La sardinelle est entrain de disparaître des côtes mauritaniennes. Le Scientifique néerlandais Ad CORTEN a « déjà vu » le même Scénario en Hollande concernant la surpêche de sardinelle.
Au groupe de travail IMROP de Nouadhibou du 11 au 14 février, le scientifique néerlandais Ad Corten a présenté une comparaison entre la situation actuelle de la sardinelle en Mauritanie et celle du hareng européen (de la mer du Nord) il y a 45 ans. Le hareng de la mer du Nord était le stock de poisson le plus important d’Europe depuis de nombreux siècles. Elle fournissait des emplois à des milliers de personnes et de la nourriture à des millions de personnes, à l’instar de la sardinelle en Afrique de l’Ouest.
Le stock de hareng a été surexploité dans les années 1970 après l’introduction d’une industrie de la farine de poisson dans les pays scandinaves (principalement en Norvège et au Danemark).
En raison d’une forte augmentation des captures, le stock a été réduit entre 1965 et 1975 à moins de 3% de son niveau initial. Les autorités gouvernementales n’ont pas écouté les avertissements des scientifiques avant qu’il ne soit trop tard. L’une des raisons de la négligence des gouvernements était le très puissant lobby des fariniers, qui avait empêché les gouvernements de prendre des mesures de conservation.
En 1977, le hareng européen avait presque disparu. Ce n’est qu’alors que les gouvernements des pays riverains de la mer du Nord ont compris qu’il fallait agir. Toutes les pêcheries de hareng en mer du Nord ont été fermées pour une période de six ans. Les dégâts sociaux et économiques étaient énormes.
Des milliers de pêcheurs ont perdu leur emploi, les usines de transformation ont été fermées et les marchés ont été perdus à jamais. Les pertes économiques ont été estimées à 500 millions de livres sterling, ce qui correspond aujourd’hui à 8 milliards d’euros.
Après ses travaux sur le hareng européen, Corten est venu en Mauritanie en 1998 pour aider les scientifiques mauritaniens dans leurs travaux sur la sardinelle. Il a travaillé sur cette espèce au cours des 21 dernières années, également en coopération avec des collègues du Sénégal et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.
Les développements de la pêche à la sardinelle en Mauritanie et au Sénégal au cours des dernières années lui rappellent la catastrophe provoquée par le hareng de la mer du Nord dans les années 1970. Ce qu’il voit en ce moment chez sardinella ressemble à une répétition des événements survenus au hareng de la mer du Nord il ya 45 ans. Le stock de sardinelles a fortement diminué après l’introduction de l’industrie de la farine de poisson en Mauritanie.
Plusieurs milliers de pêcheurs ont déjà perdu leur emploi au Sénégal parce que la sardinelle a disparu de leurs eaux. Des millions de personnes ne peuvent plus se permettre d’acheter de la sardinelle, qui était autrefois leur aliment de base. En Mauritanie, les navires essayant de capturer des sardinelles destinées à la consommation humaine rentrent vides de la mer car toutes les sardinelles ont disparu.
Jusqu’à présent, les mesures prises par les gouvernements mauritanien et sénégalais ont été insuffisantes pour arrêter le déclin du stock. Maintenant que la sardinelle est devenue rare, les usines de farine de poisson se tournent vers d’autres espèces, mais elles continuent également à prendre les dernières sardinelles qui longent les côtes mauritaniennes.
Si la Mauritanie veut éviter un scénario similaire comme pour le hareng européen, des mesures immédiates devraient être prises pour arrêter toute pêche de la sardinelle. La sardinelle étant une ressource partagée entre la Mauritanie et le Sénégal, les gouvernements des deux pays devraient rapidement engager des consultations pour s’assurer que des mesures similaires sont prises dans les deux pays.
Source : Nations Info (Mauritanie)