Ils peuvent se tromper, certes, mais ils n’auront de compte à rendre qu’à leur peuple, pas aux « voisins » ou à ceux qui considèrent, à tort, qu’ils exercent une certaine régence sur nos choix. TOUS NOS CHOIX ! Il est choquant de lire dans un média marocain, Yabiladi, pour ne pas le nommer, que le Maroc s’offusque de notre « rapprochement » avec l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, deux pays frères avec lesquels la Mauritanie a toujours entretenu des rapports « au-dessus de tout soupçon ».
Quelle inconséquence que de dire que cette entente se fait contre le Maroc ou qu’elle ne profite qu’aux alliés de la Mauritanie ! Si le Maroc se rapproche – ou s’éloigne – de ces pays, ça ne peut être que l’effet d’une politique « choisie », de circonstances non d’une décision irrévocable.
Quand le Maroc filait le parfait amour avec ses frères du Golfe, nos frères de toujours, pensait-il, un instant, que la Mauritanie était délaissée ? Les journalistes qui jouent les intérêts de Rabat contre ceux de Nouakchott doivent savoir raison garder, et comprendre que rien, absolument rien, ne nous oppose. Les relations entre pays sont affaires de circonstances, de conjonctures qui, comme le flux et le reflux de nos rivages, aident à comprendre les éléments pour mieux agir.
Si la Mauritanie parvient à rehausser le statut de zone franche de Nouadhibou, avec des investissements en provenance de l’Arabie saoudite et des EAU ou d’ailleurs, en quoi aurait-elle agi contre les « intérêts » de son voisin marocain ? Absolument rien ! Sauf si, comme le laisse supposer l’article tendancieux de Yabiladi, on cherche, quelque part, à prolonger notre dépendance, à accentuer notre retard par rapport à un voisin du nord qui commerce, en toutes libertés (et c’est son droit), avec qui il veut et quand il veut.
Quand Abou Dhabi et Riyad s’entendent à merveille avec Nouakchott, on ne peut parler d’un jeu d’échecs encore moins de « menace pour le Maroc ». La guerre médiatique que nous livrent certains médias marocains est injustifiée : «Les ambitions et les intérêts du royaume en Afrique de l’Ouest et particulièrement en Mauritanie seraient menacées par les deux pays du Conseil de Coopération du Golfe». Elle dénote même d’une certaine absurdité :
«Abou Dhabi et Riyad prévoient d’asseoir leurs influences politiques et militaires chez le voisin du sud en lançant de grands projets d’investissements. La construction du port de Nouadhibou serait dans le viseur, d’autant que l’accord signé en avril 2018, entre les autorités mauritaniennes et une société chinoise bat de l’aile».
Quel égoïsme que d’opposer nos ambitions économiques légitimes à celles d’un Maroc tout aussi libre de ses choix stratégiques. Développer Nouadhibou n’est nullement une « guerre » contre le port « Dakhla Atlantique ».
Yabiladi voudrait-il qu’on arrête tout pour que le projet Dakhla Atlantique, « en cours d’études géotechniques et de conception et dont les travaux devraient être lancés cette année » avec un « coût de réalisation (…) estimé à 10 milliards de dirhams (possiblement financés par les Qataris) se poursuivent ? Alliés contre alliés, Saoudiens et Emiratis, d’un côté, Qataris, de l’autre, et alors ?
Monsieur Mohammed Jaabouk, l’auteur supposé de l’article de Yabilida devrait bien pouvoir répondre à cette satanique vision de deux poids, deux mesures.
Sneiba Mohamed
Lire l’article de YABILADI ici : http://cridem.org/C_Info.php?article=722078
Source:Elhourriya (Mauritanie)