Les nominations opérées au niveau de l’Administration territoire au cours du Conseil des ministres du jeudi 30 avril 2020 sont les plus vastes connues à ce jour. Alors que les partisans du pouvoir de Mohamed Cheikh Ghazwani considèrent ce mouvement comme le plus important jusque-là opéré depuis sa prise de pouvoir, et qu’il a été caractérisé par le rajeunissement de l’administration territoriale, les détracteurs voient par contre à travers ces nominations fleuves une grave atteinte à l’unité nationale et à la cohésion sociale eu égard au peu de places accordées aux Négro-mauritaniens.
Le Ministère de l’Intérieur vient d’opérer le plus vaste mouvement de l’administration territoriale sous l’ère Ghazwani. Un remaniement décidé au cours du Conseil des Ministres du jeudi 30 avril 2020 et qui a touché plusieurs régions du pays, mais qui a aussi fait couler beaucoup d’encre. Nominations de Walis, de Walis Mouçaid, de Hakems et de leurs adjoints, de chefs d’arrondissement, de directeurs de cabinets, de conseillers et de chargés de mission. Au total, plus d’une centaine de changements au niveau du commandement, tant au niveau central qu’au niveau local. Il y a eu des permutations, des nouveaux promus, des promotions et des départs.
Pour les partisans de Mohamed Ghazwani, ce changement constitue l’une des premières mesures prises par un pouvoir qui cherche à placer ses hommes de confiance et à rompre avec un héritage laissé par l’ancien pouvoir. Parmi les nouveaux promus au niveau de l’administration territoriale, plusieurs jeunes issus des dernières promotions de l’Ecole Nationale d’Administration qui font leurs premiers pas dans le commandement, mais aussi plusieurs fonctionnaires qui dormaient au niveau de l’administration centrale sans aucune charge.
Débat autour des quotas
Ce remaniement massif au niveau de l’administration territoriale anime les débats dans les réseaux sociaux. La polémique enfle d’une manière jamais égalée, au point que de virulentes empoignades commencent à attiser les flammes communautaristes et les tensions sociales. Pour la communauté négro-africaine, ces nominations ne sont qu’un continuum d’un «système raciste et raciale qui consolide la mainmise de la communauté maure sur les commandes de l’Etat au détriment des autres composantes de la Nation».
Sur ce plan, les comptes sont tout de suite faits. Sur les 18 Walis et Walis Mouçaid, seuls 3 négro-africains ont été promus. Sur les 13 chargés de mission, les négro-africains ne sont que 4, zéro sur 5 au niveau de l’Inspection interne, 1 négro-africain sur les 7 attachés de cabinet, 1 négro-africain directeur sur les 16 directeurs nommés, 2 sur 9 conseillers. Sur les 19 conseillers et directeurs de cabinet au niveau des Wilayas, un seul négro-africain, 7 négro-africains sur les 69 Hakems, Hakems Mouçaid et Chefs d’Arrondissement, avec un 1 seul Hakem négro-africain.
Ainsi, sur un total de 163 nominés, les Négro-africains ne sont que 18, soit à peu près 11% des postes, contre 89 % occupés par leurs compatriotes maures.
Donc, le dernier remaniement au niveau de l’administration territoriale n’a fait que raviver un vieux et éternel débat en Mauritanie autour de la représentativité communautaire dans un pays déchiré par des tensions sociales et raciales. Certains n’ont pas hésité à reprendre la terminologie «Apartheid» collée à la Mauritanie et que les élites négro-africaines et Harratines ne cessent de dénoncer.
La question genre complètement occultée
Beaucoup de féministes voient pour la plupart d’entre elles, à travers le dernier mouvement au sein de l’Administration territoriale, une note martiale et masochiste, eu égard au peu de femmes qui ont été promues. Avec zéro femme au niveau des chargés de mission, deux femmes conseillères sur 9 et 1 femme à l’Inspection Interne sur 5, la gente féminine semble ainsi être les moins visibles dans l’administration du Ministère de l’Intérieur. Elles ne sont en effet que 5 au niveau central, contre Zéro Wali, zéro Wali Mouçaid, 1 seule conseillère de Wali et 3 Hakems, Hakem Mouçaid sur un effectif de 70.