Cette perspective dont on parle depuis quelques semaines est désormais beaucoup plus qu’une simple hypothèse sortie des salons des quartiers résidentiels de Nouakchott. Il s’agit d’une volonté matérialisée par une démarche concrète, effectuée par une vaste alliance électorale de l’opposition démocratique.
En effet, le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU, composé de partis politiques, d’organisations de la société, de centrales syndicales et de personnalités indépendantes), le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), la Convergence Démocratique Nationale (CDN) et tous leurs alliés, ont saisi les chancelleries occidentales pour les questionner sur le cas du banquier, qui fait l’objet de poursuites depuis le 1er septembre 2017.
Bouamatou, fondateur de la Générale de Banque de Mauritanie (GBM) est en effet sous le coup d’un mandat d’arrêt international dont les notices ont été invalidées par Interpol voici quelques mois. Mais il est toujours dans le collimateur de la justice mauritanienne.
Dans leur correspondance adressée aux ambassadeurs occidentaux, l’opposition mauritanienne sollicite une pression amicale sur les autorités de Nouakchott pour l’annulation pure et simple des poursuites contre le banquier.
Le courrier précise en outre que «les poursuites contre Mohamed Bouamatou, représentent un obstacle par rapport à un projet de rencontre envisagé par un comité de l’opposition chargé d’auditionner les personnalités susceptibles de porter les couleurs de la mouvance en perspective de l’élection présidentielle de juin 2019».
Ce document signale par ailleurs que les poursuites engagées par la justice mauritanienne contre Mohamed Bouamatou sont «une forme de représailles du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, en réaction à son ralliement à l’opposition», en plus de son souci constant de rejet de toute forme de violation des règles de bonne gouvernance et de respect des droits humains.
Rappelons que ce banquier fait l’objet de poursuites pour corruption présumée, dans le cadre de la crise née d’un projet de révision constitutionnelle comportant la suppression du sénat, qui avait agité la scène politique mauritanienne pendant plusieurs mois entre mars et août 2017.
Mohamed Ould Bouamatou, mécène réputé pour «sa générosité», est cité pour avoir financé à plusieurs reprises le pouvoir de Maaouya ould Sid’Ahmed Taya, Mohamed Ould Abdel Aziz, en passant par Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, de l’avis de nombreux Mauritaniens.
Mieux encore, les largesses de ce banquier touchaient mêmes de nombreux opposants à travers tous les régimes, car il a toujours eu pour stratégie de ne jamais mettre ses œufs dans un seul panier.
Mais au-delà d’une hypothétique audition, l’éventuelle candidature de ce célèbre banquier mauritanien devrait induire deux grosses interrogations: Mohamed Ould Bouamatou a-t-il été enrôlé dans le cadre du recensement à vocation biométrique lancé en 2011? Dispose-t-il toujours de son passeport mauritanien?
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya
Source : Le360 Afrique (Maroc)