Mauritanie: trois militants anti-esclavagistes condamnés à la prison avec sursis et libérés

Mauritanie: trois militants anti-esclavagistes condamnés à la prison avec sursis et libérés

Trois militants anti-esclavagistes mauritaniens jugés pour « appartenance à une organisation non autorisée » ont été condamnés jeudi à un an de prison avec sursis puis libérés, a annoncé à l’AFP leur entourage.

Les trois militants, dont une femme, tous membres de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), une ONG anti-esclavagiste, étaient jugés depuis le 5 février par le tribunal correctionnel de Nouakchott.

Saad Ould Louleid, Yaghoub Ould Inalla et la militante Mariem Mint Cheikh, qui ont tous plaidé non coupables, ont été condamnés à un an de prison avec sursis et ont pu regagner leurs domiciles jeudi après-midi, a indiqué Hammady Ould Lehbouss, un porte-parole de l’IRA.

« Nos camarades sont chez eux. Nous avons célébré leur retour, il y avait beaucoup de gens » à leur accueil, a-t-il dit. Le procureur du tribunal correctionnel de Nouakchott avait requis à leur encontre trois ans de prison et des amendes.

Les trois militants avaient été arrêtés lors d’une manifestation en novembre 2014 après l’arrestation du président de l’IRA, Biram Ould Dah Ould Abeid, et de plusieurs autres militants de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie.

M. Ould Abeid, candidat à l’élection présidentielle de juin 2014, et deux autres militants anti-esclavagistes ont été jugés par une Cour correctionnelle à Rosso (sud) notamment pour « appartenance à une organisation non autorisée » et condamnés le 15 janvier à deux ans de prison ferme.
Ils ont interjeté appel et ont été transférés à la mi-janvier de Rosso à Aleg, plus vers l’est. Sept co-accusés jugés en même temps que les trois condamnés ont été relaxés. Tous avaient été arrêtés à Rosso alors qu’ils menaient une campagne pour dénoncer l’esclavage.

Outre le chef d’inculpation d' »appartenance à une organisation non reconnue », ils avaient été accusés de « rassemblement non autorisé, appel à rassemblement non autorisé et violence contre la force publique », d’après la défense.

Les autorités mauritaniennes ont accusé les responsables de l’IRA d’avoir organisé des rassemblements servant notamment de tribune pour une « propagande raciste ». Un responsable a affirmé que l’IRA n’était pas « autorisée » mais « tolérée ».

Officiellement, l’esclavage a été aboli en 1981 en Mauritanie. Depuis 2007, les personnes reconnues coupables d’esclavagisme y encourent des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison. Le phénomène perdure néanmoins, selon des ONG.

Source : AFP