Lorsqu’un mécanicien auto de tuc-tuc militaire qualifie un polytechnicien d’incompétent sur des dossiers financiers, quelles conclusions en tirer ? Où il s’agit d’une comédie de boulevard, ou d’une tragédie humaine. Quand un tel acte se joue au sommet de l’Etat, c’est une comédie tragique pour la crédibilité et la gestion de l’Etat.
Il est probable que Aziz ayant confondu « mines » antipersonnel et Ecole des mines avait maintenu Kane Ousmane dans son giron. Mais Kane Ousmane, est probablement pour quelque chose dans ce qui lui est arrivé. Non pas qu’il soit incompétent ou malhonnête.
L’homme ne figure pas dans ce profil loin de là. Mais simplement en acceptant de figurer si longtemps dans le giron et dans le gouvernement d’un président putschiste légalisé, il cautionnait la dérive du pouvoir et de son inconséquence. Il vient d’en tirer les leçons et c’est tant mieux. Mieux vaut tard que jamais.
Le mécanicien-général-président-putschiste-légalisé, a longtemps continué à faire tourner son gouvernement-moteur à explosion (économique et sociale), tant qu’il a trouvé des pièces détachées dans l’intelligentsia mauritanienne pour crédibiliser sa mécanique du pouvoir. Kane Ousmane en fut une. L’homme qu’il fallait, à la place où… il ne devait pas être.
Le système est ainsi fait, depuis la « révolution à reculons » des mœurs et des valeurs en Mauritanie, que l’homme est instrumentalisé tant qu’il peut servir les bas intérêts des dirigeants, au nom d’une classe, d’un clan, d’une ethnie ou d’une tribu, puis il est rejeté s’il n’est pas spolié de ses biens ou piétiné.
Le cas de Kane Ousmane, grand commis de l’Etat, a été l’exemple même de ce qui peut advenir aux intellectuels mauritaniens qui par amour de leur pays, renoncent à des privilèges acquis dans des organisations internationales prestigieuses pour venir joindre leurs efforts à son développement.
Mais c’était sans compter sur la nature même du pouvoir en Mauritanie, qui n’est pas là pour servir le pays, mais pour aider des hommes à se servir. Et dans cette logique, il est dérisoire de croire que tout individu, quel que soit son niveau intellectuel, technique ou scientifique y est le bienvenu.
Alors, quelles leçons peut-on en tirer pour l’intelligentsia mauritanienne ?
La première leçon, malgré tout, ce n’est pas de renoncer à aider son pays et à œuvrer en tout point du globe à son rayonnement.
En effet, si nous devions faire des statistiques de la valeur ajoutée quantitative et qualitative de l’apport au pays, de l’intelligentsia mauritanienne à l’étranger, on se rendra donc qu’elle dépasse de loin et de très loin toute la gesticulation des trois quarts de l’administration publique mauritanienne.
La diaspora mauritanienne a une forte présence dans les grandes instances internationales et exerce au sein d’administrations et d’entreprises publiques et privées de nombre pays amis et frères et du reste du monde. L’image qu’elle donne du pays a précédé et continue à précéder les médiocres performances de notre administration des affaires étrangères.
La seconde leçon, c’est de ne pas se fermer au dialogue constructif sans pourtant devenir un suppôt du système et céder aux sirènes de l’assimilation à la mauvaise conscience. Savoir dire et redire sans relâche, sur tous les fronts et tous les médias, ce que l’on pense juste et profitable pour le pays.
Enfin, troisième leçon, ne pas renoncer à aider quantitativement (dons, projets, aides, bourses etc.) et qualitativement (expertise, formation, appui scientifique etc.) le pays. Car la Mauritanie n’appartient pas à une personne mais à tous ses enfants.
Et il ne faudrait pas que la cavalcade malsaine du politique mauritanien, rebute notre intelligentsia de participer économiquement et financièrement au développement du pays. Les dirigeants, comme leurs actes et leurs discours sont éphémères. La Mauritanie reste.
Pr ELY Mustapha