L’ultime étape se concentre sur les confrontations de l’ex-Président, principal suspect de ce qui ressemble fort à un scandale, avec ses anciens ministres et collaborateurs. Pathétiques instants auxquels l’opinion mauritanienne aimerait assister.
Voir comment les ex-ministres et autres collaborateurs qui jamais n’osèrent lever le petit doigt devant le tout-puissant Président l’accuseront de leur avoir ordonné de traiter ou signer telle convention ou tel contrat en faveur de X ou Y…
On aimerait bien voir la réaction de Mohamed ould Abdel Aziz face à des gens qu’il a sortis du néant et transformés en milliardaires en moins de dix ans. Des responsables et collaborateurs dont certains voulurent l’élever roi, d’autres s’enhardissant à le comparer au Tout Puissant et pour lequel ils étaient enfin prêts au parjure mais qui, depuis que les enquêtes ont commencé, n’ont pas hésité à l’enfoncer. Ingratitude, quand tu nous tiens !
Si chacun a voulu sauver sa peau en rejetant toute responsabilité, l’ex-Président n’en a pour autant pas changé de stratégie. Malgré les pressions psychologiques et les tirs croisés de ses collaborateurs qui l’ont presque tous lâché, Ould Abdel Aziz est resté droit dans ses bottes. Se posant en victime de la vendetta du pouvoir de son ancien ami de quarante ans et fidèle compagnon durant ses dix années à la tête du pays.
L’ex-Président a refusé de répondre aux questions des enquêteurs, considérant, avec ses avocats, que le Parquet a violé l’article 93 de la Constitution selon lequel seule la Haute Cour de justice peut entendre et donc juger un ex-président de la République pour haute trahison. Or ladite HCJ est toujours en gestation.
Elle pourrait intervenir lors de la prochaine session du Parlement. Sa procédure de fondation n’est toujours pas achevée ; le texte serait entre le Conseil Constitutionnel, gardien de la Constitution, et la Présidence qui promulgue. Une lenteur propice au doute de l’opinion. La justice sera-t-elle dite, se demande-celle-ci ? Le Parquet se refuse toujours à communiquer sur le déroulement de l’enquête, se contentant de réagir aux attaques de la défense de l’ex-Président quand celle-là est mise en cause.
Avec les confrontations engagées depuis quelques jours par la police des crimes économiques et l’assignation d’Ould Abdel Aziz à Nouakchott, il semble que l’enquête soit entrée dans sa dernière phase ou, plutôt, dernier couloir. La pression s’accentue sur l’ancien homme fort du pays.
Après avoir été retenu plusieurs jours dans les locaux de la DGSN, dans des « conditions très difficiles » selon sa fille, ses avocats et proches, Ould Abdel Aziz s’est ensuite vu accusé d’avoir tenté d’acheter un parti à coups de millions pour se repositionner dans l’arène politique ; un droit tout-à-fait légitime au demeurant. Ses comptes et ceux de ses proches sont gelés. Et le voilà une seconde fois empêché de sortir de Nouakchott pour se rendre en son ranch de Bénichab, à quelques dizaines de kilomètres de la capitale.
Alors que la Fondation Rahma a été un peu plus tôt retardée dans sa volonté de distribuer des vivres aux populations d’Adelbagrou, victimes des pluies diluviennes. Un véritable psychodrame pour l’ex-Président qui regretterait fortement, à en croire à ceux qui l’ont approché ces derniers temps, de s’être trompé sur les Mauritaniens et de n’avoir su trouver des solutions à divers problèmes du pays. Un peu tard, non ?
Dalay Lam