Me Fatimata M’Baye avait participé à notre Forum International sur la liberté de la presse, pour les droits de l’homme et contre l’impunité, organisé par Freddy Mulongo-Réveil FM International et Roger Bongos–Afrique Rédaction au Press Club à Paris, en mars 2014.
En juillet 2017, l’ONU avait nommé Me. Fatimata MBaye expert chargée d’enquêter sur les violences dans la région du Kasaï, en RDC.
En juillet 2017, Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, avait nommé la présidente de l’association mauritanienne des droits de l’homme Me. Fatimata MBaye expert chargée d’enquê ter sur les violences dans la région du Kasaï, en République démocratique du Congo (RDC).
La mission des trois experts onusiens était de « déterminer les faits et les circonstances sur les allégations de violations de droits de l’Homme et du droit humanitaire international dans la région du Kasaï » ! Le rapport fut sans ambages, les Bana Mura ont tué dans le Kasaï.
Fatimata M’Baye, n’a de cesse de dénoncer les injustices de la société mauritanienne. Un caractère rebelle façonné par plus de quarante ans de refus des choses présentées «comme des évidences». Une très très grande dame. Maitre Fatimata Mbaye, première avocate de Mauritanie. La seule femme à plaidoyer dans un tribunal en Mauritanie. La première africaine à recevoir le prix Nuremberg. Le 26 septembre 1999, elle est devenue la première africaine à recevoir le prix de Nuremberg, en Allemagne.
C’est une combattante tranquille. Une belle femme grave, d’aspect serein, capable de laisser exploser un sourire radieux au souvenir d’une lutte gagnée, d’une vie arrachée à l’esclavage ou à la soumission. Fatimata M’Baye, 55 ans, avocate et militante mauritanienne force le respect par sa simplicité et sa force intérieure. Première personne du continent africain à avoir obtenu le prix international des droits de l’homme de Nuremberg, en 1999, elle puise cette dignité dans une histoire personnelle qui aurait pu la briser, et l’a renforcée.
Mariée à 12 ans à un homme de 45 ans, dans une union qui « avait été scellée entre cousins » avant même sa naissance, Fatimata M’Baye ne s’étend pas sur les souffrances qu’elle a pu endurer. « Ma révolte a commencé là. Il y a eu des bagarres, des fugues, des crises », dit-elle sobrement. Elle n’ajoutera rien, mais l’un des combats qu’elle mène aujourd’hui, contre le viol conjugal, parle pour elle.
Elle plaidera pourtant dans un univers uniquement masculin, d’abord comme avocate généraliste, puis en spécialiste de la défense des enfants, puis des droits des femmes. « En Mauritanie une dizaine de filles ou de femmes sont violées chaque jour.
On essaie de les faire taire, au sein même de leur famille », s’indigne-t-elle. Elle s’implique dans la lutte contre l’esclavage et la discrimination raciale contre les Noirs dans son pays, combat qui la conduit en prison, en 1986, où elle sera torturée. Elle en sort encore plus déterminée et participe à la fondation, en 1991, de l’Association mauritanienne des droits de l’homme, dont elle deviendra présidente, et qui est membre de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Un engagement récompensé en 2012 par le prix américain « Héros de la lutte contre le trafic d’êtres humains » remis par la secrétaire d’État Hillary Clinton.
Étudiante en droit à Nouakchott de 1981 à 1985, Fatimata M’Baye est alors la seule fille à s’inscrire au barreau pour devenir avocate. Là encore, sa famille s’inquiète, redoutant que femme, peule, musulmane et noire, dans une société mauritanienne encore dominée par une élite maure, elle ne se heurte à trop d’obstacles.
Fatimata M’Baye a toujours son cabinet à Nouakchott, elle passe toujours pour la seule avocate de Mauritanie. « Je suis la première, mais pas la seule, proteste-t-elle. Il y a une dizaine d’avocates mauritaniennes, mais elles n’ont pas pu exercer à cause de la pression sociale. Elles ont rejoint des cabinets de conseil juridique. Je suis la seule qui plaide », précise-t-elle avec simplicité.
Présidente de l’association des droits de l’homme en Mauritanie. Elle porte à bout de bras les violences faites aux femmes. Elle dénonce les viols sur les femmes, et le laxisme des lois mauritaniennes. Bref elle a toute sa vie durant lutter contre le système despotique et esclavagiste mauritanien. Fatimata Mbaye est une femme puissante.
En 1986, un groupe d’intellectuels noirs publie le «Manifeste du Négro-Mauritanien opprimé». Le pamphlet tombe sur la table des chefs d’État africains réunis à la Conférence des non-alignés au Zimbabwe. Le président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya n’apprécie pas. À son retour à Nouakchott, il ordonne l’arrestation des auteurs du brûlot.
À côtés, enseignants et étudiants qui ont distribué des tracts, sont emprisonnés. Maître M’baye est dans le lot. Elle découvre ainsi l’univers carcéral mauritanien, à la prison de Beyla. «Ça a été ma première expérience carcérale; j’étais encore étudiante» rumine-t-elle, pensive. Elle y retourne à deux reprises: en 91, dans le sillage des arrestations des militaires noirs, puis en 98, pour des raisons de lutte contre l’esclavagisme cette fois-ci, avec Boubacar Ould Messaoud entre autres.
Depuis ces séjours répétés en prison, et depuis qu’elle a été témoin, et victime des abus de ce milieu, Fatimata M’Baye «ne passe pas une journée, quand elle est à Nouakchott, sans visiter la prison des femmes et celle des mineurs, pour éviter que d’autres n’aient à subir, ce qu’elle a subi en prison» affirme Abdoulaye Bâ, membre d’AMDH.
Mais le moment charnière de sa vie reste les événements de 1989. Cette année-là, un banal incident qui oppose des paysans à la frontière des deux pays mène la Mauritanie et le Sénégal au bord de l’affrontement. Prises de panique, les autorités rapatrient leurs ressortissants de part et d’autre après des journées d’horreur.
Si elle a choisi de faire le droit, ne cesse de répéter Me Fatimata Mbaye, c’est pour être au service des «sans-droits» et des «sans-voix». Elle se met à la disposition des rescapés et prend en charge le «Comité des veuves», constitué des femmes de militaires et de civils tués entre 1989 et 1994. Ses prestations sont bénévoles.
En 1986, un groupe d’intellectuels noirs publie le «Manifeste du Négro-Mauritanien opprimé». Le pamphlet tombe sur la table des chefs d’État africains réunis à la Conférence des non-alignés au Zimbabwe. Le président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya n’apprécie pas. À son retour à Nouakchott, il ordonne l’arrestation des auteurs du brûlot.
À côtés, enseignants et étudiants qui ont distribué des tracts, sont emprisonnés. Maître M’baye est dans le lot. Elle découvre ainsi l’univers carcéral mauritanien, à la prison de Beyla. «Ça a été ma première expérience carcérale; j’étais encore étudiante» rumine-t-elle, pensive. Elle y retourne à deux reprises: en 91, dans le sillage des arrestations des militaires noirs, puis en 98, pour des raisons de lutte contre l’esclavagisme cette fois-ci, avec Boubacar Ould Messaoud entre autres.
Depuis ces séjours répétés en prison, et depuis qu’elle a été témoin, et victime des abus de ce milieu, Fatimata M’Baye «ne passe pas une journée, quand elle est à Nouakchott, sans visiter la prison des femmes et celle des mineurs, pour éviter que d’autres n’aient à subir, ce qu’elle a subi en prison» affirme Abdoulaye Bâ, membre d’AMDH.
Mais le moment charnière de sa vie reste les événements de 1989. Cette année-là, un banal incident qui oppose des paysans à la frontière des deux pays mène la Mauritanie et le Sénégal au bord de l’affrontement.
Prises de panique, les autorités rapatrient leurs ressortissants de part et d’autre après des journées d’horreur. Si elle a choisi de faire le droit, ne cesse de répéter Me Fatimata Mbaye, c’est pour être au service des «sans-droits» et des «sans-voix». Elle se met à la disposition des rescapés et prend en charge le «Comité des veuves», constitué des femmes de militaires et de civils tués entre 1989 et 1994. Ses prestations sont bénévoles.
À 56 ans, cette femme aux yeux qui s’écarquillent brusquement par moments dans son discours, comme pour mieux faire passer une idée, ne mâche pas ses mots. Unique femme du barreau mauritanien, Fatimata Mbaye dit être née pour s’opposer à toute forme de discrimination. «Je ne me vois pas comme une Noire» confie-t-elle de sa voix assurée. J’aurais pu naître blanche, jaune, mongole ou kurde. Et je me serais reconnue dans chacun de ces êtres. Pour moi, poursuit-elle, la valeur humaine est au-dessus de tout».
Une vision de la vie empathique, héritée d’une éducation rigoureuse, et en même temps qui poussait les enfants de la famille à une indépendance intellectuelle. «Des aspects moins heureux ont marqué son enfance aussi.
Comme un mariage forcé à l’adolescence, à treize ans, ou la découverte de pratiques rétrogrades comme l’excision. Tout cela a façonné la femme engagée qu’elle est devenue plus tard» raconte un proche de l’avocate. «Ayant connu le mariage forcé, côtoyé des filles qui mouraient à la suite d’une excision, mon chemin ne pouvait être que celui-là», opine-t-elle.
«Je ne pouvais plus voir mes amies, et mon mari m’a sommée d’arrêter mes études. Il me voulait au foyer, un point c’est tout!» confie-t-elle dans une colère contenue. Lassé par ses interminables fugues, le mari cède. Elle obtient le divorce et entame des études en droit.
«On n’a pas le droit de se taire face aux injustices. Tout citoyen a le devoir de dénoncer les manquements de sa société. Dans mon cas, je me considérerais comme n’assistant pas une personne en danger, si je devais rester inactive et me taire face à une injustice.
William Burke disait que le mal ne triomphe que par l’inaction des gens de bien; j’approuve totalement cette idée» explique Fatimata M’Baye, qui déplore l’apathie d’une forme de conscience citoyenne en Mauritanie.
Et cette conscience serait plus que jamais nécessaire aujourd’hui dans une Mauritanie pseudo-démocratique. «La Mauritanie a signé, et s’est doté de documents et de mécanismes pour instaurer un état de droit. Mais tout cela reste foncièrement de la théorie sans application, qu’on fait miroiter à la communauté internationale pour faire passer le pays pour un état de droit.
L’avenir de la stabilité du pays tiendra beaucoup à l’indépendance de la justice; ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui» évoque la vice-présidente du forum international des droits de l’homme (FIDH) qui pointe du doigt un arbitraire dans la justice à peine voilé, plus «évident que jamais».
«L’arbitraire qui règne dans la justice mauritanienne ces derniers mois confirme qu’en réalité, une volonté lobbyiste pour pérenniser ce système d’injustices et de domination dans la société mauritanienne. En sanctionnant le magistrat Mohamed Lemine Ould Moktar dans l’affaire dite de la drogue, on envoie un message sans ambiguïté: «on ne veut pas d’un état de droit», quand parallèlement on fait croire aux occidentaux et aux bailleurs, que la Mauritanie serait un pays respectueux des droits humains» conclut l’avocate.
Source : Mediapart (France)