, nous estimons que la communauté devrait être plus visionnaire en réformant l’ordre ancien basé sur une certaine hégémonie exclusiviste. Faute d’avoir un consensus à revoir les choses ensemble, les personnes castées esclaves formées en entité sociale méritent d’avoir une autogestion citoyenne et sociale en bon voisinage avec d’autres. Sur le sujet d’obédience religieuse supposée d’un tel ou tel, je crois que cela a une relation avec ce qui se constate relativement dans toute la communauté soninké. Un certain élan de revivification inspiré de différents courants religieux dans la Oumma. Nous sommes des Humains , cette indignité sociale assignée (esclavage statutaire) sur nous de générations en générations dans la communauté, reste la mobilisation principale afin de se soustraire pacifiquement selon les lois de nos pays et conventions internationales.
En Mauritanie, les autorités évoquent toujours l’existence des séquelles d’esclavage. L’actuelle Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) inspire confiance aux yeux de la plupart des défenseurs des droits l’homme. Ses dirigeants communiquent plutôt sur la nécessité d’assurer aux victimes leurs droits fondamentaux notamment accès à l’état civil, le droit foncier, l’éducation et l’accessibilité aux soins de santé . Pensez-vous que cette démarche est apte à régler le problème de l’esclavage en Mauritanie?
KS : Depuis une année, il est indéniable qu’une dynamique communicationnelle est enclenchée sur les problématiques liées à l’esclavage par la CNDH de Maître Bouhoubeïni. Après il faut davantage une redéfinition du langage utilisé pour nommer certaines tares d’aujourd’hui annexes à l’esclavage pratiqué dans le passé chez les soninkés notamment. Aborder d’une manière transversale et transcommunautaire, les séquelles esclavagistes, peut manquer de pertinence et de lisibilité sur les réalités spécifiques à chaque communauté. Chez les soninkés, les violences symboliques perpétuées par le ladalenmaxu (rapports de subordination sociétale entre familles d’anciens maîtres et familles castées esclaves) est à bannir pour de bon. C’est ce cordon coutumier qui structure l’ordre féodalo-esclavagiste soninké et relègue les descendants d’esclaves. Par ce biais on fera accepter les positions de seconde zone aux descendants d’esclaves dans la communauté. Droit d’aînesse non reconnu pour eux et leurs compétences ignorées insidieusement s’il s’agit des honneurs liés aux statuts et autres privilèges . Et à ce niveau, la CNDH peut mieux faire, c’est à dire inviter tous les protagonistes en séminaires citoyens, donner la parole libre à tout le monde sur la thématique. Certainement, on pourrait y avoir beaucoup de surprises sur la question « séquelles de l’esclavage » en Mauritanie, dans toutes les communautés confondues. Pour étudier et proposer des pistes particulières de correction dans chaque communauté concernant les discriminations et droits lésés à cause d’un passé esclavagiste ayant affecté l’ascendance de certains citoyens.
Le président El Ghazouani a bouclé sa première année à la tête de l’État? Que vous inspire-t-il? Quelles sont vos attentes envers lui et son gouvernement?
KS : De mon avis d’observateur, je dirais que l’année de règne du Président Ghazouani suscite un intérêt à divers degrés. Par rapport à sa méthode et sa personnalité que les mauritaniens découvrent avec une certaine surprise, sa gouvernance fait face à plusieurs défis. On remarque une forme de rupture interne dans le système du pouvoir qui tient le pays depuis juillet 1978 (hormis la brève parenthèse Sidioca). S’il arrive à libérer les rouages étatiques du prisme tribal et communautaire, à garantir une Justice Libre, à investir sérieusement dans l’Éducation Nationale, à permettre l’ouverture d’un débat sans tabous entre tous les mauritaniens (passif humanitaire, l’esclavage, l’unité nationale entre autres) l’Histoire retiendra son nom comme inspirateur consensuel d’une dynamique politique et sociale inédite qui ferait cette Mauritanie réconciliée tant attendue. Concernant les séquelles esclavagistes qui persistent dans la communauté soninké au Guidimagha notamment, je crois qu’une volonté ferme de la force publique régionale peut tout arranger et rapidement. Par la parole officielle, le gouverneur peut réaffirmer le régalien étatique et veiller à l’état de droit dans toutes nos contrées villageoises. Dans la même la lancée, préfets, chefs d’arrondissement , chefs de brigade et maires mobilisés, peuvent constituer des équipes mixtes de citoyens regroupant différents protagonistes, et chaque village verra ses différends pris en compte et solutionnés avec équité et pacifisme à la lumière des droits fondamentaux garantis par la constitution pour les uns et les autres. La Paix ne se refuse jamais si un ordre juste et digne y préside sincèrement . Ainsi une fois le corps social apaisé et réconcilié, les différents projets de développement annoncés ici et là gagneraient plus d’efficience dans nos terroirs au service de TOUS.
La rédaction