Alliance citoyenne pour une Mauritanie nouvelle/DÉCLARATION

Alliance citoyenne pour une Mauritanie nouvelle/DÉCLARATIONL’intermède Kadihine et l’orientation progressiste du Pdt Daddah n’eurent pas le temps de peser suffisamment au profit de la recherche d’une formule de solution consensuelle puisque ce tournant à gauche du Pdt Daddah sera interrompu par la guerre du Sahara et le coup d’État militaire qui placera le pays pendant plusieurs décennies sous la coupe directe ou déguisée des militaires.

Depuis les choses iront en empirant. A cause notamment de l’influence des idéologies importées de part et d’autre. D’un côté les courants nationalistes arabes du baath et du nassérisme et en face les variantes negro mauritanienne des flam et autres.

Des déchirements qui iront jusqu’aux tentatives avortées de prise du pouvoir de part et d’autres avec leurs lots de douleurs et de tragédies.

Ce face à face identitaire atteindra son paroxysme en 89- 90 en concomitance avec la crise entre le Sénégal et la Mauritanie . une crise qui outre ses conséquences désastreuses sur les relations entre les deux pays, va connaître son corollaire infernal en interne. Avec sa cohorte de déportation, de meurtres en extra judiciaire et de spoliation des biens. Une tragédie dont la mémoire demeure intacte dans l’attente d’une véritable initiative de réconciliation.

En parallèle à la donne interethnique, on verra l’aspiration à l’intégration socio-économique des couches historiquement exclues faire son chemin.

Il faut dire que la nature y fut aussi pour quelque chose.En particulier la grave sécheresses de la fin des années 60. Ces catastrophes inédite en brisant la capacité de résilience du système agro pastoral traditionnel suite à la destruction de ses supports économiques entraînèrent l’éclatement de la cohésion socio spatiale des tribus désormais contraintes à l’exode rural. ce qui aura pour conséquence directe la distanciation si ce n’est la rupture définitive du rapport direct maître dépendants.

Ce réveil progressif de la conscience des anciens tributaires en particulier les Haratines débutera timidement avec le mouvement des kadihine avant de prendre de l’essor avec la naissance du mouvement El Hour et les autres branches qui s’en détachent.

Ce combat pour les droits civiques des Haratines qui est avant tout un combat citoyen connaîtra plusieurs péripéties qui aboutirent à un début de reconnaissance de la légitimité de cette aspiration. Ce qui reste toutefois à consolider et a généraliser à tous les autres espaces sociaux victimes à leur tour de l’histoire. Aux impacts de ces clivages ethniques et communautaires vient se superposer un autre fléau. Il s’agit de la crise morale consécutive à l’effritement du système des valeurs, à l’augmentation de la pression d’une demande économique non couverte par un revenu légal et à une approche très balistique de la nécessité. Ce qui va aboutir progressivement à la généralisation de la corruption élite, société et pouvoir confondus.

État des lieux

Cette crise a abouti à la consécration du passe droit comme la voie royale pour la promotion sociale au dépend du mérite, de la compétence, de la justice et de la solidarité.

Cette dislocation du système s’est traduite par un creusement sans précédent des disparités économiques et sociales. Ce qui a permis à une nouvelle petite classe de riches constitués de hauts responsables militaires et civils et de leurs clientèles respectives aux sein féodalités traditionnelles de prendre le contrôle de l’essentiel du pouvoir et des ressources grâce à une gouvernance qui sacrifie le développement économique et social du pays en faveur des intérêts des réseaux népotistes et clientélistes.Toutes ces graves convulsions eurent lieu à l’ombre de la dictature du tout sécuritaire et tactique.

Aucun des régimes qui se se succédèrent n’a pu ou voulu inscrire son action dans un sursaut patriotique volontariste qui aurait permis de prendre à bras le corps les véritables enjeux qui menacent notre pays.

Aucun n’a eu le courage d’affronter nos véritables maux à travers le dialogue , la réflexion et l’action concertée. Chacun y est allé avec la répression et les remises à plus tard. Face à ce cumul des égarements , on constate avec déception que la démocratisation n’a pas pu, jusqu’à présent en tout cas, être d’un grand secours. La faiblesse de la demande démocratique engendrée par le déficit en matière d’autonomie et de responsabilité citoyenne conjuguée avec le poids de le pauvreté et celui de ignorance feront que le processus démocratique, sensé en principe redresser la barre, sera finalement récupéré par ces tenants du statut quo grâce à l’instrumentalisation du tribalisme, des particularismes identitaires étroits et de l’argent très souvent mal acquis.

Un constat qui a fait dire à certains que la démocratisation s’est finalement révélée un moyen légal pour tenir les population en laisse du moment où elle a fermé la porte , calculs électoraux oblige, devant toute initiative volontariste majeure à même d’affronter nos fractures culturelles , sociales et économiques grâce à un traitement de fond qui va au-delà des rapiéçages tactiques habituels.

Constat

Un tissu social déchiqueté à force de cloisonnement identitaire, de communautarisme rampant et du manque de solidarité.

Des ressources économiques dilapidées par une minuscule minorité. Une crise morale et une médiocratie qui sévissent à tous les niveaux. Une jeunesse abandonnée au chômage et à la mal éducation. Voila ou nous en sommes à force de tergiversations et de remise à plus tard de la réflexion stratégique et du dialogue national responsable..

Voila ou nous en sommes, Un pays désormais pris en tenaille par l’aveuglement des tenants du statut quo qui monopolisent les privilégiés et par « l’après nous le déluge » des businessmans de la haine qui ne vivent que sur la division.

Notre vision

Ne pas baisser les bras, ne pas céder au fatalisme .Notre beau pays ne mérite pas cette démission. D’ailleurs on se serait résigné, on serait dépassé par le vaste mouvement de prise de conscience à l’œuvre actuellement principalement au sein de notre jeunesse grâce, outre l’effet du vécu lamentable, au climat des libertés formelles et à l’explosion du numérique.

Que faire alors?

Agir vite et efficacement devient l’enjeu vital si on tient à contenir et à dépasser ces dérives qui pointent à notre horizon. les partis politiques, les syndicats, la société civile, la diaspora et le pouvoir se doivent de prendre leurs responsabilités. Le pouvoir surtout, auquel échoit l’essentiel de la tâche. A lui il incombe tout d’abord de prendre acte du diagnostic de la situation nationale et s’engager à fond en faveurs de solutions adaptées à ces graves maux.

Ce sont ces efforts publics en amont et en aval que nous devons exiger, accompagner et soutenir en tant qu’élite et citoyens responsables. La cohésion nationale constitue l’un des chantiers stratégique prioritaire qu’il est urgent d’inaugurer.Ce qui implique une lutte soutenue, contre le discours haineux et le communautarisme, qui passe par l’ouverture d’un dialogue national inclusif centré autour des principaux motifs de la discorde entre autre la question culturelle, le foncier le passif humanitaire.

L’intégration sociale, économique et politique des espaces sociaux historiquement exclus en particulier les victimes de l’esclavage devra à son tour constituer l’autre thème majeur de ce débat inclusif. Ce n’est qu’à travers cette voie, que la confiance pourra s’instaurer entre toutes les composantes de notre peuple.

L’autre chantier extrêmement important consiste à s’atteler à la mise en œuvre d’une vision de développement véritable appuyée sur la mise en valeur, l’accès équitable et la bonne allocation de nos ressources qui doit prévoir une discrimination positive orientée vers l’intégration de tous nos espaces sociaux habituellement exclus.

Enfin il s’agit d’adopter une gouvernance en rupture avec la corruption et le passe droit , qui privilégie la transparence dans la gestion et qui replace les critères de compétence, de mérite et de rationalité au cœur de la chaîne de la décision et du contrôle.

Qui sommes-nous ?

« Action Citoyenne pour une Mauritanie Nouvelle » intervient dans ce contexte tendu avec pour objectifs principaux celui de tirer à son tour, la sonnette d’alarme et cet autre qui consiste à contribuer aux recherches de solutions et d’arbitrage pérennes.

Ce nouveau cadre est un regroupement de femmes et d’hommes réunis autour des valeurs de fraternité humaine et islamique que sont l’égalité , la liberté et la justice sans considérations pour les catégories absurdes de couleur de peau ou d’origine.

Un cadre politique qui entend prendre part activement à ce tournant refondateur plus que jamais nécessaire, à travers l’impulsion d’un « faire autrement »; Action Pour une Mauritanie Nouvelle est une main tendue, une foi partagée, une volonté d’aboutir à des réponses consensuelles adaptées aux différents défis qu’affronte notre jeune Nation.

On nous trouvera présents et ouverts ,que ça soit à travers les contacts avec les acteurs politiques, la société civile et surtout, initiative inédite, avec les populations dans l’objectif stratégique de rétablir les passerelles rompues ou fragilisées par le biais de rapports de proximité véritablement solidaires ou à travers la contribution intellectuelle et l’engagement civique.

Notre postulat de base: ce peuple n’a pas d’autre alternative que d’envisager un avenir commun. Ce qui passe par la recherche d’une intersection des intérêts où chacun est appelé à faire des concessions.

C’est ce juste milieu citoyen qui commande à tous de s’attaquer résolument aux tares sociales, idéologiques et économiques qui gangrènent notre unité et notre cohésion nationale.

Pour prouver son engagement sur cette voie fédérative, « Action citoyenne pour une Mauritanie Nouvelle » n’épargnera aucun effort pour se situer au-delà des querelles d’intérêts étroits et des cloisonnements particularistes dans l’espoir de contribuer à l’institution de règles de cohabitation, de conduites et de solidarités harmonieuses entre toutes et tous.

Alliance citoyenne pour une Mauritanie nouvelle.

Le Comité de Coordination

Fait à Nouakchott, décembre 2020