L’expression « pouvant troubler » a été employée par le département ministériel certainement pour éviter peut être de ne pas « blesser » la sensibilité professionnelle de ces organes de presse sur la position du gouvernement par rapport au traitement de certains sujets qui touchent la cohésion nationale.
Si aujourd’hui, partout en Europe, aux Etats-Unis et ailleurs la Mauritanie est étiquetée pays raciste et esclavagiste c’est malheureusement la somme de complicités injustifiées et persistantes entre certains activistes humanitaires mauritaniens et leurs « réceptacles ».
Leurs réceptacles, ces associations de la société civile soutenues par des partenaires et par des organes de presse « à sensation » dont les lignes éditoriales frôlent le racisme. Mais, ce qui est regrettable c’est que des organisations internationales quelques fois –même- pas en règles et des chancelleries diplomatiques accréditées dans notre pays jouent à ce jeu de « foyers de feux de forêt ».
Depuis les années 70, la Mauritanie est étiquetée pays esclavagiste. Depuis 66 elle est classée pays raciste et depuis 89 comme pays génocidaire. Trois attributs collés à notre pays par des activistes à « variantes multiples » qui ne peuvent assurer leur survie politique et financière que dans un environnement colorié par ces jugements très négatifs chantés sous forme de « Slam » sur un fond musical pour faire danser des occidentaux et des américains inscrits en « faux » dans l’humanitaire.
La Mauritanie est un pays multiethnique et multiracial dont la configuration géopolitique et géo communautaire a ses spécificités comme partout ailleurs. Dans ce pays bâti sur un volcan de « revendications » qui grondent depuis l’indépendance, il y’a eu en 66, les premiers événements sanglants qui ont opposés communauté maure à celle des noirs. C’est vrai. Puis la récidive en 68. Puis il y’a eu 89 ces violences fratricides qui endeuillent encore aujourd’hui le pays. C’est vrai. Puis il y’a eu Inal, un crime odieux contre la morale toujours impuni. C’est vrai. Ensuite il y’a eu Oualata. C’est vrai aussi et il est même indéniable que les négros-mauritaniens ont été et dans des cas flagrants, victimes de discriminations, de ségrégations et d’injustices particulièrement en ce qui concerne l’accès aux services de l’état civil. C’est vrai aussi. Par ailleurs le fait est là, des mauritaniens négro-africains expulsés ou réfugiés de leur gré résident dans des pays voisins depuis les événements de 89. Ils donnent l’impression d’avoir été envoyés aux oubliettes depuis le départ Sidi Ould Cheikh Abdallahi du pouvoir. C’est vrai enfin que dans le choix des responsables, pour les promotions, ou nominations des injustices à l’égard de la composante négro-africaine du pays montrent des déséquilibres qui ne s’expliquent pas, même au motif d’évoquer la langue arabe, comme handicap pour eux.
Pays dont les problèmes de noirs, s’ajoutent à des problèmes d’autres noirs.
Dans ce pays il y’a eu aussi l’esclavage, enseigné par la pratique des portugais qui ont ouvert un comptoir sur le site de Tidra au Bang d’Arguin au milieu du 15 eme siècle. Il y’a eu plus tard l’esclavage pratiqué aussi bien par les noirs que par les maures. Si, de l’esclavage dans les communautés noires on ne parle pas du tout, de celui des arabo-berbères on n’a pas cessé d’en parler depuis Massaoud Ould Boulkheir et Boubacar Ould Massaoud. C’est vrai aussi et toujours vrai que les séquelles de cet esclavage persistent et signent depuis 1981 date de son abolition par les textes. C’est vrai aussi que, de temps en temps, on retrouve des traces fraîches de ces séquelles même après 2007 date de la mise en place d’instruments juridiques qui l’interdisent, le répriment et le criminalisent. Et c’est vrai enfin que, malgré sa reconnaissance en 2015 comme « crime contre l’humanité » par une loi autorisant sa répression, des cas, sont toujours signalés de temps à autre dans certaines « poches de résistance ».
Encore de nos jours, malgré tout l’arsenal juridique et les garde-fous mis en place, des mauritaniens exploitent d’autres mauritaniens dans des combines acrobatiques qui relèvent plus de complicités de coutumes et de traditions entre maures arabo berbères et maures noirs que d’une pratique de l’esclavage au sens véritable du terme.
Si certains de ces constats sont réels et justifiés il ne faut toutefois pas perdre de vue que le plus souvent ces problèmes mêmes prémédités sont les conséquences d’actes isolés. Malheureusement et c’est vrai ces actes isolés commis volontairement ou involontairement commencent à faire de sérieux dégâts collatéraux qui polluent l’atmosphère de l’unité, de la concorde et de la cohésion nationale.
Si on se réfère donc aux sujets dominants de l’actualité politique qui préoccupent les activistes des droits humains et ceux des défenses d’autres droits, le pays fait face à deux problèmes entre autres :
– le problème du passif humanitaire,
– le problème du présent du « passif de l’esclavage ».
Pour évoquer ces deux problèmes, je me réfère à des propos tenus par des mauritaniens distingués qui permettent de jauger la profondeur des ces difficultés qui polluent l’atmosphère de la cohésion nationale.
En ce qui concerne passif humanitaire.
Dans un audio, enregistré à Atlanta aux Etats-Unis, un mauritanien du nom de Sy Abdoulaye réagit à des propos tenus dans un rapport par Ould Bouhoubeiny président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme. Mr Sy se dit déçu de constater que le Président du CNDH, n’ait pas évoqué ce qu’il appelle « génocide » et qu’il n’ait pas mentionné dans son intervention les cas des exécutions extrajudiciaires de Azlat, Sory Malé, Wothie et la pendaison à Inal de 28 soldats négro-mauritaniens en novembre 1990.
Sans aller dans les détails, les problèmes du passif humanitaire évoqués par Mr Sy sont liés aux événements qui datent de 1989. Donc d’il y’a 30 ans. On est en droit comme Mr Sy de nous poser la question de savoir pourquoi ce problème qui, du point de vue humanitaire, social et judiciaire, mine la cohésion nationale et « pourrit » la confiance entre l’Etat et une frange importante des citoyens injustement et sans raison objets d’exactions d’actes répressibles et parfois exécutés sommairement ou de manière extrajudiciaire n’a pas été réglé définitivement depuis cette date ? Depuis donc 30 ans d’exercice de pouvoir de quatre présidents.
Sy Abdoulaye, négro-mauritanien (j’imagine réfugié aux Etats-Unis,) comme beaucoup de nos concitoyens chassés de leur pays depuis 89 par les injustices et des menaces pouvant atteindre leurs personnes physiques, conclut : « ceux qui croient que le génocide sera oublié se trompent. Ce problème prendra le temps que ça prendra mais il sera résolu tôt ou tard, dans un an, dans dix ans ou dans cent ans. Il sera résolu parce que c’est la volonté et la détermination d’y parvenir qui va le garantir».
D’un autre côté, Mohamed Vall Ould Bellal, arabo-berbère ancien ministre, ancien ambassadeur et actuel président de la CENI connu pour son franc parler a dit: « nous sommes tous embarqués sur le même bateau. A défaut d’être unis par un destin commun, nous sommes unis par un péril commun celui d’une destruction mutuelle. Nous avons commis des erreurs et des fautes qui ont conduit le pays à subir des pertes graves. La Mauritanie a perdu des hommes, des énergies, du temps et de l’argent. Elle a perdu de son aura et de sa belle renommée. Son image est désormais entachée. Sa force symbolique de terre d’Islam, de Paix et de Concorde est entamée. La société est en lambeaux. Aujourd’hui encore certains continuent à prêcher la descente aux enfers. »
Ces propos sont tenus par un homme qui appartient à la génération des années 60, une génération très attachée à son passé de paix et de concorde entre toutes les communautés. Sa description de la Mauritanie d’aujourd’hui donne froid au dos.
En ce qui concerne « le présent » du passif de l’esclavage :
Dans un audio extrait d’une intervention, Cheikh Ahmed Ould Zaahav, brillant professeur, ancien diplomate a fait un cours magistral sur ses origines et son appartenance au milieu traditionnel à « coloration mixte ». Il a essayé d’expliquer que, comme tous les milieux traditionnels en Mauritanie, ses parents d’origines ont des liens étroits avec leurs anciens esclaves et ceux qui en subissent les séquelles de nos jours. Son survol de cette réalité mauritanienne d’aujourd’hui, illustré par l’exemple des liens de sa propre famille avec des descendants d’esclaves ( mis en liberté) lui a valu une véritable descente en enfer à cause de propos parfois très violents tenus à son égard par des activistes des droits des descendants d’esclaves, qui le décrivent comme quelqu’un qui souffle le chaud et le froid selon la position où il se situe.
Un autre audio, de quelqu’un qui parait être lui aussi descendant d’anciens esclaves à dit qu’il faut appeler un chat un chat. « Que les propos d’Ould Zaahav n’ont rien de dérangeants et tendent simplement à faire comprendre que l’esclavage sous sa forme présentée par certains activistes à l’étranger n’existe plus en Mauritanie. Ce qui existe et qu’il faut combattre se sont ses séquelles dont les autorités ne sont d’ailleurs pas responsables ». Ce qui du reste n’est pas faux. Très souvent ce sont les descendants d’esclaves eux mêmes qui poussent certains membres de leurs familles à travailler pour des personnes de l’autre couleur. Mais les textes en vigueur n’ont pas pris en compte ces cas qui peuvent être assimilés à des complicités des parents poussés par la pauvreté à monnayer les travaux des leurs chez des maures.
Le débat sur la problématique des noirs et des harratines a pris beaucoup de temps et a fait couler beaucoup d’encre. Un mauritanien arabo-berbère très équilibré dans ses propos par rapport à la « question négro-mauritanienne et harratine » a qui nous avons demandé son avis n’est pas passé par quatre chemins pour expliquer que pour lui, le problème de l’esclavage tel que décrit par certains activistes est un « faux problème ». C’est un problème qui n’existe que « dans l’esprit de ceux qui en tirent profit ». Cette affirmation rejoint celle de Saad Ould Louleid qui est l’un des membres fondateurs du mouvement IRA. Dans un entretien télévisé accordé à El Wataniya, Saad qui cite noms et donne des exemples à l’appui, a dit que certains activistes vivent « sur le dos des harratines. Ces activistes renflouent leurs comptes bancaires à l’extérieur du pays en confiant des opérations de collectes à des négro-africains réfugiés à l’étranger, et à l’intérieur du pays en flirtant avec des activistes politiques, religieux et traditionnels qui sont les vrais ennemis des esclaves ».
Ce qui veut dire que pour la question des harratines on ne sait vraiment pas et plus qui est qui et quoi, et qui fait quoi et pourquoi ? Un intellectuel explique que le problème des descendants d’esclaves constitue un fond de commerce lucratif et florissant qui se développe au sein d’une complicité d’activistes politiques proches de certains organes de presse à sensation liés à la mouvance par des intérêts inavoués.
Ce qui affirme t-il n’est pas le cas des négros-africains. Les négros africains de Mauritanie sont effectivement victimes de graves préjudices moraux et physiques subis pour lesquels des solutions définitives doivent être trouvées et il est bien possible de les trouver.
Négro-africains de Mauritanie et harratines, similitudes de problèmes très différents.
Un cadre, très préoccupé par les conséquences qui risquent de découler de la lenteur avec laquelle les régimes qui se suivent se mettent à chercher à résoudre les problèmes explique que : « les problèmes posés pour le pays sont rendus encore plus complexes par des organisations humanitaires étrangères établies en Mauritanie qui pratiquent « l’apartheid » et le « racisme » de coopération par leur comportement et leurs agissements. D’un côté, elles pratiquent chez nous des « discriminations » et de l’autre côté, chez elles, elles crient au scandale pour dénigrer le pays.
En effet, certains reprochent à ces organisations la discrimination dans le recrutement de leurs employés et une ségrégation dans le choix de leurs zones d’interventions. Une sorte d’interférence dans les affaires intérieures du pays qui n’apporte aucune contribution la cohésion nationale. Certaines organisations humanitaires implantées depuis des dizaines d’années ne recrutent pratiquement jamais d’employés arabo-berbères. Ce qui a fait dire un journaliste qui a travaillé plus de trente ans dans l’humanitaire : « ils viennent chez nous comme en terrain conquis. Ils font ce qu’ils veulent imposent leurs lois et pratiquent leur « Apartheid » sous une autre forme. C’est-à-dire sous une forme où le maure arabo berbère est exclu ». Et d’ajouter : « Ce qui se passe est flagrant. Si vous jetez un coup d’œil sur la cartographie des zones d’interventions de ces organisations « dites humanitaires et apolitiques » vous vous rendez compte qu’elles se bousculent le long de la vallée où elle patinent depuis plus de 20 ans, évoquant la nécessité de poursuivre la lutte contre la malnutrition sévère dans la zone pourtant la plus arrosée du pays où il y’a plus de greniers de riz que partout ailleurs ». Par ailleurs quand la Mauritanie est critiquée sur une tribune en France, en Suisse ou aux Etats-Unis, ce sont généralement leurs rapports défavorables sur les droits humains en Mauritanie qui contribuent à enfoncer le clou.
Quand Biram Ould Dah Ould Abeid le leader charismatique, député à l’Assemblée Nationale qui ne fait que défendre les droits des siens, et c’est son droit, à dit que « l’apartheid est pratiquée dans un pays de l’Afrique de l’Ouest » on n’a pas compté une seule de ces organisations humanitaires qui est montée sur le créneau pour rectifier son tir que certains considèrent très maladroit. Au contraire par leur silence complice, ils se sont montrés plutôt affirmatifs. Et ils oublient que la Mauritanie n’a jamais été un pays qui pratique l’apartheid d’une manière ou d’une autre. Pour preuve. La Mauritanie est le pays à la pointe nord de l’Afrique occidentale qui accueille le plus de négro-africains subsahariens ou de l’Afrique Centrale chassés de leurs pays par la misère. Ces migrants économiques travaillent sans être inquiétés ni persécutés.
En résumé dit un autre mauritanien, les activistes négro-africains, les activistes « négro-maures » et leurs soutiens « racistes » occidentaux accordent leur violons pour nuire à l’image de la Mauritanie, un pays tolérant mais qui tarde quand même il faut le reconnaître, à prendre son courage à deux mains pour arrêter le laisser aller au sein de ces organisations et pour mettre fin aux injustices qui se multiplient à l’égard des communautés harratines et négro-mauritaniennes. Tant que l’Etat mauritanien n’a pas réglé le passif humanitaire des négro-mauritaniens et le « présent » des descendants d’esclaves, les leaders des deux communautés n’arrêteront pas de vendre au plus offrant l’honneur de leur pays pour quelques poignées devises comme un descendant d’esclaves. Ces devises collectées par les activistes d’une des couleurs pour l’intérêt des activistes de l’autre couleur (mais toujours de la même couleur) pèsent du poids sur leur comportement. Ce qui veut dire a expliqué un de mes confrères, que les noirs, (noirs) et les noirs (pas noirs) ne verraient pas d’un mauvais œil de jouer aux prolongations en accusant le régime d’avoir occasionné le match nul.
La question qui se pose maintenant est celle de savoir si Ould El Ghazouani, entré sur le terrain pour arbitrer la prolongation qui va durer encore quatre ans va siffler la fin de la partie…. en réglant définitivement ces passifs (au pluriel) qui empoisonnent la vie de la nation chaque jour un peu plus. Au moins donnons au nouveau président le temps imparti à la prolongation du match confié à son arbitrage depuis depuis août 2019, depuis onze mois seulement, pour arbitrer justement dans l’intérêt suprême de la nation comme le prévoit les termes du contrat qui le lie à son peuple par un serment.
Mohamed Chighali
Source : Points Chauds (Mauritanie)