Le Ministère de l’Agriculture suit une politique ancienne qui œuvre pour l’affaiblissement des syndicats agricoles et leur domestication en les transformant en foyers domestiques. Le même Ministre approche ou isole les syndicats à la mesure de sa courtoisie ou son franchise dans le traitement des problèmes agricoles.
Sans doute, le syndicat le plus préférable pour le ministère est celui des hommes d’affaires, auquel le gouvernement a imposé un général retraité du BASEP, qui n’avait aucun lien avec l’agriculture.
Le gouvernement Aziz a tenté, ces dernières années, d’imposer ce syndicat comme porte parole unique du secteur, malgré que les autres syndicats jouissent des mêmes forces juridiques dont jouit ledit syndicat du général.
6- L’absence du principe de sanction dans le secteur de l’agriculture
Les responsables du secteur de l’agriculture sont protégés, et même blindés plus durs que les chars blindés Israéliens Merkava, connus pour leur forte couche de fer. Depuis que nous avons rejoint ce secteur, avant plus de 17 ans nous n’avons jamais entendu qu’un tel responsable avait été sanctionné parce que son travail a causé une chute dans la production agricole.
Ce responsable est plutôt limogé parce que le pouvoir d’exécution de ses protecteurs au sein du gouvernement s’est affaibli par rapport à celui de son prédécesseur, ou parce qu’un nouveau ministre nommé à la tête du département veut installer certains de ses hommes ou se débarrasse des hommes de son prédécesseur. Ce qui est étonnant, est qu’on a vu des responsables promus après avoir commis de graves fautes économiques et qui ont causé des grandes pertes au secteur.
Un système de création de mensonge au sein du Ministère se charge de monter ces blindés protecteurs au profit des responsables de la direction de l’échec agricole. Ce système est responsable de convaincre les Ministères de l’Agriculture que leur réussite dans « l’agriculture des mensonges » est plus facile que la réussite de l’agriculture sur le terrain.
Tant que ce système n’est pas disloqué, et qu’on se débarrasse des dinosaures de la fausse agriculture sur les ondes de la télévision, l’espoir restera inexistant dans les plans gouvernementaux du développement de l’agriculture car, celle-ci ne peut se développer sans qu’il y ait le principe de sanction.
Voici quelques exemples simples sur ce qui a précédé :
A – Lors de la campagne hivernale de 2010, les agriculteurs de riz ont fait face à un coup à triples sources à cause de la décrue des bras d’eaux principaux du fleuve pour la raison d’insuffisance d’entretien, ce qui a entrainé la sécheresse d’une grande partie des champs. Ils ont également fait face aux invasions imprévues des oiseaux dues au manque de lutte anti-aviaire en plus de l’insuffisance cruelle de moissonneuses.
Cette catastrophe a entrainé de grandes pertes aux agriculteurs et une incapacité presque totale de payer les dettes du crédit agricole.
Si cette crise avait eu lieu dans un autre pays où le gouvernement respecte son peuple, ou se respecte lui-même, la conséquence aurait entrainé au moins un grand nombre de limogeage des responsables du secteur de l’agriculture, si cela n’entraine pas la chute de tout le gouvernement.
Mais l’appareil de montage du mensonge s’est occupé de l’activation des défenses blindées et a donné une image différente au gouvernement sur le déroulement de la campagne pour dire que ses résultats étaient bons et que les agriculteurs se détournaient pour ne pas payer leurs dettes au crédit agricole.
Je n’ai découvert le haut niveau de désorientation du gouvernement que lorsque j’ai commencé à expliquer au Président de la république le niveau de la catastrophe après deux ans, au cours d’une rencontre dans son bureau avec les syndicats agricoles. il s’est adressé, étonné, vers son ministre de l’Agriculture, assis à son côté, pour s’informer.
Il était clair que le Président entend, pour la première fois, la nouvelle de cette catastrophe agricole. Il a suscité mon pitié par son « aliénation » causé par le système de « l’agriculture mensongère » .
B – L’Etat a procédé à l’exécution d’un nombre d’aménagements agricoles qui ont échoué malgré l’ampleur de ses factures gonflées : ce sont des aménagements qui ont causé des pertes pour les agriculteurs, par exemple, dans les deux barrages de Bou-Guemoune et N’kek, à cause de l’absence de critères techniques.
À Tenyeder, l’une de ces zones, le terrain était incultivable à cause de la grande salinité, qui a obligé l’Etat à renoncer à son aménagement après avoir dépensé des sommes énormes tirés des fonds des contribuables.
Pourquoi pas sanctionner les techniciens qui ont conseillé l’Etat à faire des aménagements à Tenyeder? Pourquoi pas interroger les responsables qui ont décidé les aménagements sans l’analyse du sol ? pourquoi pas sanctionner les responsables qui ont réceptionné tous ces aménagements avec leurs défauts ?
Le système de fabrication des mensonges agricoles est celui qui s’est chargé du rôle de la protection en activant les usines du mensonges au sein du Ministère.
C– Comme on l’a mentionné avant, le gouvernement a reconnu avant quelques années, l’existence de 50000 tonnes de riz demi épluché, « qui ne peut pas être servi même aux animaux », et qui a une valeur de 10 000 000 000 MRO, malgré que son contrat engage les responsables de la SONIMEX de ne pas réceptionner un riz non usiné de manière excellente. Avez-vous entendu que des responsables ont été jugés, ou simplement limogés à cause de ce crime économique ?
Ceci, est, en résumé, les principales apparences de la politique agricole catastrophique de nos gouvernements successifs.
Tout ceci se rapporte à la culture irriguée. Quant à notre agriculture pluviale, nous sommes plus proches aux périodes de l’agriculture des tribus de mayas avant plus de 2000 années.
C’est ce que nous avons analysé et comparé dans un article précédent, en arabe, que l’on peut consulter sur Google : موريتانيا : الزراعة على طريقة الهنود الحمر (Mauritanie l’agriculture à la manière des indiens rouges).
En fin, le lecteur peut se demander, après cette analyse inclusive, s’il y a une issue pour développer cette agriculture en déclin ? Y a-t-il une manière de réaliser l’autosuffisance qui garantit la souveraineté alimentaire, économise nos devises, lutte contre le chômage, et fasse disparaitre la pauvreté ?
C’est ce à quoi nous essayerons de réserver un article indépendant, qui trace les voies d’une politique agricole rationnelle.
Yahya Ould Beiba
Président de l’Association pour le développement et la diversification agricoles
Source : Yahya Ben Beiba