La maladie congénitale des partis au pouvoir

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Figure : Xavier Coppolani Coppolani le “géniteur” de l’entité Mauritanie

Depuis que le parti “INSAf”, le parti au pouvoir, a proclamé ses candidats à la candidature, les démissions individuelles et collectives se succèdent. Un trait commun à ces démissions, hier et aujourd’hui: le tribalisme grégaire.

Lorsque l’administrateur colonial Coppolani a conçu l’entité politique MAURITANIE, il l’avait tricotée comme il l’a si clairement expliqué à l’époque pour un ensemble de tribus maures nomades. Le nom Mauritanie, dérivé directement de Maures, les habitants de cet espace en grande partie désertique.

Depuis lors le cachet de l’ancien administrateur colonial marque d’une façon indélébile l’évolution de notre pays. Les premiers scolarisés de l’école moderne étaient sortis de la première école coloniale réservée aux fils de chefs.

Le pouvoir colonial, le pouvoir de l’indépendance, tous les pouvoirs militaires, même ceux de l’ère démocratique élective, sont cernés et encombrés en permanence par des cercles tribaux issus pour l’essentiel des milieux ethniques et tribaux des premières heures de la naissance du pays.

Avec le temps des pans sociaux entiers, dormant jusqu’à très récemment, profitant à leur tour d’une scolarisation moderne,se réveillèrent. Ils ne cessent de presser pour avoir leur part du gâteau national. Les privilégiés d’antan se cramponnent jalousement à leurs avantages, leur précieux héritage depuis l’époque coloniale. L’impact de plusieurs décennies de sécheresse vont sérieusement aggravé cette situation, fortement impactèe d’ailleurs par de nombreux facteurs exogènes non favorables.

Puis advint l’ère démocratique et des élections multipartisannes. Aucun système de dosage de représentativité ne réussit à satisfaire les appétits d’individus et de groupes aux intérêts irréconciliables.

Au nom de la famille et de la tribu, au nom de l’ethnie et de la région, on réclame haut et fort ce qu’on juge à tort ou à raison comme son droit divin. Certains usent cyniquement du nom de son groupe social pour conquérir des intérêts purement personnels et égoïstes. Les larges masses, constituant l’écrasante majorité de la population, sont laissées pour compte alors que de petits clans politiques prospèrent en leur nom. Ces derniers s’arrangent à chaque fois pour occuper le terrain, tout le terrain, de telle sorte qu’ils réussissent à masquer les nombreuses voix d’une majorité qui a cessé depuis d’être silencieuse. L’emprise des chefs traditionnels sur elle, hier efficace et effective, ne leur profitent plus. D’autres avaient pris l’habitude d’exploiter habilement leur malheur, profitant à chaque fois des gaffes ou probablement de l’impuissance des pouvoirs politique consécutifs devant la ténacité du phénomène.

Les démissions, individuelles ou collectives, en cours au sein du parti au pouvoir sont la meilleure illustration d’une situation qui est loin de trouver encore des solutions à ses nombreux problèmes. Espérons qu’ils trouveront, encore qu’il est temps, des solutions paisibles et pacifiques.

Ahmed Salem Elmoctar-Cheddad