Ainsi interpelé, il tergiverse et finit par objecter que tous ses camarades détiennent des pièces d’identité et les autorisations, dont la licence d’exercer. Aussi, conteste-t-il le bien-fondé de l’ordre.
Il convient de le rappeler, les marins avaient déjà usé du même procédé, en novembre 2018 pour arrêter des chefs pêcheurs et les exposer, alors, à des sévices physiques. Hassan Dieye et ses collègues craignaient une récidive. Devant le refus d’obtempérer, les marins appellent un renfort, avant de tirer à balles réelles sur les présumés contrevenants.
L’un des civils est ainsi atteint au pied tandis que 10 s’échappent, à la nage. Le blessé et les autres restent dans la pirogue. La marine les en extrait, sous la contrainte. Déshabillés, ligotés et piétinés pendant plus de deux heures, ils subissent aussi l’urine de leurs geôliers, ponctuée d’insultes et d’humiliations.
Au débarquement, les marins envoient l’estropié à l’hôpital militaire et les prisonniers dans le commissariat du 4e arrondissement de Nouakchott. Aussitôt, la police se rend compte que les pêcheurs sont mauritaniens et s’empresse d’ordonner leur libération, tard la nuit. Les victimes refusent, de concert, jusqu’au lendemain. Le 11 février, elles déposent plainte contre les tortionnaires et soulignent la propension, des soldats en service dans la zone, à récuser la nationalité des autochtones.
L’animateur de la coopérative « Mool » et vice-président de la fédération libre de la pêche artisanale, par ailleurs candidat en 2018 des listes législative et municipale de la coalition Rag-Sawab, replace l’incident dans le contexte d’une persécution appliquée, à l’ensemble de ses partisans.
La récurrence de tels abus conforte le substrat de tension avec le Sénégal, à cause de la pénurie de poisson, après des années de surpêche. La Mauritanie déplore l’intrusion, dans ses eaux, de ressortissants du pays voisin, sur lesquels sa marine fait usage de la force, non sans occasionner des blessés et morts. Des émeutes et pillages, de l’autre côté de la frontière, visent les mauritaniens, en représailles. Le souvenir des troubles sanglants de 1989 entretient le risque du débordement.
IRA – Mauritanie :
– condamne l’usage gratuit des armes à feu et d’autres formes de violence, de la torture de traitements inhumains et dégradants contre les pêcheurs artisanaux mauritaniens et sénégalais par le régime mauritanien de prédation de nos ressources halieutiques et de destruction de l’environnement et de la vie aquatique dans nos eaux en collusion avec les multinationales néocolonialistes chinoises et la coopération mercantiliste européenne.
– soutien sans réserve les pêcheurs victimes de blessures, de tortures et d’humiliations, dans leurs exigences de justice et de réparation.
Commission de la communication
Nouakchott, le 13/02/2019
Source : IRA-Mauritanie