De Selma dans l’Alabama (USA) à Aleg en Mauritanie: La longue lutte pour les droits sociaux des Harratines à son référentiel

De Selma dans l’Alabama (USA) à Aleg en Mauritanie: La longue lutte pour les droits sociaux des Harratines à son référentiel Est-ce que le pouvoir mauritanien, champion dans le déni, aura-t-il le courage du président Barak Obama qui lui, en a eu lorsque pour célébrer le cinquantenaire de la répression qui avait frappé les Noirs américains dans la ville de Selma, dans l’Alabama, o osé reconnaître que « l’ombre de l’histoire raciale de ce pays (les Etats-Unis d’Amérique : ndlr) plane toujours sur nous », reconnaissant sans ambages la persistance du racisme chez lui ?

Les militants d’IRA qui continuent à servir de chair à bastonner et de corps à embastiller viennent en tout cas d’avoir une réponse claire, eux qui viennent de subir à Aleg, la charge de la force policière, pour avoir réclamé la libération de leurs dirigeants, qu’ils jugent « injustement emprisonnés pour avoir demandé des droits que les Noirs d’Amérique ont fini par obtenir après un rude parcours pour la liberté ».

A Aleg, 250 Kilomètres de Nouakchott, les forces de police ont usé de violences répressives pour disperser les militants d’IRA venus réclamer , lundi 9 mars 2015, devant les locaux du Palais de justice, la libération de leurs dirigeants,Birame Dah Abeid et Brahim Bilal Ramadane, condamnés à 2 ans de prison ferme par un tribunal à Rosso, à l’autre bout du Fleuve, pour avoir dénoncé l’esclavage foncier.

Une militante de l’organisation antiesclavagiste, Vatma Vall Mint Jemal, une combattante de la cause et habituée des prisons mauritaniennes, aurait été transportée aux urgences de l’hôpital de la ville, après avoir été violemment battue par les policiers, selon les sources qui ont rapporté l’information. Une dizaine d’arrestations auraient été signalées dans les rangs des militants.

Momentanément dispersés à coups de gaz lacrymogène, leurs camarades auraient réussi à braver les forces de police pour réoccuper de nouveau leur lieu de sit-in devant les locaux du Palais de justice. Un sit-in similaire aurait également été organisé le même jour à Rosso où plusieurs dizaines de militants d’IRA se sont regroupés pour dénoncer l’emprisonnement de leurs dirigeants.

Criant des slogans dénonçant le racisme d’État instauré en Mauritanie contre les Noirs et les Harratines, le mouvement entamé par IRA coïncidait avec la visite historique que le président Barak Obama venait d’effectuer dans la ville de Selma, prononçant un discours tout aussi historique devant le pont Edmund Pettus, là où en 1965, le régime ségrégationniste américain avait réprimé dans la violence une marche pacifique organisée par les Noirs américains pour réclamer des droits civiques.

Malgré cette violence répressive, deux autres marches seront organisées, dont l’une avait rassemblée plusieurs milliers de personnes emmenées par le pasteur Martin Luther King. Une marche qui avait parcouru les 90 Kilomètres séparant la petite ville de Selma à la capitale de l’Alabama, Montgomery.

Quelques jours plus tard, le gouvernement américain abdiquait. Le présidentLyndon Johnson fut ainsi obligé de signe le Voting Rights Act qui garantissait à tous le droit de vote en supprimant un nombre incalculable d’obstacles qui se dressaient sur la route des Afro-américains, désireux de s’inscrire sur les listes électorales.

Certes, le droit de vote est pleinement acquis aujourd’hui en Mauritanie, mais la lutte que mène les mouvements sociaux visent à l’éradication de l’esclavage, du racisme et de l’hégémonie de la puissance féodale installée dans toutes les communautés. La lutte vise également le système de domination basée sur la préférence de classe et de naissance, et prône l’égalité devant la justice ainsi que le droit d’accès de tous les citoyens à la propriété agricole.

Pour ce combat-là, les mouvements sociaux qui mènent la lutte en Mauritanie, sans compromission, savent qu’ils buteront sur des résistances, et qu’ils devront être prêts à en payer le prix fort. Demain, peut-être, un président mauritanien se rendra à Aleg ou à Rosso, ou dans tout autre lieu théâtre d’une lutte sociale, pour commémorer l’image des héros du moment et criminels.

JOB
Source : L’Authentique (Mauritanie)