Abderrahmane Weddady et Cheikh Ould Jiddou avaient repris sur leurs blogs des articles publiés par des médias arabes et faisant état d’un placement présumé de deux milliards de dollars aux Émirats arabes unis par un proche du chef de l’État. Le président a démenti l’information avant de déclarer que la justice allait se saisir de l’affaire.
La justice mauritanienne est entrée en action quelques jours après l’intervention du chef de l’État sur une chaine de télévision privée. Un long communiqué du parquet révèle que les autorités émiraties ont démenti l’existence des placements présumés des deux milliards de dollars.
Les deux blogueurs ont été arrêtés fin mars et placés sous mandat de dépôt pour diffamation à la grande prison de Nouakchott. C’est là que leurs collègues ont manifesté pour réclamer leur libération.
Med Moctar était parmi les premiers arrivés : « Je suis là, aujourd’hui, pour dénoncer l’oppression qu’ils sont en train de subir. Ils ont monté un dossier contre eux qui est un dossier défaillant juridiquement d’après les avocats. On n’a plus de liberté d’expression. »
Sidi Vall, un autre activiste sur les réseaux sociaux, parle lui aussi du recul en matière de liberté d’expression : « Je trouve que ce sont des détenus d’opinion. Parce que ce sont des gens qui ont été arrêtés pour avoir exprimé leur opinion sur une information que beaucoup de médias ont relayée. Il faut les relâcher, leur présenter toutes les excuses ou les juger de façon transparente et juste. »
Des organisations de défense de la liberté de presse, dont Reporters sans frontières, ont écrit au gouvernement mauritanien pour demander la remise en liberté des blogueurs.