2e AG de la Fondation Sahel : discours de son président, Brahim Bilal

2e AG de la Fondation Sahel : discours de son président, Brahim Bilal Mes chers camarades de la Fondation SAHEL,

Mohamed El moustapha Ould Bedreddine, le combattant infatigable et constant pour le progrès, l’égalité et la justice en Mauritanie.
Sa vie, son combat, ses combats se confondent avec ce qu il y a eu de noble et de remarquable dans l’histoire de notre pays. Jusque dans ses derniers jours, il était à nos côtés, aux avant-postes de la lutte anti esclavagiste et pour la dignité humaine.
Sa voix, son humour au vitriol, ses audaces manqueront jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée. Nous lui dédions, aujourd’hui, ce congrès.

Mesdames et Messieurs

Nous nous rencontrons aujourd’hui, trois ans après avoir émis une idée, celle de mettre sur pied ce grandiose projet auquel nous tenons parce que nous y avons tous cru fermement. Ce jour-là, nous étions comme nous le sommes encore aujourd’hui plus que jamais convaincus qu’il n’y a d’autres voies pour barrer la route au favoritisme et garantir l’épanouissement des couches déshéritées que l’enseignement et l’enseignement seul. Ainsi armée de foi doublée de détermination nous avons créé ensemble la Fondation Sahel pour la défense des droits de l’homme, à l’éducation et à la paix sociale particulièrement axée sur l’enseignement comme moyen de libération de l’homme et de lutte contre l’esclavage, l’exclusion et la discrimination.

C’est avec vous qu’a été lancée l’idée et c’est grâce à vous qu’elle a pris corps. Aujourd’hui nous commençons à la satisfaction générale à en ressentir l’envol progressivement certes mais assurément malgré nos moyens on ne peut plus limités et l’absence de subventions publiques.

Ce conclave qui se tient aujourd’hui est l’occasion pour nous de revisiter en profondeur notre projet tout comme nos stratégies pour en corriger les dysfonctionnements et réorganiser nos structures aux fins de parvenir aux objectifs visés, en l’occurrence la contribution efficiente à l’instauration effective de la liberté, la justice et l’égalité pour une meilleure protection de la dignité de l’homme.

Vous êtes plus que jamais aujourd’hui tenu par le devoir de la vérité et de la transparence seul gage d’une évaluation efficace de vos réalisations si nous espérons vraiment établir un plan d’action clair en vue d’une exécution méthodique, cohérente et opérationnelle de nos actions futures ; sachant qu’on ne saurait aucunement faire fi de l’accumulation de nos trois ans d’expériences suite aux actions abattues à ce jour qui nous ont permis d’avoir pu :

– Mener une campagne de terrain qui nous a permis de procéder à un diagnostic minutieux des problèmes inhérents aux papiers d’Etat-civil ;

– Organiser des campagnes d’inscription en faveur des élèves au début de chaque rentrée scolaire. C’est dans ce cadre que nous sommes parvenus à prendre en charge près de de mille enfants inscrits dans des écoles privées à Nouakchott certaines villes de l’intérieur.

– Dispenser des cours d’appui pour les élèves en classes d’examen. Les résultats vont sans dire. En effet, ces efforts ont contribué à la réussite de plusieurs élèves au baccalauréat, au brevet et au concours d’entrée en première année du collège.

La Fondation a aussi organisé plusieurs conférences sur les thèmes suivants :

– Rôle de l’école républicaine dans l’éradication des disparités sociales ;

– Causes de la déperdition scolaire ;

Plus qu’est, la Fondation s’est lancée concomitamment dans une autre une expérience peu conventionnelle. Elle a trait, celle-là, à l’enseignement originel. Vu le principe que l’enseignement des mahadra a toujours été un cadre d’instruction et de culture d’obédience religieuse bien que caractérisée, du reste, par son apport à l’ancrage de l’esclavage du fait des explications insidieuses des textes et partant sa contribution à asseoir l’inégalité à l’accès aux savoirs, la Fondation s’est attaché le pari d’y mener un travail de correction. Celui-ci consistait à s’y investir pour y changer les mentalités, les idées et les méthodes de manière à en démocratiser l’espace et mettre fin aux mains mises communautaristes, tant étant entendu que la mahadra ne peut être une sinécure.

A cet effet, la Fondation du Sahel a créé au début de l’année 2018 une mahadra dans la zone SANS-FICHE à Dar Elbaïdha dans le département d’Elmina, grâce aux concours de certains mécènes et autres bonnes volontés. Cette mahadra accueille plus de 80 apprenants. Elle se veut un cadre de promotion d’un enseignement modèle des mahadra orientée d’abord vers les enfants des couches exclues et démunies.

Nous comptons développer ce cadre et en faire un espace novateur c’est-à-dire un centre d’instruction religieuse intégré et ouvert sur l’enseignement moderne ou se juxtaposent un enseignement préscolaire en faveur des enfants de bas âge et un autre enseignement public spécialement destiné aux plus âgés.

Ces efforts consentis ont permis d’enregistrer des résultats considérables que nous espérons pouvoir consolider et renforcer dans l’avenir.

Mesdames et Messieurs

Malgré le caractère obligatoire de l’enseignement primaire et, ce conformément aux textes en vigueur (la loi 054/2001), bons nombres d’enfants hélas n’ont point accès à l’école. La situation va s’aggravant dès qu’on s’éloigne des centres urbains en direction des zones rurales, entre autres les adwabas, ces fiefs de pauvreté et de souffrance. Aussi faut-il plus de conjugaison d’efforts et de mobilisation pour venir à bout de cette situation et permettre à ces enfants issus de familles exclues et qui sont en âge de scolarisation d’avoir eux aussi accès à l’enseignement.

Nous n’aurons, nous dans la Fondation Sahel, de cesse de plaider pour que l’Ecole républicaine, ce joyau naguère de rassemblement et d’unité de la pépinière des cadre de notre cher Etat puisse recouvrer son rayonnement et ses lettres de noblesse d’il y a quelques décennies. Car nous avons la nostalgie de cette période où elle éduquait, enseignait et gardait à la fois habilement et efficacement. Cela ne veut pas dire cependant qu’il va falloir surseoir ou mettre fin à l’enseignement privé. Non ! Nous souhaitons seulement que l’Ecole républicaine soit à même de jouer son rôle régalien et de pouvoir s’imposer en concurrent par la proposition d’un service d’enseignement qualitatif, sécurisé et proche du citoyen en termes de proximité.

Mesdames et Messieurs

Au niveau de la protection des droits de l’homme, notre Fondation est restée fidèle à ses principes et engagement, en défendant et luttant pour la dignité. Nous avons prêché en faveur de la protection de ses droits avec la même force dont nous sommes dressés comme boucliers contre toutes les formes de violations.

A cet effet, la fondation a mené plusieurs actions aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. En effet, en plus des déclarations de solidarité et de condamnation à chaque fois qu’il en était besoin au niveau national, la Fondation a amorcé un processus de mouvement sur le plan international pour faire connaître sa vision du combat et pour plus de soutien à ses actions aux Etats Unis d’Amérique, en Europe et en Afrique.

Nous ne renchérissons pas si nous reconnaissons que notre pays souffre d’inquiétants dysfonctionnements sur le plan de l’équilibre inhérents à un cumul de plusieurs années de politiques officielles de l’Etat et des époques de persévérance dans l’exclusion e la marginalisation dirigées contre certaines catégories et composantes sociales qui espèrent aujourd’hui se libérer du joug de l’iniquité afin qu’on leur reconnaisse :

– Premièrement, leurs contributions indéniables à l’œuvre de construction nationale ;

– Et deuxièmement, leur droit d’être impliquées et de pouvoir jouir des richesses de leurs pays à l’instar du reste des communautés nationales.

La situation des droits humains en Mauritanie connaît toujours des transgressions malgré le grand arsenal juridique dont dispose l’Etat. En effet, en dépit de la persistance des formes d’esclavages modernes, la Fondation Sahel enregistre de temps à autres des cas d’esclavage traditionnel et ce en plus des formes nouvelles de l’exploitation des mineures, sans compter la répression des manifestations et autres formes de violation.

Tout en affirmant son attachement à la défense des droits de l’homme, la Fondation Sahel invite en même au respect des droits et leur protection contre toute violation possible et appelle à la diffusion de la culture des droits pour lutter contre toute atteinte contre la dignité humaine. Car nous ne saurions point parler de dignité sans le respect de l’intégrité morale et physique de l’être.

La Fondation Sahel ne saurait, en outre, rater cette occasion sans remarquer que malgré l’universalité des droits humains et l’implication de tous les Etats dans des processus juridiques de ces dits droits, nous ne nous sommes pas encore parvenu en Mauritanie à pouvoir affirmer que le respect des droits est devenu un principe acquis.

En effet, le pays a connu en 2019 plusieurs violations dont la répression des dockers du port de l’amitié, l’arrestation de certains opposants politiques et autres journalistes et détenteurs d’opinion tout comme les étudiants mobilisés en faveur du respect de leur droit aux inscriptions.

Nous assistons également à la poursuite du règne de l’impunité dont jouissent surtout les auteurs de certains crimes tels que les pratiques de l’esclavage, l’exploitation des mineurs, les viols et le trafic des personnes ; et ce malgré des signes d’espoir consécutifs aux nouvelles orientations politiques ayant promis de relever du niveau vie des couches exclues, reformer l’enseignement ainsi que la justice et lutter contre la pauvreté et la gabegie. Nous signalons que nous restons optimistes car nous n’avons pas encore perdu l’espoir de voir ses promesses se concrétiser.

Notre fondation ne cesse de considérer les questions comme l’esclavage traditionnel, moderne et foncier, l’exploitation des mineurs et le trafic des personnes des pratiques répandues dans le pays malgré la promulgation par l’Etat d’un arsenal juridique, au demeurant, bon.

Mesdames et Messieurs

Les disparités sociales entre les couches continuent et de manière croissante en dépit des signaux positifs émis par le nouveau pouvoir lors de sa prise de fonction ; des signaux auxquels nous souhaitons de passer du verbe en actes tangibles sur le terrain.

Nous tenons à rappeler à cette occasion que loin de prétendre vouloir jouer le rôle régalien de l’Etat – ambition on ne peut plus absurde – nous espérons seulement l’accompagner et l’assister. C’est pourquoi nous lui renouvelons notre entière disposition de coopération en vue de contribuer à ses efforts visant à réussir et reformer le dispositif en matière d’éducation et d’enseignement tout comme l’éradication de l’esclavage et ses séquelles et permettre aux couches exclues de vivre honorablement dans leur pays en toute dignité et liberté pour plus de respect et de protection droits de l’homme.

Nous invitons également l’ensemble des hommes d’affaires, les bonnes volontés, les investisseurs nationaux et internationaux à nous assister dans la réalisation de cet ambitieux projet pour réussir à atteindre les adwabas et les agglomérations rurales oubliées.

Dans ce cadre, je voudrais remercier l’ambassade des Etats Unis d’Amérique pour son soutien généreux à notre projet. Notre remerciement va par la même occasion à l’endroit de l’Organisation allemande La Société des Peuples Menacés.

Nous réitérons notre disposition à coopérer avec tous les établissements publics agissant dans notre domaine d’action surtout le Commissariat aux Droits de l’homme, l’Agence TAAZOUR, et la Commission Nationale des droits de l’homme pour un partenariat productif en vue d’améliorer les droits et l’appui à l’éducation dans les zones de précarité et d’exclusion.

Enfin, je déclare ouverts les travaux de la deuxième grande assemblée générale de la Fondation Sahel pour les droits de l’homme, l’appui à l’éducation et la paix sociale tout en vous souhaitant plein succès.

والسلام عليكم ورحمة الله وبركاته

Nouakchott

Les 30, 31 Octobre et 1er Novembre 2020

Source : Brahim Abeid