Ce dernier à en croire une source, aurait racheté une superficie supplémentaire d’une centaine d’hectares et qui n’a jamais été mise en valeur. Le périmètre est situé prés de la localité de Tekinguel dans la commune de Darel Barka distant de 70 kilomètres de Boghé, la capitale départementale.
Une autorisation accordée deux mois seulement après l’adoption en conseil des ministres d’une série de mesures destinées à renforcer l’arsenal juridique national dans le domaine de la protection de l’environnement. L’avis de l’inspecteur départemental de l’environnement pourtant très déterminant dans une pareille procédure a été foulé au pied.
Et ce, en violation de l’article 2 alinéa 3 de la loi 2007- 055 abrogeant et remplaçant la loi N° 97 – 007 du 20 janvier 1997 portant le « Code Forestier » qui dispose : « les ressources forestières constituent les richesses naturelles et à ce titre font partie intégrante du patrimoine commun de la nation. Chacun est tenu de respecter ce patrimoine national et de contribuer à sa protection et conservation ».
Couvert végétal brûlé
Chose que le promoteur est loin de respecter. Car fort de cette autorisation du wali, il a déployé un engin que l’on a trouvé en pleine action, fauchant des arbres très précieux pour l’économie locale des populations. Des espèces végétales très précieuses, tels ; le Baihinia risecens ou Namadi en pulaar, le Grewiabuclore (Mijij) en hassaniya ou (Koyli) disent les halpulaars, le ziziphus mauritania dénommé diaabi par les peulhs et l’acacia nilotica appelé Gawde en pular ou amoure disent les maures.
Pendant qu’une autre équipe est chargée de bruler les arbres abattus. L’endroit exact selon les villageois s’appelle Lewrou.
Mika est un ressortissant de la localité de Tekinguel. Lorsqu’il a surgit subitement et nous a trouvé sur les lieux, il a protesté de façon virulente contre notre présence sans le prévenir. Très proche du promoteur, il nous a laissé entendre de vive voix que ce périmètre appartient à Sidi Mohamed O Badi alias docteur et en tant que propriétaire terrien, il a le plein droit d’abattre les arbres et de mettre en valeur la terre comme tout citoyen Mauritanien. Avant de poursuivre, votre attitude n’est pas responsable, vous n’avez pas à vous introduire en se cachant, il fallait me prévenir avant de venir ici martèle Mika qui refuse d’être enregistré et photographié.
Villageois intimidés
Le chef du village de Tekinguel, Mokhtar Aly DIA qui a protesté contre ce désastre écologique en intimant l’ordre au conducteur d’engin de stopper ses travaux de défrichement a été convoqué par les autorités de Darel Barka et menacé. Comme d’autres habitants de la localité de Tekinguel qui ont tenté également d’exprimer la moindre obstruction devant les travaux engagés par le promoteur ont été trainé à la brigade de gendarmerie de Darel Barka pour y être intimidés et sommés de laisser les travaux de défrichement continuer.
Cette terre nous appartient, nous l’avons hérité de nos ancêtres a affirmé Saydou Ciré, notable de Tekinguel. Docteur, comme le surnomme les habitants de la localité disposait de 20 hectares depuis qu’il s’est installé ici mais il a dépassé les limites de son périmètre légal clame Saydou. Nous ne lui contestons pas la terre que l’Etat lui a attribué mais qu’il abandonne nos terres poursuit le notable, la voix cassée.
Derrière cette autorisation de défrichement se cache un projet d’exploiter le combustible ligneux qui génère des centaines de millions de nos ouguiyas en cette période de vaches maigres. Si ce n’est pas l’astuce qui est trouvée par les pseudos- promoteurs agricoles comme docteur, c’est celle de brandir le titre de concession rurale provisoire auprès du crédit agricole dans le but d’obtenir un prêt financier et se fondre dans la nature. De l’argent qui sera réinvesti ailleurs et non dans l’agriculture.
Code forestier violé
Pourtant, l’article 20 du code forestier interdit formellement de tuer les arbres, arbustes ou leurs souches sans préjudice des dérogations prévues à l’article 21 qui dispose que toute autorisation de défrichement accordée suivant les dispositions de l’article 23 est subordonnée à l’avis favorable des services locaux chargés des forêts, ceux de l’agriculture et du Maire territorialement compétents.
Dans ce cas de figure, ni l’avis de l’inspecteur départemental de l’environnement ni celui du maire de la commune de Darel Barka, Kane Amadou Tidjane n’ont été recueillis à l’avance comme le stipule la loi.
Le périmètre est juxtaposé au fleuve à M’BOYO. Et l’article 22 du code forestier sur les défrichements dans son paragraphe b interdit l’exploitation forestière aux abords des cours d’eau permanents et semi permanent sur 100 mètres à partir de la berge, sauf raison de salubrité publique. Or, il suffit de marquer une cinquantaine de pas ou moins pour déboucher sur une marre très poissonneuse.
Pays bizarre est la Mauritanie qui édicte des lois et les viole encore ! Rendez-vous à Tekinguel pour constater de vos propres yeux.
Les espèces végétales citées ci- hauts, le ziziphus mauritania, ou l’acacia nilotica sont des essences forestières protégées sur l’ensemble du territoire national par l’article 44 du code forestier. Il stipule, l’arrachage, l’abattage ou la mutilation de ces essences forestières sont interdits sauf autorisation du ministre en charge des Forêts. De même que la saignée par des instruments appropriés qui n’est possible que sur autorisation du ministre chargé des forêts. Consulter l’article 44 du code forestier pour se rendre à l’évidence.
Dans ce coin très enclavé de notre pays, un scandale écologique est en cours. Et pour convaincre les citoyens Mauritaniens sur la bonne volonté du Raiss, Mohamed El Ghazouani de normaliser les choses, il urge de jeter un regard sur ce qui se déroule dans cette partie du pays pour ne pas favoriser l’émergence d’un autre COVID-19.
Compte rendu de Daouda Abdel Kader DIOP
Source : Terroir Journal (Mauritanie)