Majoritairement composé de femmes, ce quartier des déplacés (Tarhil) est un concentré de pauvreté, qui se préoccupent plus de la marmite que des modes de transmissions du Coronavirus qui sévit en cette période.
S’activant dans la revente dans les marchés, ces dernières qui vivent au jour le jour, sans aucune épargne, ressentent de plein fouet la décision de fermeture des marchés par les autorités afin d’éviter la propagation du virus.
Que connaissent-elles du Coronavirus ?
Hélas pas grands choses en dehors de l’interdiction de se serrer les mains. Car aucune autorité sanitaire n’est venue les sensibiliser sur les gestes barrières. Sans aucun moyen de transports, ces oubliés de la république sont à 2 km de marche avant d’atteindre la route principale qui mène au premier poste de santé.
Alors quand ces femmes voient débarquer des jeunes volontaires avec du riz, des pattes, de l’huile et surtout une citerne d’eau, du savon et de la javel, elles saluent le geste et se livrent aux confidences.
Endettement, chômage, absence totale de revenus et manque de considération, voilà ce qui ressort de leurs témoignages.
Zeynabou vit avec ses 4 enfants et son mari qui est au chômage confesse : « avec la fermeture des marchés, il nous arrive de ne pas du tout manger de la journée ».
Celle qui dit n’avoir vu aucune autorité administrative ou politique ni pour la sensibilisation et encore moins pour l’accompagnement social, implore que l’Etat leur vienne en aide avant qu’il ne soit trop tard.
Cette sensation de ne pas compter est ici un sentiment majoritairement partagé. Rien ne relie cette partie de Nouakchott au monde extérieur. Alors la précarité qui y sévit n’est pas visible de tous. Elle semble même être cachée.
Illustration parfaite de la femme vulnérable et isolée, Aichetou Mint Brahim soutient ne bénéficier d’aucun accompagnement social ni économique.
Divorcée, avec 4 enfants à charge, Aichetou tire le diable par la queue pour chauffer la marmite.
Cette force de la nature avec son regard perçant est un peu amère. Elle soutient que « L’Etat n’a rien donné encore. On est cantonné ici. Personne n’est venue nous parler de cette maladie… »
Aïchetou la battante, présente en quelques mots la situation à laquelle est confronté les habitants de Tarhil 17.
L’environnement austère et hostile à la vie dans ce quartier dénote de la force de caractère et de la capacité de résilience de ses habitants qui contre vents et marrés combattent plus la misère sociale que le coronavirus.
Pourtant le président de la république, Mohamed Cheikh El Ghazouani a annoncé la création d’un fonds de solidarité doté d’un budget d’au moins 25 milliards d’ouguiyas (ancien) pour venir en aide à 30.000 familles pauvres.
Depuis cette annonce, rien de concret n’a filtré quant aux mécanismes de mise en œuvre de ce fonds ou de l’identification des potentielles bénéficiaires.
Propos recueillis par : Lamine Sy
Rédaction : D.S & C.G