Cette rétrospective commence par une triste note. L’année 2019 s’achève sur une tragédie qui endeuilla tout le pays.
La ville de Nouadhibou est affligée par un terrible accident survenu le 24 décembre dernier. Une collision entre un bus de transport de l’agence « Alghouswa » et une sémi-remorque fait 9 morts et 6 blessés graves à 135 kilomètres de Nouadhibou. Un bilan très lourd qui relance l’épineuse question de la sécurité routière dans le pays.
Sur le plan politique l’année 2019 est marquée par l’élection présidentielle au terme du deuxième quinquennat du président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz frappé par la limite des mandats. Son dauphin n’est rien d’autre que son ami de longue date Mohamed Ould Ghazouani qu’il a choisi pour briguer la magistrature suprême.
L’opposition qui avait posé au départ des conditions pour sa participation et, n’ayant pas obtenu les garanties qu’il fallait, à savoir une ceni plus représentative, un audit du fichier électorales, s’est finalement lancée dans la course en ordre dispersé. 05 candidats ont battu une campagne présidentielle sans grand engouement pendant deux semaines.
La partie sera gagnée dès le premier tour ténu le 22 juin 2019 par l’ex-général Mohamed Ould Ghazouani avec 52% des suffrages. L’opposition crie à la fraude et conteste les résultats du scrutin. Au lendemain de l’annonce des résultats des échauffourées très violentes éclatent à Nouakchott et dans certaines localités du pays. Plusieurs personnes, essentiellement issues des rangs de la coalition Vivre ensemble (CVE) sont arrêtées. On dénombre plusieurs blessés. L’Etat décrète un couvre-feu de plusieurs jours dans la capitale. L’internet est coupé dans tout le pays. Le climat politique et social est délétère.
Le vainqueur ouvre les portes de la concertation avec ses challengers pour tenter d’apaiser l’atmosphère très tendue qui prévaut dans le pays. Finalement le dispositif sécuritaire sera levé et la vie reprend son cours normal.
Le 1er août 2019, le nouveau président est investi dans ses nouvelles fonctions au cours d’une grande cérémonie organisée au centre international des conférences en présence d’une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernements africains.Le le 09 août, le premier gouvernement de l’ère Ghazouani dirigé par Souleymane Ould Boddé Ould Cheikh Sidiya est formé. 26 ministres dont d’anciennes figures du gouvernement passé. De hauts cadres venant des institutions internationales font leur entrée.
Un mois après sa prise de fonction, il rencontre tous les candidats à l’élection présidentielle ainsi que des personnalités politiques pour chercher à désamocer une crise post-électorale qui pèse sur les institutions démocratiques . Il ouvre la porte du retour des exilés politiques et des hommes d(affaires poursuivis par l’ancien président Aziz et promet de régler tous les problèmes urgents qui préoccupent les citoyens.
Au lendemain de l’investiture de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz s’envole à l’étranger au bord d’un avion affrété à plus de 200.000 MRU avec sa famille, ses domestiques et ses valeureux bagages ; destination : la Turquie. Il fait des navettes et séjour en Grande Bretagne pour un bain linguistique en perspective d’un poste de médiateur des Nations sur la crise libyenne. Trois mois passés hors du pays, l’ex-homme fort qui avait l’attention sur l’évolution politique du pays cherche à orienter les décisions de l’upr ,un parti qu’il avait fondé et dont il se veut le principal dirigeant.
Le 16 novembre le voilà de retour à Nouakchott. Il convoque une réunion du comité directeur provisoire du parti et proclame sa prééminence légitime sur l’upr. Des remous secouent la majorité présidentielle qui s’insurge contre l’ingérence dans les affaires du parti. La réaction du nouvel homme fort ne se fait pas attendre. Ghazouani déclare que la seule référence du parti c’est lui. Une divergence éclate entre les deux vieux amis.La rupture est consommée. Le 28 novembre 2019, c’est le 59ème anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie.
Invité d’honneur, Aziz boute la cérémonie laissant une chaise vide. Après le défilé militaire, le nouveau président quitte subitement Akjoujt pour renter à Nouakchott. Des rumeurs d’un coup d’Etat circulent mais le ministre de la défense dément formellement ces informations. Pourtant dans les rangs du bataillon de la sécurité présidentielle, un grand changement est opéré. Les hommes clé de l’ex-président sont remplacés et mis à l’écart des postes de commandement.
Très en colère et mis en minorité par ses anciens soutiens désormais acquis à leur nouveau maitre , Aziz crie à la trahison et à la violation de la loi. Dans une conférence de presse organisée le 19 décembre à son domicile après s’être vu refusé par les hôtels d’abriter cette rencontre avec les médias. Une sortie ratée qui lui vaut de vives critiques dans la presse et par une opinion dépitée qui demande une enquête sur ses biens en réaction au appels du groupe de parlementaires qui réclament un audit des dossiers accablants sur 11 ans d’une gouvernance controversée. Aziz est lâché par un parti qui ne veut plus de lui.
Les 28 et 29 décembre un congrès ordinaire est organisé au nouveau centre des conférences pour élire les nouvelles instances dirigeantes du parti. Sidi Mohamed Ould Taleb Amar est désigné comme le nouveau président de l’UPR, parti au pouvoir.
Sur le plan de l’éducation, l’année universitaire est émaillée de mouvements de grèves provoquées par une décision du Ministre de l’enseignement supérieur qui a limité l’âge d’inscription à 24 ans. Des violences ont éclaté faisant des blessés dans les rangs des étudiants. Finalement la mesure sera suspendue par le gouvernement.
Pour leur part les professeurs du secondaire déclenchent un débraye pour réclamer des augmentations salariales et une amélioration de leurs conditions de vie. Au plan de la santé l’année 2019 est marquée par cette décision du ministère de la santé de fermer plus de 500 pharmacies qui ne sont pas aux normes et de retirer des quantités importantes de médicaments du marché pharmaceutique.
Nécrologie : l’année 2019 est aussi marquée par le décès de la doyennes Aissata Kane première femme ministre de Mauritanie. Elle s’est éteinte le 10 août à Nouakchott suite à un malaise cardiaque à l’âge de 80 ans. Figure emblématique de la lutte pour l’émancipation de la femme mauritanienne, sa vie est riche en souvenirs de son inlassable combat.
Une autre ancienne icône de la musique traditionnelle mauritanienne a aussi tiré sa révérence : le patriarche Sidaty Ould Abba, compositeur du premier hymne national mauritanien est décédé le jeudi 26 septembre 2019, à Nouakchott à l’âge de 90 ans. Une perte énorme pour la culture mauritanienne.
2019 est donc une année de pertes énormes à cause des drames humains. Des déficits budgétaires très lourds que le nouveau président promet de réparer dans une conjoncture où les défis imposent un courage et une volonté de fer…
Source : Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie)