Les autorités mauritaniennes ont décidé enfin, ce jeudi 11 décembre courant, de franchir le rubicond en matière de défense des droits de l’homme, particulièrement en matière de lutte contre l’esclavage, en imposant, à partir de demain vendredi, en cette journée historique, une khotba uniforme et obligatoire à toutes les Grandes Mosquées et lieux de prières de Nouakchott, avant d’élargir incessamment cette louable mesure officielle au reste du pays.
Cette décision prise par le ministre des affaires islamiques et de l’enseignement originel Ould Ehel Daoud est une victoire doublement partagée, aussi bien par le gouvernement mauritanien que par les défenseurs antiesclavagistes dont les leaders de l’IRA, dés lors où elle constitue pour le pouvoir un pas de géant fait en avant dans la bonne direction et pour les seconds, une reconnaissance officieuse de la légitimité de leur combat, s’il se départi de l’appel à la violence.
C’est d’autant vrai pour les leaders de l’IRA, particulièrement Biram Ould Dah Ould Abeid et Brahim Ould Ramdhane, si l’on sait que les Imams, en premier celui de la Mosquée centrale de Nouakchott, Cheikh Ahmedou Ould Lemrabott, moins encore les autres, ne seront plus autorisés à prêcher selon leurs humeurs pour entretenir leur ordre social suranné.
La khotba uniforme de demain qui a pour thème principal le prêche contre les dangers de l’esclavage et l’appel de tous les citoyens gouvernants et gouvernés à redoubler d’efforts pour lutter contre ce phénomène est incontestablement un immense acquis dont l’actuel pouvoir peut se vanter sur les plans local et international, s’il est exécuté à la lettre et de manière irréversible. C’est aussi une bataille héroïquement gagnée dans cette rude guerre menée par les ONG antiesclavagistes, particulièrement SOS-Esclaves et l’IRA, qui s’inscrit dans la droite ligne de leur lutte, qui ne manquera pas de rehausser le bon moral des détenus de Rosso.
En effet, les imams qui étaient présentés hier comme ces médecins appropriés pour soigner ce mal, ce sont avérés publiquement les pires bouchers. Raison pour laquelle, l’Etat à repenser sa thérapie pour lui donner des chances curables, en imposant demain à ces prêcheurs des Mosquées de véhiculer l’unique discours religieux défini par le gouvernement, qui ferme la parenthèse de leurs khotbas trop sentimentales pour légitimer leur ordre social au fief caractérisé par la survivance de l’esclavage.
Sans doute, Biram et Brahim, exigeront plus, et ils ont raison, car la bataille pour l’égalité sociale, qui est l’affaire bon gré mal gré du gouvernement, est longue et semée d’embauches.
Il est possible malgré ces conditions difficiles de détention des prisonniers deRosso, qu’ils ne regrettent pas leur incarcération même illégitime, grâce à laquelle, ils ont réussi indirectement à secouer le baobab endormi, l’obligeant à faire bouger les choses au plus vite face au danger et changer l’ordre des choses.
Première choses, assainir le discours des Mosquées qui a été depuis ces dernières semaines, le principal foyer des tensions entre autorités officielles dont les religieux et les antiesclavagistes, particulièrement depuis l’incident de la Grande Mosquée de Nouakchott où l’Imam et ses disciples se sont échangés des coups de boxe à la stupeur des prieurs.
La visite du Président de la République à Tadamoun, la longue tournée faite par le Directeur Général de cette agence dernièrement dans certaines wilayas du pays pour inaugurer des projets socioéconomiques, les déclarations officielles faites par les différentes autorités et les divers acteurs impliqués dans la défense ou la promotion des droits de l’homme ainsi que cette khotba unifiée appelée à se généraliser dans les prochains jours à tout le pays, sont autant d’ingrédients qui suscitent l’espoir de voir enfin ce pays œuvre main dans la main dans le traitement sérieux et définitif de ses maux qui menacent sa cohésion.
Ce prêche unique qui devra réorienter la Mauritanie plurielle vers son unité et la justice sociale présente sans doute l’avantage que représente la complémentarité des actions publiques et militantistes, souvent présentées du point d’antagonistes. Ces khotbas à grande connotation d’éducation pourront aider beaucoup ce pays à se débarrasser définitivement de ses extrémismes et de ces contradictions, en parvenant à captiver l’opinion.
Md O Md Lemine
Source : Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie)