Permettez-moi, d’abord de vous remercier pour m’avoir accordé cette opportunité pour parler de ce corps qui est la protection civile. J’ai débuté ma carrière la période 2004-2005, après mes études et un bref passage à la santé.J’ai intégré le corps de la protection civile avec ambition et dans le but de contribuer à la protection des personnes et des biens.
Brigadière-Chef, voulez-vous nous présenter la Délégation Régionale à la Sécurité Civile et à la Gestion des Crises?
La Délégation Régionale à la Sécurité Civile et à la Gestion des Crises est un service public gratuit. C’est une unité militaire et paramilitaire à la disposition du ministère de l’intérieur et de la décentralisation pour la protection des personnes et des biens sur l’ensemble de territoire national. Son rôle entre dans les interventions en matière de protection et sécurité civile sur l’ensemble du territoire national. La délégation a des casernes régionales pour intervenir dans les incendies et secourir sur une grande partie du pays.
Les bases ou casernes régionales sont dans les capitales régionales pour assurer un service permanent 24h/24h. Comme, je viens de le dire, c’est un service public gratuit, qui est mis à la disposition de la population pour la protection des personnes et de leurs biens. Les pompiers sont les plus sollicités lors des catastrophes et accidents.
Au niveau de Nouakchott, elle a des bases équipées de citernes, d’ambulances, de véhicules d’intervention et du matériel qu’il faut pour accomplir les missions recommandées. En plus, des équipes composées d’éléments compétents et professionnels. A cela s’ajoutent, les équipes régulières dans les aéroports et qui sont souvent sur les principaux axes routiers pour intervenir en cas d’accidents pour évacuer à temps les blessés.
Quels sont vos domaines d’intervention ?
Nos interventions sont multiples et multiformes. Nous intervenons pour tous les cas, où une personne ne peut pas se soustraire elle-même ou quand elle est en danger. Nous sommes connus pour intervenir dans les incendies quelle que soit leur nature. Nous participons également à la gestion des catastrophes et des crises comme les inondations (qui sont généralement récurrentes dans notre pays), les noyades, les accidents de circulation, les incendies, les effondrements des maisons, etc.
En Mauritanie, quand on vous parle de pompiers généralement, les gens ne pensent qu’aux incendies. Mais nous faisons des secours à victime, d’assistance à personne. Nous faisons l’appui à tous les niveaux. Et, nous participons à la formation des acteurs communautaires dans le cadre de la prise en charge des victimes en matière de connaissance sur le secourisme.
« C’est un acte de civisme de laisser passer tous les véhicules de secours. (…) Appeler le numéro de la protection civile sans nécessité est un acte très grave qui peut conduire à la sanction »
Quelles sont les difficultés auxquelles vos éléments font face sur le terrain ?
Nous rencontrons d’énormes difficultés lors de nos interventions. Ces difficultés sont de plusieurs ordres. D’abord, l’appel au secours. Vous savez que notre numéro est gratuit. C’est un numéro ouvert à tous les citoyens et résidents dans le pays qui demandent notre assistance et l’appel est gratuit. Alors, parmi les problèmes que nous rencontrons, il y a les gens qui utilisent ce numéro sans nécessité. Ce qui fait que, ceux qui sont vraiment dans le besoin d’assistance ne peuvent avoir cette assistance, parce que la ligne est déjà occupée par d’autres.
Appeler les pompiers sans nécessité, c’est manquer de respect pour ses prochains et c’est un acte très grave qui peut conduire en prison parce que vous empêchez à ceux qui ont besoin de secours d’en bénéficier. Il y a aussi le problème d’adressage.
Dans nos différentes villes, vous savez que nous n’avons pas des adresses précises permettant aux pompiers de se présenter à l’adresse indiquée dans un temps record et ainsi répondre promptement à la demande de secours. Or, nos interventions sont basées sur la rapidité à aller au contact de nos concitoyens.
Nous avons actuellement des casernes de proximité qui permettent de sauver en temps réel les demandeurs de secours. C’est pour cela que nous demandons à tous nos concitoyens lors qu’ils appellent les pompiers de s’assurer qu’ils ont eu le standardiste qui fait partir les secours.
Sur place, il faut que les gens sachent qu’il y a aussi un ensemble de dispositions qu’il faut prendre. Il faut notamment mettre quelqu’un pour accueillir les pompiers. Lors de la demande de secours, il faut d’abord se calmer, se présenter et dire la nature de l’intervention.
Nous demandons donc à toutes les sociétés téléphoniques de nous faciliter l’accès pour le réseau pour que nous puissions mener à bien les interventions et sauver le plus urgemment possible nos concitoyens.
Souvent quand on arrive sur les lieux, nous rencontrons des problèmes tels que la présence des curieux, des foules, l’exiguïté des lieux et l’étroitesse des passages qui sont souvent occupés par des fosses septiques et les stationnements abusifs.
Quels sont vos partenaires qui vous accompagnent pour mener à bien vos interventions ?
Nous travaillons avec des partenaires et l’administration. Il y a les forces de sécurité, qui lors de toutes nos interventions mettent de l’ordre et de nous permettre de bien travailler. Nous avons également les services de santé qui font presque la même chose que nous sur les routes en ce qui concerne les accidents de circulation et les atteintes graves à la sécurité des personnes. Les autorités administratives et communales nous accompagnent dans nos missions difficiles.
Ces partenaires nous permettent lors des grands événements ou des catastrophes de faire des plans afin d’assurer une bonne coordination et de sauver efficacement nos concitoyens. Quand nous avons à intervenir dans un milieu technique nous faisons aussi appel aux agents techniciens parmi nous qui ont des connaissances approfondies et nous demandons leurs avis sur l’intervention.
Brigadière-Chef, on a, souvent l’impression que les services de secourisme interviennent après l’irréparable. Qu’est ce qui explique cette attitude ?
Les services des pompiers sont prioritaires, mais nous avons une priorité relative. Lorsque nous partons en intervention, généralement, dès la demande de l’intervention, les pompiers en sortant de la caserne font extrêmement attention à la circulation pour ne pas mettre en danger les autres usagers de la route.
Nous disposons d’avertisseurs qui sont d’abord sonores. C’est la sirène qui avertit les usagers de la route qu’il y a des véhicules d’urgence qui utilisent les mêmes chaussés qu’eux. Ce qui permet aux autres usagers de se ranger ou de serrer la droite et de laisser passer les citernes ou ambulances pompiers. Mais souvent ce n’est pas évident.
Certains refusent de céder cette priorité aux véhicules d’urgence. C’est pour cela que nous faisons extrêmement attention. Nous marquons un temps bref d’arrêt au niveau des feux optiques pour ne pas mettre en danger les autres usagers, malgré que nous sommes prioritaires.
C’est un acte de civisme que de laisser passer tous les véhicules de secours pas seulement ceux des pompiers. Lorsque vous avez une ambulance qui a ses avertisseurs sonores ou lumineux, une ambulance ou un engin d’incendie quel qu’il soit, que ce soit celui des pompiers, du SAMU ou la police, il faut se mettre sur le bas-côté de la route et lui céder le passage.
Lorsque nous sommes sur une intervention, nous prenons un ensemble de dispositions, nous balisons la rue en amont et en aval et nous assurons la fluidité de la circulation en laissant passer les autres usagers qui ne sont pas concernés par l’accident. C’est pour cela que je vous ai parlé du concours de la police Nationale, de la sécurité routière. Cette dernière, permet de réguler la circulation lors de nos interventions et donc de discipliner nos concitoyens pour permettre aux pompiers de faire le travail, de sauver ceux qu’ils sont venus sauver et de régler ce pour quoi, ils sont sur l’intervention.
Quel appel avez-vous à l’endroit de la population en général, des usagers de la route en particulier ?
A l’endroit de nos concitoyens, nous demandons, surtout en ce qui concerne les accidents de circulation plus de vigilance. Vous savez actuellement nous vivons l’hivernage et souvent les voitures qui n’ont pas des essuies glaces font des accidents.
Cela peut s’expliquer d’abord par le comportement humain, c’est-à-dire que la majorité des accidents de circulation auxquels nous rencontrons trouvent leurs causes dans le comportement humain, à savoir, la négligence, le non-respect du code de la route, l’inobservance des règles élémentaires du code de la route, l’usage du téléphone, le turban, la fatigue, etc.
Nous appelons aussi les autorités municipales à nous faciliter les tâches en mettant sur les différents ronds-points des feux tricolores qui vont aider les policiers de la circulation à faire leur travail de régulation de la circulation.
Pour ce qui est de la plage, nous invitons les baigneurs et les pêcheurs à plus de vigilance surtout quand la mer est agitée. D’ailleurs, si la mer est mouvementée, il est préférable de s’abstenir d’y aller. Nous avons des équipes mobiles qui patrouillent souvent le long des plages et surtout en période de chaleur, des fêtes et des vacances pour parer à d’éventuels cas de noyade.
Pour terminer, un dernier mot ?
Je ne pourrais terminer, d’abord sans dire à l’opinion publique nationale que la Délégation Régionale à la Sécurité Civile et à la Gestion des Crises féliciter est dirigée par le Général M. Khattar Mohamed M’Bareck, c’est un Chef professionnel.
Ensuite, il connait bien le terrain, les besoins du corps et de ses éléments. J’ose dire sans réserve que c’est un grand connaisseur des dossiers pour le développement de la protection civile.
Puis, à son arrivée à la direction de la délégation, il a procédé à une réforme approfondie en mettant en place des mesures et un plan cohérent au travail que nous accomplissons suivant notre devise : « Sauver ou périr ».
Et enfin, le Général, a aussi entrepris des recommandations valables aussi bien pour les hommes que pour les femmes du secteur. Ils bénéficient sans distinction aucune des stages, des formations, des avancements et des avantages. Le Général et ses proches collaborateurs (les Commandants) ont créé l’esprit d’amour dans le travail collectif avec rigueur dans les rangs de la protection civile.
Pour terminer, avec le travail accompli et les efforts consentis, nous avons constaté de l’amélioration des conditions de travail et de vie avec l’arrivée du Général à la Délégation Régionale à la Sécurité Civile et à la Gestion des Crises.
Propos recueillis par Aboubecrine Ould SIDI
Source : Tawary (Mauritanie)