Il semble assuré d’une victoire au premier tour. Sidi ould Domane répond aux questions d’Édouard Dropsy.
Mohamed ould Ghazouani est le dauphin du président Mohamed ould Abdel Aziz, officiellement désigné. Va-t-il s’inscrire dans la continuité de son action ?
Sidi ould Domane : Ce n’est pas un dauphin, il n’est pas officiellement désigné. Ghazouani est un Mauritanien qui jouit de ses droits civiques et qui s’est présenté avec un projet précis, ambitieux et réaliste.
Quelles sont ses priorités ?
Il part d’un constat très important. D’abord une très bonne connaissance de la réalité du pays, une très bonne connaissance des capacités et des ressources du pays, avec un projet qui vise le bonheur des citoyens. En fait, il veut offrir une vie décente à tous les citoyens mauritaniens.
La sécurité est importante dans le programme du candidat Ghazouani qui a été chef d’état-major pendant dix ans. Mais certains indicateurs de développement, comme la santé ou l’éducation, sont assez bas. Quelles seront les mesures proposées pour lutter contre ces inégalités ?
Je peux vous assurer qu’il a une très bonne maîtrise du dossier sécuritaire et de la Défense, pour l’avoir dirigée pendant dix ans. Pour l’éducation d’abord, il veut que l’école républicaine reprenne toute sa place. Que les enfants mauritaniens soient formés dans la même école, que l’État les prenne en charge pour les plus démunis en créant des internats comme auparavant, qu’ils apprennent en même temps.
Pour lui, il y a deux choses. D’abord le côté matériel : la construction d’écoles, ça, c’est facile. Mais il y a surtout la construction de l’humain, de l’esprit. Pour lui, il y a l’enseignant, il faut bien le former et il faut le mettre dans les meilleures conditions pour qu’il s’acquitte convenablement de sa noble mission. Pour la santé, son objectif, il y a déjà des hôpitaux dans toutes les capitales régionales qui sont plutôt équipés et là il continue. Son objectif, c’est généraliser la couverture sanitaire, c’est-à-dire que tous les Mauritaniens aient leur carte CNAM.
D’autres candidats se sont fixé comme priorité l’unité nationale, la lutte contre l’esclavage. Le candidat Ghazouani n’utilise pas ce terme et préfère parler lui de discrimination. C’est un terme qui dérange ?
Pour lui, la diversité culturelle et ethnique est plutôt une source de richesse, alors il veut créer un État de droit, un État de citoyenneté, un État fort de sa diversité, un État riche de sa diversité au fort de son unité, un État de droit où tout le monde trouve son compte conformément au droit. Il a proposé une agence qui sera dotée, pour les cinq premières années, de 200 milliards d’ouguiyas pour éradiquer toutes ces disparités, toutes ces inégalités et pour que chaque Mauritanien se sente fier d’appartenir à ce pays.
Il y a plusieurs candidats dans cette élection présidentielle, qui ne sont pas des inconnus. Un second tour n’est-il pas inévitable ?
De notre point de vue, et cela n’engage que nous, il n’y aura pas de second tour. D’abord, notre candidat a commencé sa campagne avec la majorité qui gouverne et avec plusieurs partis de l’opposition, même l’opposition radicale. Tous les meetings que le candidat a tenus dans les capitales régionales étaient une espèce de référendum. L’affluence populaire était tout simplement imposante, inédite. Alors ça nous rassure aussi dans notre analyse.
La Céni est composée de onze membres qui soutiennent le candidat Ghazouani. La transparence peut se faire dans ces conditions ?
La Céni est indépendante, entièrement indépendante. Nous demandons, nous sollicitons, nous souhaitons et nous invitons tout le monde à la transparence la plus parfaite. Pourquoi ? Parce que ça nous sert. Si on gagne, on veut gagner la tête haute.
Si le candidat Ghazouani remporte les élections, le président Aziz jouera un rôle politique ou aura un statut officiel ?
Mohamed ould Abdel Aziz est un président mauritanien d’abord qui, pour nous, à la majorité, a réalisé beaucoup de choses. Ceci dit, il se retrouve citoyen mauritanien, ancien président et il a le droit de faire tout ce qu’il veut. Il peut faire de la politique. Certainement, il continuera toujours à s’intéresser aux problèmes de la nation.
Le candidat Ghazouani ne cache tout de même pas sa proximité avec le président sortant. Certains disent qu’il ne sera qu’une parenthèse pour permettre au président Aziz de revenir dans cinq ans…
Tout ce que je peux assurer, c’est qu’Aziz ne peut pas revenir parce que la Constitution est très claire. Elle ne dit pas deux mandats successifs, mais elle dit deux mandats, point à la ligne. Deuxième précision : il n’est l’ombre de personne. C’est vrai qu’il appartient à la majorité qui gouverne. Le président gouverne encore. Il a respecté la Constitution et il va surveiller, superviser une transition, une alternance pacifique au pouvoir.
Source : RFI Afrique